Un ami séjournait à la maison. Nous marchions le long de la rivière et je lui faisais remarquer quelques trognes remarquables. Les trognes sont des têtards, ces arbres étêtés régulièrement ; on les appelle aussi émousses, escoups, ragosses ou chapoules, ce qui prouve bien qu’on les taille ainsi depuis le néolithique. Nous regardions leurs écorces épaisses et je lui dis : « Les arbres sont de droite ». « Non », me répondit-il avec calme. Je vacillai. « Ils votent à gauche ». Je protestai. Il se défendit et finit par me renvoyer sur le site de Libération où un entretien avec Peter Wohlleben, forestier allemand, était supposé me confondre. Le forestier était gauchiste et prétendait, en effet, que tous les arbres voteraient à gauche s’ils le pouvaient (le voudraient-ils ? Un gauchiste ne se pose pas la question de ce que veulent les gens).
Le forestier parlait. « Une étude de l’université de Vancouver a même montré qu’une “mère-arbre” peut détecter ses jeunes plants avec ses racines. On a mesuré qu’elle soutient davantage ces derniers ». Sens de la famille, ça part bien, me dis-je. Je sentais que je n’allais pas devoir ne mobiliser que l’enracinement comme concept dextrisant. « Les arbres décident bel et bien avec qui ils se connectent ». On s’éloignait d’un modèle universaliste. « Les vieux [arbres] seraient même capables de partager cette information avec les plus jeunes, de les “éduquer [...] ” ».
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