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La position du pape François sur les migrants est-elle charitable ?

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Publié le

12 octobre 2017

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Pape-Francois-L'Incorrect

 

[qodef_dropcaps type=”normal” color=”RED” background_color=””]L[/qodef_dropcaps]es récentes positions prises par le pape François au sujet des migrants ne cessent de diviser. L’Incorrect vous propose un référendum : La position du pape François sur les migrants est-elle charitable ?

 

 

Le OUI de Lucien Chardon : les récentes positions prises par le pape François au sujet des migrants reflètent l’enseignement de l’Église

 

Le pape a signé son traditionnel message pour la Journée des migrants et réfugiés, en la fête de l’Assomption, avec cinq mois d’avance sur l’événement. Il y affiche la position du Saint-Siège dans les négociations menées cet automne aux Nations-Unies en vue d’un accord sur ce drame. Les propositions qu’il égrène sont la traduction politique directe de l’enseignement constant de l’Église, depuis Moïse, Jésus-Christ et saint Paul, jusqu’à tous les papes récents.

 

Le Pape François a fait un beau barouf !

 

Quel vacarme dans le petit monde conservateur à la publication de ce texte ! Comme si le pape ignorait la question musulmane… De tribunes vibrantes sur la dévastation de l’Europe en déplorations fantastiques du suicide de l’Occident, de commentaires rageurs en éditoriaux théologico-politiques, on a pu mesurer à quelle profondeur la France s’est coupée de sa racine chrétienne – revendiquée pourtant par les contempteurs du Saint-Père. L’on entend jusqu’à des catholiques affichés – d’aucuns volontiers tridentins – faire profession de libre examen et placarder partout leurs remontrances doctrinales contre une Rome qu’ils voudraient réformer !

Disons la chose tout net. La sollicitude envers tout être humain contraint à quitter sa patrie relève directement de la charité, qui est la première vertu chrétienne. Pour un disciple du Christ, aucune objection à cela n’est recevable ; tout est subordonné à la charité, notamment la politique. Et puisqu’il faut répéter des évidences oubliées, le pape a la sagesse de ne pas rabaisser la foi à un enjeu politico-cultuel, ce qui serait apostasier le Christ. L’Église n’est pas sur le même plan que l’Oumma.

 

Pourtant, le Pape François est cohérent

 

Allons plus loin. La cohérence du souverain pontife n’est pas assez remarquée. S’il plaide la cause des migrants et réfugiés, il dénonce aussi les causes de cette tragédie contemporaine : le commerce des armes, qui nourrit la guerre ; les mafias, qui prospèrent sur la traite des humains ; la finance internationale, qui asphyxie les pays pauvres, etc. L’ensemble se tient, l’ensemble requiert notre acceptation en tant que peuple.

Et si les préconisations du pape semblent irréalistes, elles ne le sont pas moins que la doctrine matrimoniale de l’Église ; et comme pour elle, il s’agit d’une invitation à la sainteté, un idéal qu’il ne sera certes pas possible d’accomplir en ce monde, mais qui n’en est pas aboli pour autant. La haute visée de la charité demeure le seul guide valide.

 

Sauver l’Europe ? Elle est déjà morte

 

Enfin, regardons l’Europe que nous voudrions sauver. Regardons-la en face, cette Europe, foyer permanent de la pandémie révolutionnaire, cette Europe qui s’est déjà suicidée dans les tueries de deux Guerres mondiales.

Si la foi était vivante en Europe, nous aurions la force morale d’accueillir ces foules sans nous perdre, pour les éclairer et les émanciper. L’Islam, tant craint, n’est fort que de nos renoncements collectifs. Mais si l’Europe n’est plus habitée par la foi, vaut-elle d’être conservée en ajoutant à sa ruine morale une nouvelle trahison : l’abandon de millions de malheureux au sort qu’elle leur a jeté en semant le chaos chez eux, et la mort de milliers d’entre eux à ses frontières ?

Comme le bon pape François nous y appelle, choisissons la voie de l’amour et assumons-en les défis avec honneur. Peut-être ainsi l’Europe renaîtra-t-elle !

 

 

Le NON de Richard de Seze : le pape François n’aime pas les nations.

 

Depuis Laudato Si et ses éloges des organismes transnationaux, on sait que François n’aime pas les nations. Elles seraient un frein à l’avènement d’une humanité fraternelle et encourageraient à l’égoïsme.

