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Floue et nette “en même temps”, la tribune publiée par le président de la République dans vingt-huit pays européens le 5 mars dernier nous renseigne sur ses intentions.
Emmanuel Macron évoque une “Renaissance européenne” fondée sur la liberté, la protection et le progrès – quelqu’un est contre ?
Quatre défauts congénitaux entachent cette intention, voire la contredisent. Le premier réside dans cette volonté de confier systématiquement à des “machins” européens (comme par exemple une agence européenne de l’asile) des responsabilités qui doivent demeurer celle des États. On peut y voir la défiance habituelle du chef de l’État à l’égard du dialogue nécessaire entre les responsables, et la confiance illimitée – d’ailleurs parfaitement injustifiée – dans les organismes fédéraux. Il est vrai que cette attitude réplique la manière dont Emmanuel Macron anime le dialogue social en France…
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Le deuxième défaut est cette constante obsession qui fait sans cesse aller Emmanuel Macron des fantômes du nationalisme à la chimère d’une Europe dont les institutions feraient le bonheur des peuples contre leur gré. Ainsi, la liberté n’est-elle évoquée que dans la perspective de protéger les démocraties contre les attaques des pays “étrangers” – entendez par-là, évidemment, la Russie, mais faut-il comprendre que les pays membres de l’Union européenne ne sont pas des pays étrangers ?… – en rabotant un peu davantage la liberté d’expression, pour faire taire les critiques. Croit-on vraiment que retirer le bulletin météo de la grille des programmes peut changer le temps qu’il fait ?
Le troisième défaut consiste dans l’apparition du “en même temps” au plan européen. Macron évoque l’instauration d’un SMIC européen « adapté à chaque pays » !? On voudrait comprendre le sens d’une telle formule… Et on déclare vouloir défendre notre civilisation tout en ayant signé il y a quelques semaines le Pacte de Marrakech…
Il n’y aura pas de développement de l’Afrique sans que les États et les entreprises européennes aident à produire localement de la richesse, ce qui passe par la transformation locale des matières premières.
Le quatrième défaut est la manie de l’enfoncement des portes ouvertes. Le chef de l’État veut aider au développement de l’Afrique au moyen de projets… déjà largement développés par la France et l’Union européenne. Il n’envisage pas d’en changer l’orientation ni le contenu. Or il n’y aura pas de développement de l’Afrique sans que les États et les entreprises européennes aident à produire localement de la richesse, ce qui passe par la transformation locale des matières premières. Mais, l’Union européenne étant départie de toute forme de stratégie industrielle, on voit mal, dans l’état actuel des choses, comment elle pourrait aider quiconque à en adopter une !
À la fin du compte, la seule perspective donnée par le chef de l’État consiste à vouloir sauver l’Europe en la changeant sans la changer : un doucereux mélange de lubie de la mobilité et de conservatisme mal placé, dont le but commun est de maintenir intact le système.
Le constat initial n’est pas bon. Le danger qui menace l’Europe n’est pas le nationalisme. C’est l’ensemble des crises que l’Union est incapable de traiter, et qui font vaciller notre continent (migrations, déséquilibre économique, multiculturalisme) ou qui la rendent incapable de réagir (absence de vision stratégique, manque d’esprit de défense, soumission des instances européennes aux intérêts privés). Ces crises sont infiniment plus dangereuses pour l’Europe que les décisions des peuples qui ne font plus confiance à Bruxelles – non parce qu’ils sont des nationalistes fous, mais parce qu’ils étouffent.
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Ces crises dessinent pourtant quelques urgences. La première consiste à se redemander à quoi sert l’Europe dans le monde d’aujourd’hui, spécialement comment, grâce à la richesse incomparable de sa civilisation, une Europe de nations unies par des projets concrets peut continuer à jouer un rôle dans le monde. La deuxième consiste à réinterroger concrètement la répartition des compétences entre l’Union européenne et ses Etats membres, au nom de cette évidence selon laquelle c’est la communauté la plus proche – la nation – qui protège le mieux. La troisième consiste à prendre acte de la menace immédiate que représente la volonté de conquête de l’islam, exprimée par les États musulmans, et de la contrer.La quatrième consiste à demander à l’Union européenne de penser un modèle économique au sein duquel tous les acteurs, depuis les agents financiers jusqu’aux plus modestes salariés, pourraient justement tirer bénéfice de leur travail et en vivre dignement – et laisser ensuite le soin à chaque pays de faire vivre ce système. Rien de tout cela n’est seulement possible dans la vision d’Emmanuel Macron.
Alors que la Commission est à bout de souffle, la seule référence à la « souveraineté européenne » fait fuir. Et avec raison. Le chef de l’État français est fermement attaché à la vision fédéraliste de l’Europe. Or ce projet nuit aux intérêts des peuples. Mais il reste un trou béant. Entre tous les mots qu’on aurait aimé lire dans ce texte du chef de l’État, il en est un dont l’absence est cruelle : le mot « France » ! Cette omission est à elle seule tout un programme.
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