Bach n’a pas inventé la Passion. Plusieurs airs de la « Saint-Jean » (1724) viennent d’un livret de Berthold Heinrich Brockes, publié une dizaine d’années auparavant, que plusieurs compositeurs avaient déjà mis en musique. La version de Haendel (1719) est sans doute la plus accomplie. Débiteur de son savoir-faire opératique, le futur compositeur du Messie exalte le texte de son ami poète, librement inspiré des récits évangéliques et de poèmes religieux allemands et italiens.
L’inventivité sans limites du compositeur le dispute à la sincérité du sentiment religieux
Les passages narratifs alternent avec des interventions du chœur et des airs solistes tour à tour contemplatifs ou dramatiques. L’inventivité sans limites du compositeur le dispute à la sincérité du sentiment religieux. L’œuvre est traversée d’un frisson constant de compassion. Le relief des émotions s’apparente moins à la musique sacrée qu’à l’opéra. Longtemps oubliée, la partition fait maintenant l’objet d’une nécessaire redécouverte, dont l’ensemble Arcangelo vient de poser une pierre définitive avec ce double album fulgurant[...]
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