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Les moissons du fiel

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Publié le

13 mars 2019

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Si les agriculteurs respectaient les règles sanitaires, chacun verrait, rien qu’en allant à la campagne, à quel point nos champs sont devenus des champs de bataille. Et l’on s’enfuirait en courant. Quand j’étais médecin libéral, je ne savais pas. Je suis passé à côté de pathologies sévères, car je ne disposais pas des éléments d’appréciation ». Comme bien des médecins de la Mutualité sociale agricole, Hervé (le prénom a été changé) a fait une longue carrière de médecin de campagne avant de rejoindre, comme médecin-conseil, la MSA, la sécurité sociale du monde paysan : 5,4 millions d’affiliés, plus de 27 milliards de prestations délivrées chaque année. « Dans le monde agricole, nous précise t-il d’emblée comme si nous en doutions, ce ne sont pas des fainéants ». Pas du genre à aller voir le toubib pour une irritation cutanée, un gros rhume, une fatigue soudaine, qui, pourtant, peuvent cacher quelque chose de plus grave. « Une fois, une assistante sociale m’appelle: elle veut aller voir un gars qui lui semble ne pas aller bien. Elle y est allée le lendemain matin. Le temps qu’elle arrive, il était mort. Il avait un cancer en stade terminal. Il aurait dû être déclaré invalide de catégorie 3 [la plus élevée, Ndlr] depuis longtemps: il ne l’avait jamais demandé, il a travaillé jusqu’au bout ». Quand Hervé dit qu’il ne savait pas, il faut comprendre qu’il ne connaissait rien, alors qu’il auscultait quotidienne ment des agriculteurs, des ravages que pouvaient causer les produits phytosanitaires. « J’avais envoyé à l’hôpital un patient qui était venu me voir pour des maux de tête, accompagnés de fourmillements dans tous les membres et de difficultés pour marcher. Il en était sorti quatre jours plus tard, en pleine forme, sans que l’hôpital n’ait rien diagnostiqué non plus ». Ce n’est que bien des années plus tard, en compulsant la documentation de la MSA, qui détaille sur des centaines de pages la toxicité et les symptômes que peuvent déclencher chacun des produits utilisés, qu’il a réalisé : le solide gaillard avait fait une intoxication aux « phytos ».
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