Qui du cinéma ou du vampire est venu le premier ? Difficile à dire tant ces deux syndromes de la fin du XIXe siècle paraissent irrémédiablement mêlés, comme si l’un était la condition de l’autre. Le vampire, ce vieux mythe paysan brusquement devenu à la mode au mitan du XIXe siècle – notamment grâce aux chemins de fer et au désenclavement progressif de certaines régions montagnardes comme la Bohème – assume tous les non-dits d’un monde nouveau qui se veut rationaliste, positiviste, égalitariste, mais qui n’a de cesse, en souterrain, de ranimer le cadavre de l’occulte, de provoquer conspirations et rumeurs ordaliques. Car le vampire, c’est d’abord le symbole d’une élite aristocrate qui se meurt et qui a besoin de sang neuf pour continuer à vivre dans le nouveau monde, un nouveau monde où le lignage de sang paraît désuet et l’où peut désormais gravir les échelons par la seule force du capital et du foncier. [...]
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