Le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican, rappelait en août que le pape François « demande aux leaders mondiaux […] de ne pas s’enfermer dans des intérêts nationaux ou partiels ». On ne se lancera pas, ici dans une bataille de citations : l’immigration, entre autres sujets, a montré que François avance en mode sinueux, affirmant ici, tempérant là, revenant à la charge une troisième fois, avant d’à nouveau infléchir la course ; il tire des bords mais cingle vers un seul cap. Ses déclarations du 22 septembre 2017, à Rome, aux directeurs nationaux de la pastorale pour les migrants le prouvent : il constate que la gêne face à l’arrivée massive de migrants a « été aggravée par le niveau et la composition des flux migratoires, une substantielle impréparation des sociétés d’accueil et des politiques nationales et communautaires souvent inadéquates » (« La Croix »).

 

Enfin un Pape politique et osant l’impérialisme de la Charité !

 

La migration, en la matière, n’est pas seulement une preuve de la rhétorique sinueuse du pape, elle est aussi une clé pour comprendre son projet politique : l’universalité temporelle. François pense que les nations ont fait leur temps et qu’elles constituent désormais un frein à la catholicité, comprise comme l’application universelle de l’humanisme intégral de l’Église, dans toutes les sociétés – évidemment appelées à n’en plus former qu’une seule. Disons-le tout net, c’est un projet formidable. D’une part parce que ce pape entend donner à l’Église un rôle politique que la plupart des nations lui refusent et que tous les catholiques devraient réclamer (il serait temps que ses admirateurs en conviennent plutôt que de nier la dimension politique de ses discours), d’autre part parce que le pape entend démontrer que l’Église est justement une de ces puissances transnationales supposées résoudre les multiples crises qui nous menacent. Le pape proclame l’impérialisme de la charité catholique : belle croisade ! Voilà la religion arrachée à la sphère privée où le laïcisme veut l’enfermer.

 

C’est grandiose, fou et opportuniste !

 

Ces nations que le monde occidental s’essaye à détruire, François fait le pari, d’accord avec Juncker, qu’elles vont effectivement mourir (et Dieu sait si l’Église bimillénaire peut prétendre, elle, à bon escient, que les nations sont mortelles), que les vieilles structures politiques se dissolvent (et les migrants, « nouvelle frontière missionnaire », sont le ferment recomposant). François abandonne avec justesse le vieil occidentalo-centrisme du Vatican, qui l’a souvent engagé dans une piteuse géopolitique, et il se jette hardiment – et l’Église avec lui – dans le futur. On peut comprendre que certains le voient prophète et évoquent saint Augustin contemplant, au-delà de la ruine de l’Empire romain et des exactions barbares, la société nouvelle à venir. Mais d’autres ont fait le même pari et ont déjà cent longueurs d’avance dans l’installation d’un universalisme au minimum agnostique et plutôt antireligieux, et même antichrétien. Plus que prophétique ou en avance sur son temps, je sens le pape ou platement suiveur (mais au moins lucide) ou parieur fou. Tenant d’une ligne « enfouisseuse » modèle XXL, qui entend conjuguer promotion du transnationalisme politique et promotion du rôle social de la religion, rebaptisée humanisme, les catholiques – véritablement universalistes par définition et vocation, et effectivement experts en humanisme appliqué – étant censés tirer leur épingle du jeu dans la recomposition. Et l’Église avec eux, transformée en réseau synodal. C’est grandiose et fou et opportuniste. C’est magnifique de solder l’héritage en faisant le pari de la continuité pétrinienne et de l’instauration d’un ordre nouveau dans le Christ, c’est fou de croire que le monde va y coopérer via ses structures mondialistes, c’est insensé de lui donner des gages en reprogrammant le message du Christ, c’est incroyable de faire si bon marché de l’immense souffrance à venir.

 

Obéissons, il en restera toujours quelque chose… c’est l’idée ?

 

Certains justifient leur ralliement à cette vision politique par l’obéissance spirituelle et ne veulent, dans les propos du pape, ne retenir que ses aspects apocalyptiques : sentant que tout s’écroule, ils se jettent dans l’arche sans vouloir assumer un pape qui propose une politique de l’anéantissement du Vieux monde. Ils refusent par avance les conséquences de leur adhésion à la politique de la table rase : ils ne veulent considérer que l’hypothétique avènement de la Concorde universelle, justification immédiate des troubles présents. D’autres s’acharneront à bâtir des arches nationalo-catholiques, immédiatement nécessaires pour prévenir le pire où nous entrainent les très humanistes empires de Juncker, Bill Gates et Zuckerberg, et leurs serviteurs transnationalistes. C’est moins prophétique. C’est immédiatement charitable.

 

 

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