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Requiem des années 10

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Publié le

2 décembre 2019

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2019 agonise. J’en suis ravi parce que, quoique je préfère les nombres impairs, je suis impatient que nous soyons sous le règne hypnotique de 2020. 2019 agonise, et avec ces douze mois, toutes les années 10 du vingt-et-unième siècle, qui virent le sang français couler pour cette qualité-même et comme cela n’avait pas eu lieu depuis plus de cinquante ans – et parmi le massacre des innocents, l’avènement de tant de héros, médiévaux ou communs, qui se distinguèrent soudain du type d’humanité que Yann Barthès et ses sbires souhaiteraient produire.

 

 

 

Ce n’est pas parce que les nazis voulaient fabriquer des « übermenschen » en série, que promouvoir des loques humaines fait de vous des citoyens vertueux : ce spécieux syllogisme résume un demi-siècle d’effort « progressiste ». 2019 agonise, cette année qui vit brûler Notre-Dame, c’est-à-dire le cœur de Paris, le cœur du pays, le cœur de ce qu’on appela autrefois « Chrétienté » pour dire « Europe » et qui est tant méprisé aujourd’hui, jusqu’au sommet du Vatican où l’abandon du discernement semble la conséquence fatale du reniement de la beauté ; cette année, donc, vit brûler Notre-Dame comme un avertissement.

Rebâtir des cathédrales devrait d’ailleurs être l’objectif principal de ce pays bien avant tout le reste. Nous le revendiquerons pour 2020, cette date hypnotique : que la France s’acquitte en premier lieu de son devoir de provoquer le reste du monde en érigeant des beautés scandaleuses.

Nous le prîmes au sérieux.

 

Un beau livre publié par Première Partie et la fondation Notre-Dame, Notre-Dame de Paris, une église et son peuple, commémore la fièvre qui s’empara d’une nation à l’agonie quand elle prit conscience qu’elle jouait sa dernière manche. Des témoignages, des rappels historiques, des images : le catalogue résume tous les aspects du trauma, et nous offre l’opportunité de contribuer au redressement. Voici un élan que nous ne pouvons que vouloir prolonger le plus largement possible. Rebâtir des cathédrales devrait d’ailleurs être l’objectif principal de ce pays bien avant tout le reste. Nous le revendiquerons pour 2020, cette date hypnotique : que la France s’acquitte en premier lieu de son devoir de provoquer le reste du monde en érigeant des beautés scandaleuses.

 

Lire aussi : Un monde sans pardon

 

2019 agonise, et avec cette année, tous les petits arrangements d’une époque à bout de souffle. Les prix littéraires n’ont tellement plus d’autorité que le jury du Renaudot aura décidé de décerner son prix à Sylvain Tesson pour sa belle Panthère des neiges, pourtant hors sélection, qui le mérite, là n’est pas la question, mais simplement parce que récompenser un best-seller est la plus sûre manière de faire croire qu’on a encore les moyens de prescrire quoi que ce soit. Les prix de L’Incorrect auront quant à eux été distribués avec grâce, justice et champagne, comme l’an dernier, démontrant que l’Esprit souffle où il veut, et plutôt dans les bars que nous fréquentons.

Ce ramadan hygiéniste n’a pu être encore instauré, et certes, nous ne l’aurions pas respecté, mais cette nouvelle tentative de formater nos mœurs en fonction d’une religion sans magie qui n’a aucun salut à nous promettre a des raisons de nous offusquer.

C’est pourquoi nous allons nous resservir un verre et trinquer avec vous, chères lectrices, chers lecteurs, et également pour nous féliciter de l’abandon du « mois sans alcool », ce « dry january » qui aurait dû nous être transmis par la perfide Albion et que l’Élysée ne s’est finalement pas résolu à soutenir. Ce ramadan hygiéniste n’a pu être encore instauré, et certes, nous ne l’aurions pas respecté, mais cette nouvelle tentative de formater nos mœurs en fonction d’une religion sans magie qui n’a aucun salut à nous promettre a des raisons de nous offusquer. En 2020, cette date hypnotique, nous faisons le serment de relever, à notre mesure, ce que nous pourrons de l’immense cathédrale dont nous avons hérité, d’en concevoir une grande responsabilité, une évidente humilité, un légitime orgueil, et bien sûr, d’accentuer l’ivresse.

 

Romaric Sangars

 

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