Some Rain Must Fall commence par un non-évènement filmé hors-champ : une mère de famille à la recherche de sa fille dans un gymnase bruyant blesse une vieille femme en renvoyant un ballon de basket. Un incident qui déclenchera une réaction en chaîne délétère, plongeant la mère dans une culpabilité sourde qui fera ressurgir tous les spectres et les impensés de son existence : sa relation avec sa fille, son mari, ses propres parents, sans oublier la pesanteur inouïe de la pression d’une société chinoise cadenassée qui est peut-être le personnage principal du film. Glissant peu à peu dans la névrose de son personnage le métrage se transforme en prison mentale, impression renforcée par le choix du format 4 h 3 et par une photographie crépusculaire qui donnent à chaque plan l’aspect d’un cube hermétique. Ce qui se joue ici, c’est d’abord le conflit du rapport des classes, puisque la vieille femme, hospitalisée, appartient à une famille de « paysans », bien loin du luxe glacial dans lequel semble baigner la mère de famille. La question primordiale de l’empathie, sentiment qui semble presque étranger à cette Chine robotisée et individualiste, est posée par le réalisateur avec une rare âpreté, ce dernier se gardant bien d’apporter une quelconque réponse, jusqu’à un final particulièrement cryptique. [...]
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