Avant même d’être une quête de jouissance et de consommation, le grand mouvement de 68 est né d’un désert spirituel et de l’appel d’une jeunesse à une grandeur que ses pères ne lui avaient pas transmise.
De quoi Mai 68 est-il le signe ? Est-ce comme l’affirme Maurice Clavel « une Pentecôte de l’Église invisible »? « J’ai vu, dit-il, l’Esprit dans la rue, au vent et sur les visages. » Depuis 1966, le chroniqueur au Nouvel Observateur n’avait de cesse de repérer les signes annonciateurs d’une telle révolte. Ainsi quelques mois plus tôt: « Je crois que la révolte est fille de l’Esprit et si elle devait se produire sous forme convulsive et confuse, tout vaut mieux que cette euphorie, ce néant et ce ronron au rabais. » Et surtout s’adressant au général de Gaulle qui l’appréciait: « Mon général, ou bien, comme vous y conspirez per Pompidolem, nous allons tous devenir des veaux à gros et petit engrais, et il vaut mieux, pour la mémoire de vous, que ce soit un Giscard ou un Lecanuet qui nous paisse. Ou bien cela ne sera pas supporté par ce qui nous reste d’âme. […] L’esprit s’insurge. Le mobilier Louis-Philippe et les situations fausses en sont à 1847 à peu près. »
Le 25 mars 1968, le journaliste politique Pierre Viansson-Ponté publie dans Le Monde un article devenu rétroactivement fameux, intitulé Quand la France s’ennuie… Il peut être pris comme point de départ d’un diagnostic spirituel de la société française, enfin en paix, face à sa modernisation. Qu’est-ce que la paix si elle se paye d’un sentiment de vanité voire de vacuité ? Cette question est d’autant plus cruciale lorsqu’on est jeune. Et en 68, il y a (…)
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