Voilà que nous apprenons que Roald Dahl, qui n’avait pas que des mérites (il était anglais et antisémite), a été corrigé – réécrit, plutôt ; inclusivé, en un mot. Augustus Gloop, le jeune garçon glouton de Charlie et la chocolaterie, n’est plus gros, fat. Il est énorme, enormous. Augustus Gloop était auparavant un enfant anglais sans retenue et grassouillet. Il est désormais un enfant à l’embonpoint extraordinaire, excédant toutes les normes habituelles (je m’inspire du dictionnaire Webster). Pourquoi « énorme » est-il moralement préférable à « gros » ? Parce que l’énormité extraordinaire prouve, d’une certaine manière, que la taille d’Augustus est bien plus l’expression d’une nature essentiellement viciée que d’une tendance physique à prendre du poids quand on s’empiffre d’une nourriture trop riche, anglaise de surcroît. Si Augustus est énorme, monstrueusement gros, alors les petits gros normaux, même anglais, sont exonérés de tout re- proche. À franchement parler, je trouve qu’on n’est pas allé assez loin dans la réécriture de Dahl. Il est évident que les obèses peuvent désormais à bon droit se sentir visés par la nouvelle version de Charlie et la chocolaterie et ses réjouissantes autant que révoltantes cruautés.
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