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Au XIXème siècle, Français et Britanniques étaient déjà drogués aux séries. Eugène Sue et Charles Dickens publiaient leurs romans sous forme de feuilletons à suivre dans les journaux, soumettant leurs lecteurs au supplice de l’attente en dosant parfaitement le suspense entre deux parutions. Après de très longues années de domination anglo-saxonne, l’art de la série télévisuelle s’exporte. Les Allemands oublient Derrick et produisent Dark, petit bijou de thriller fantastique. Les Français boudent Joséphine Ange Gardien pour suivre les aventures de l’agent Malotru. Hors d’Europe, le Brésil nous offre 3 %, le Mexique revient sur la vie du narcotrafiquant El Chapo, la Corée du Sud tourne à la chaîne des fictions historiques parfois époustouflantes… Une série sans fin !
American Crime Story : OJ Simpson et American Gods : l’Amérique dans son infinie complexité
Les séries dont le titre commence par « American » sont légion. Elles sont le plus souvent remarquables. Deux d’entre elles, extrêmement différentes, ont su récemment marquer les esprits. Série d’anthologie sortie en 2016, American Crime Story surpasse largement son aînée American Horror Story. Pour la première saison, les créateurs Scott Alexander et Larry Karaszewski avaient fait le procès de l’Amérique multiculturelle, du monde du spectacle et du vedettariat au travers du célèbre cas OJ Simpson, footballeur innocenté alors que tout l’accusait du meurtre de son épouse et de l’amant de cette dernière. Une série intelligente, bien réalisée et menée par un casting cinq étoiles (David Schwimmer, John Travolta ou Cuba Gooding Jr). Pourquoi en parler dans une rétrospective consacrée à l’année 2017 ? Tout simplement parce que la saison 2 sera diffusée à partir du 17 janvier 2018 et qu’elle traitera d’un autre fait divers symptomatique de l’époque : l’assassinat de Gianni Versace. On y retrouvera Penelope Cruz dans le rôle de la sœur du couturier, la botoxée Donatella Versace.
American Gods jouit aussi de la présence de grands acteurs, parmi lesquels le trop méconnu Ian McShane dans le rôle du dieu germanique Wotan. Adaptation ambitieuse du roman de Neil Gaiman, American Gods se veut une exploration des méandres de la psyché américaine, nation d’immigrants travaillée par les folklores européens, afro-caribéens mais aussi les mythes de la modernité. On suit donc les pérégrinations psychédéliques de Wotan et de son champion Ombre, tous deux lancés dans une course mortelle contre les nouveaux dieux que sont la télévision, internet et les médias.
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Qualité France : les séries françaises enfin au niveau !
Les séries françaises sont enfin au niveau de leurs rivales britanniques, américaines et scandinaves. Roman feuilleton patriotique, Le Bureau des Légendes a confirmé son statut de navire amiral de la production télévisuelle nationale en 2017, offrant une troisième saison en tous points exceptionnelle, certainement sa meilleure. Absolument pas manichéenne, la série créée par Eric Rochant pour Canal + fait honneur à ceux qui servent la France discrètement, au sein de la Direction générale de la Sécurité extérieure mais aussi au sein de la Direction générale de la Sécurité intérieure. Nadia El Mansour, jouée par Zineb triki, est toujours aussi belle et ensorcelante.
Sur France 2, la deuxième saison de la comédie Dix pour Cent a gagné les cœurs par sa légèreté, son brio et l’élégance de ses acteurs. Une série on ne peut plus parisienne mais délicieuse. À noter, Osmosis, seconde production française pour Netflix sera diffusée en 2018. On la dit ressemblante à la série d’anthologie britannique Black Mirror. Osmosis aura la lourde tâche de rattraper la catastrophe industrielle Marseille.
13 Reasons Why : beau à pleurer
Série la plus émouvante de l’année 2017, 13 Reasons Why est un drame pour adolescents tiré du roman du même nom, narrant les derniers jours d’une lycéenne prénommée Hannah Baker (Katherine Langford). La structure narrative de la série, assez complexe, alternant les temps et les modes, est construite autour de flashbacks qui nous font comprendre les différentes raisons qui ont pu pousser au suicide une jeune adolescente à qui tout paraissait sourire. Avant de passer à l’acte, Hannah Baker a enregistré une série de cassettes adressées à 13 personnes et assorties d’une liste d’instructions, tantôt menaçantes tantôt bienveillantes. Au commencement de l’histoire, douze des treize destinataires connaissent déjà le contenu des enregistrements. Reste Clay, un jeune garçon timide et honnête qui va devoir dialoguer avec le fantôme de l’être aimé Hannah, mais aussi s’ouvrir à lui-même. Paradoxalement, alors que la fin est connue, 13 Reasons Why se montre palpitante, tenant le spectateur en haleine jusqu’à son dénouement. Une merveille à regarder absolument, en dépit des préjugés légitimes qu’une série « pour ados » génère. Le thème de l’adolescence ne cesse d’ailleurs d’inspirer les scénaristes qui s’affranchissent des règles classiques du genre pour aller plus loin, posant un regard nostalgique sur cette période – parfois trop – dans l’esprit des productions Amblin, de Dark en passant par Stranger Things, ou, la plus osée et plus arty, The OA.
Les séries d’animation pour adultes
Les amateurs d’animation ont été gâtés en 2017. Comme on pouvait s’y attendre, Japonais et Américains se sont particulièrement distingués. Plus surprenant, la France a aussi tiré son épingle du jeu avec l’excellent anime 100 % de chez nous Lastman, diffusé sur France 4. Prequel de la bande dessinée du même nom, Lastman est un bain de pop culture qui parvient pourtant à conserver une identité esthétique très française, ne serait-ce que par sa bande originale rappelant certains passages de Sébastien Tellier ou Kavinsky. L’histoire, plus subtile qu’il n’y paraît de prime abord, emprunte à de nombreux sous-genres et œuvres des années 70 à nos jours : un peu d’Evil Dead, un chouïa d’Akira, quelques emprunts à la ligne de comics Vertigo, un humour à la Cobra et un héros proche de Nicky Larson. Loin de se contenter d’être un simple exercice nostalgique pénible, Lastman est une œuvre cohérente. Bref, il y a de quoi pousser un petit cocorico dans un genre que la France a longtemps négligé !
Côté nippon, la seconde saison de L’Attaque des Titans confirme ce que la première laissait pressentir, gagnant encore en intensité dramatique. L’animation, d’une beauté à couper le souffle, sert brillamment une histoire remarquable qui se dévoile progressivement, comme souvent au Japon. Dystopie fantastique lorgnant vers le steampunk, L’Attaque des Titans tient toutefois plus de Berserk que de Full Metal Alchemist. Extrêmement violente, la deuxième saison est à réserver à un public averti et connaisseur qui saura lire le sous-texte subtil qui la parcourt.
Dernier coup de cœur : la saison 3 de Rick et Morty qui a bien mérité les nombreuses louanges qui lui ont été adressées. Hilarante par moments, Rick et Morty bénéficie d’une écriture savante et parfaitement rythmée. Le scénario est un pur bijou qu’il serait difficile de résumer en quelques lignes, nous entraînant à travers des dizaines de dimensions et de mondes tous plus délirants les uns que les autres. On aime ou on déteste !
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