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Topette !

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Publié le

8 mars 2018

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topette

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Les écologues en chambre ne nous intéressent pas. Nous leur préférons les vrais travailleurs, ceux qui y étant nés, ou bien s’y étant installés, savent au moins une chose : qu’à la terre on ne ment pas.

 

Pendant l’épluchage des poireaux ou le désherbage des carottes primeur, j’écoute en podcast les deux saisons du « Journal breton » d’Inès Léraud, reportage en immersion, et 8 épisodes diffusés dans l’émission « Les Pieds sur terre » (France culture). La journaliste s’est installée en Bretagne pour mieux découvrir et faire connaître la réalité de l’industrie agro-alimentaire et ses retombées sur la population et l’environnement : omerta, travail de forçat dans les abattoirs, manipulation des institutions publiques dans l’affaire des algues vertes… Une enquête passionnante. Ainsi, un éleveur de porcs industriel confie qu’il ne veut pas travailler dans la boue, que la truie en train de le fixer a l’air stupide et qu’il n’aura aucun état d’âme à l’envoyer à l’abattoir si elle n’est pas suffisamment productive.

Cette vision tellement utilitariste du vivant l’empêche d’imaginer qu’il en fait lui-même partie et qu’il n’est pas si éloigné de la truie qu’il méprise. Comment peut-il l’aimer, puisqu’elle est un rouage d’une machine qui le broiera s’il met quoi que ce soit d’affectif dans son travail? Il doit fournir de la viande pas chère et amortir ses bâtiments, point barre. À chaque fois que nous achetons de la nourriture industrielle sous cellophane sans nous interroger sur sa provenance, nous renions notre humanité et nous concourons à notre perte. Nous vivons dans une société au fonctionnement de plus en plus complexe avec chaque jour de nouvelles lois, une organisation de moins en moins lisible pour le commun des mortels et des liens sociaux qui se délitent pendant que nous essayons de simplifier la nature, de la contrôler, et par là-même de la détruire.

 

Lire aussi : le couteau dans la poche

 

Que reste-t-il de la nature aujourd’hui? De notre rapport à elle ? Je la côtoie tous les jours pour la cultiver. Je ne suis pas partie m’installer dans une cabane au fond de la taïga pour vivre au rythme de la forêt (comme l’a fait Marilia dans l’épisode 3 du « Journal breton »). Pour faire pousser quelques légumes en Anjou, ne recourant à aucun arsenal chimique, je fais face à des déceptions, des incompréhensions et de belles surprises.

Je me rends bien compte qu’il est difficile pour nous autres esprits malades du cartésianisme, de retrouver notre place dans la nature.

J’accepte que le monde vivant (plantes, animaux et insectes, sol) ne se laisse pas complètement domestiquer, que malgré les avancées scientifiques et techniques, je n’ai pas réponse à tout. Je me rends bien compte qu’il est difficile pour nous autres esprits malades du cartésianisme, de retrouver notre place dans la nature.

À son contact, pour tenter de travailler avec elle – parce que moi aussi, je cherche à en tirer de la valeur (même dérisoire par rapport au travail fourni) -, je comprends que la nature, fruit de millions d’années d’évolution, est le lieu de toutes les collaborations sans lesquelles elle n’aurait pu engendrer autant de diversité, bien loin de l’idée reçue que nature = loi du plus fort qui arrange bien les hommes avides de puissance.

 

Lire aussi : la saint cochon

 

L’intelligence des plantes à trouver de la nourriture et à échapper à ses prédateurs est passionnante. Prenez le framboisier : à l’état sauvage, il s’entoure de plantes comme le sureau qui, comme lui, attire les pucerons mais de manière plus précoce. Ainsi, quand les pucerons du framboisier arriveront enfin, les prédateurs déjà attirés par ceux du sureau seront déjà en place…

Laissant de côté toutes ces considérations, je vais récolter mes panais : dans le sol humide, les vers de terre grouillent. Et qu’importent les échecs, le mildiou sur les épinards, les choux décimés par les chenilles, je m’émerveille de ce que la nature veut bien me donner à cet instant. Et comme déjà, pour les maraîchers, la belle saison se prépare, je vais mettre entre parenthèses cette chronique pour quelques mois et me consacrer totalement et humblement au jardin avec mes collègues les vers de terre. « Allez topette », comme on dit par ici !

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