« Tout est pardonné », titrait le numéro1178 de Charlie Hebdo publié le 14 janvier 2015, au-dessus d’un Mahomet redessiné envers et contre tous, et tenant une pancarte « Je suis Charlie ». Cette Une a bien pu être interprétée de diverses manières, qu’il s’agissait de pardonner à Mahomet, que Mahomet pardonnait aux dessinateurs, ou encore qu’on voulait se faire pardonner auprès de Mahomet les excès commis en son nom, qu’importent les finasseries?: c’était du catéchisme. Nulle part sur terre hors de la sphère chrétienne, on parle de pardon le lendemain d’un massacre dont on vient de réchapper. En général, d’ailleurs, à l’extrême gauche, on scande plutôt?: « Ni oubli ni pardon », comme les camarades de Clément Méric après sa mort en 2013 et, finalement, comme tous les peuples païens en deuil depuis l’origine, cultivant le cercle vicieux de la violence mimétique qu’avait si bien analysé René Girard, cercle vicieux rompu par le Christ. C’est donc en bons disciples du Nazaréen que les rescapés de Charlie continuaient de témoigner au mépris du risque de mort, tout en pardonnant à leurs bourreaux. S’ils avaient fait profession de mécréance, pris sous les rafales, les dessinateurs se voyaient soudain rattrapés par leur inconscient chrétien. [...]
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