En quoi la conception libérale de la liberté a-t-elle renversé la liberté classique ?
La liberté classique était pensée comme condition de l’autonomie, obtenue par la culture des vertus et de la discipline classiques puis chrétiennes. Il ne s’agissait pas de « faire ce que l’on voulait », mais plutôt de cultiver le type de caractère qui permet aux individus de faire ce qui est juste et bon. Cela exigeait un ordre politique, social, économique et religieux qui aidait les humains à s’autodiscipliner (notamment à domestiquer leurs instincts) pour devenir autonomes. C’est pourquoi la tradition classique et chrétienne, Platon comme saint Paul, considérait que l’incapacité ou le refus de discipliner ces éléments inférieurs de notre nature faisait de la personne quelqu’un d’« asservi ». La définition moderne de la liberté, issue de la théorie puis de la pratique libérales, renverse ces définitions. La liberté est définie par Hobbes et Locke (via la fiction de l’« état de nature ») comme la possibilité de faire ce que l’on veut, de disposer de soi-même et de ses biens comme on l’entend. La liberté se définit comme l’absence de contraintes externes et internes. Parce que cette forme de liberté est destructrice, elle doit être limitée dans une certaine mesure par la loi ; mais parce que cette forme de liberté est conforme à notre nature, elle doit être célébrée et étendue dans la mesure du possible. [...]
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