Élu, à la fin de l’année 2020, au fauteuil de Max Gallo, François Sureau a effectué récemment son entrée sous la Coupole. Disons-le d’emblée : il est des sièges bien plus douteusement occupés que celui sur lequel il s’est assis ce 3 mars. Brillant écrivain, homme de culture, juriste admirable à la carrière riche et respectable… Nous savons tous ce que François Sureau a fait ; mais qui saurait dire qui il est ?
L’heure de discours fut suivie d’applaudissements nourris, puis d’une réaction médiatiquement élogieuse ; nombreux constatant avec délectation qu’il avait « osé taper fort », sans retenue dans sa critique, sans fard dans son propos… Or, ce n’est pas vraiment ce que nous avons entendu et ce que nous en avons retenu.
Soyons franc : pas de « discours choc » qui puisse faire le résistant ; ce n’est pas aujourd’hui que nous nous émouvrons de l’avènement d’un nouveau « dissident politique » d’envergure qui « oserait » un propos inaudible dans notre époque. Tout dans le discours de François Sureau est acceptable des gouvernants, quels qu’ils soient : il est en plein centre de la fenêtre d’Overton. En bref : la « dissidence de salon » n’en est pas une, elle est même utile à consolider l’ordre contre lequel elle se conçoit.
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Le discours de réception est un exercice de style, on le sait. Dire quelque chose de soi en parlant d’un autre, sans le trahir et sans se trahir est une gageure ! Le texte est beau, il sonne clair, même si le ton se fait plus hésitant et plus tendu qu’à l’accoutumé : derrière l’impétrant reparaît le candidat, derrière l’avocat accompli ressurgit, peut-être, l’étudiant. Le quai Conti n’est pas la rue Montpensier, l’éloge n’est pas la plaidoirie. Nous n’en attendions pas moins mais nous en attendions plus. [...]
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