Dans son essai au style incisif et polémique, Ghislain Benhessa déplace habilement la focale au fil de sa démonstration, jonglant entre théorie juridique et applications institutionnelles, pour finalement brosser un tableau exhaustif d’un concept aussi nébuleux qu’usité : l’État de droit. L’auteur débute son propos par une généalogie de la notion, depuis ses racines philosophiques anglo- saxonnes jusqu’à la théorisation du Rechtsstaat, au début du siècle dernier, par une cohorte de juristes d’outre-Rhin. Il s’agit alors d’établir une pyramide normative, un « modèle géométrique ». Projet positiviste, l’État de droit tend vers une perfection formelle : il est axiologiquement « neutre, sans idéologie ni valeurs en bandoulière, si ce n’est celle de conditionner l’adoption des règles au respect des procédures et des contrôles juridictionnels. Il est une pure forme qui se dresse par-delà le bien et le mal ». Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’État de droit passe de la phase formelle au stade matériel, notamment sous l’impulsion d’un Habermas soucieux de démanteler les États-nations européens afin d’exorciser les démons de son Allemagne. [...]
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