Grèce et les Balkans (Gallimard). Il nous répond depuis sa résidence de Nisyros dans le Dodécanèse et dresse le bilan de la politique étrangère d’Alexis Tsipras, à moins d’un an des législatives de 2019.
La Grèce fait géographiquement partie des Balkans et pourtant, elle semble à part… Est-ce un cliché occidental ?
Si géographiquement la Grèce constitue bien l’extrémité méridionale de la péninsule balkanique, culturellement et géopolitiquement, il en va autrement. D’abord parce que l’hellénisme, fondé sur une continuité de la langue de 1 500 ans, hérité de l’Antiquité et des mille ans d’Empire byzantin, a façonné une orthodoxie qui déborde largement les Balkans. Aussi, depuis l’indépendance de la Grèce en 1830, une partie des Grecs refusent-ils de se voir enfermés dans un petit État balkanique qui perdrait la dimension universelle de l’hellénisme.
Situés à un carrefour entre les Balkans à majorité slave, l’Europe occidentale à laquelle la Grèce a fourni ses « fondamentaux » (sans effacer la coupure entre Empires romains d’Occident et d’Orient, ravivée par le schisme entre Rome et Constantinople) et un Proche-Orient à majorité musulmane, les Grecs n’ont cessé d’inscrire leur destin dans une Méditerranée ouvrant sur le reste du monde, tout en se voyant à la fois comme un pont entre ces univers et un rempart pour l’Europe, dont les Occidentaux se montrent incapables de comprendre l’importance et les problèmes.
Est-ce pour cela que l’Union Européenne n’a pas compris pourquoi la Grèce avait porté au pouvoir un populiste de gauche qui souhaitait se rapprocher de Moscou ?
Avec pour thème central le retour à la « dignité », Syriza a constitué une alternative « patriotique » plus que populiste. Mais en acceptant (malgré les 61,3 % du « Non » au référendum de l’été 2015) les mêmes diktats européens que les partis qu’il avait battus, Syriza s’est trouvé frappé du même discrédit.
Le gouvernement Tsipras y a en outre perdu (…)
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