Chantal Mouffe pose au premier abord un constat plutôt juste : nous sommes dans l’ère de la « post-démocratie », et maintenus dans l’illusion qu’il n’existerait pas d’alternative à la mondialisation néo-libérale. Une fois ces choses (très simples) dites, elle trace d’emblée les lignes d’un projet politique qui voudrait précisément refonder cette démocratie usurpée... en reconstituant un peuple « à partir d’une chaine d’équivalences issue de luttes démocratiques variées autour des questions touchant à l’exploitation, à la domination et à la discrimination ». On la sent venir d’ici, cette désormais incontournable intersectionnalité des luttes : « L’objectif est de parvenir à l’articulation d’une volonté collective transversale, d’un peuple capable d’arriver au pouvoir et de créer une nouvelle formation hégémonique qui saura impulser un processus de radicalisation de la démocratie. » Au bout de dix pages, ça ronronne déjà douloureusement. La démocratie radicalisée qu’appelle Chantal Mouffe de ses vœux, c’est donc une « révolution verte » qui n’aurait d’écologique que le nom, puisqu’elle s’installe dès lors comme une simple réévaluation du logiciel socialiste, forcément éreinté, et auquel Mouffe voudrait donner une nouvelle vie, fût-elle aussi artificielle que les méthodes de maintien de ce techno-capital qu’elle dénonce mollement. [...]
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