« La France, c’est une étoile !
La France est une personne,
Le rayon hexagonal
D’une étoile qui raisonne ! »
Paul Claudel, Personnalité de la France, 1938
Mardi 16 avril, les braises de Notre-Dame encore chaudes, la France s’est réveillée dans une émotion digne du deuil national qu’elle faisait de son âme. Réjouissons-nous que cet édifice dédié à la patronne principale de la France ait encore une place si grande dans le cœur des Français. Des Français, mais peut-être pas de tous : leur président, passée la légitime et sincère émotion de lundi soir, enchaîne depuis des bévues dramatiques. Confronté à une situation inédite pour lui, se retrouvant à cette occasion à la tête non d’une « startup nation » en perpétuelle innovation, mais d’un pays chrétien à l’histoire longue, Macron montre son vrai visage, celui de l’incompétence, de l’irresponsabilité, et surtout de l’impiété.
Le 17 avril, le Premier ministre annonce la tenue d’un concours international d’architecture pour la reconstruction d’une flèche « adaptée aux techniques et aux enjeux de notre époque » et confie au général Georgelin la mission de veiller à l’avancement des travaux. Vive la start-up Notre-Dame et son ouverture à l’économie mondiale ! En 1843-1844, le concours qui avait sélectionné le duo d’architectes Pierre Lassus-Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration de Notre-Dame n’était pas un concours « international » ! Le choix entre les impétrants – tous Français et fins connaisseurs du patrimoine national – s’était fondé sur leur science respective des techniques de la construction médiévale, l’architecte précédemment en charge de la restauration des églises parisiennes ayant été mis au placard par méconnaissance du bâti.
En 1843, le directeur de la commission des Monuments historiques chargée du projet n’est autre que Prosper Mérimée, armé de son expérience d’archéologue et d’analyste des monuments français, dont il avait dressé et documenté le premier inventaire en 1840. En 2019, le concours doit être ouvert à l’économie mondiale et la sélection confiée à un militaire, chapeauté par un ministre de la Culture diplômé d’un institut de gestion, autrement dit n’entendant strictement rien au patrimoine. Quant au pauvre général Georgelin, on ne peut que le plaindre d’être devenu un sbire aux ordres directs de Jupiter et de s’exposer aux critiques des spécialistes dont il a pris la place, même sans le vouloir Le plus triste, c’est que notre belle France regorge de cerveaux et de mains talentueux et expérimentés, largement à la hauteur de cet enjeu qui, n’en déplaise à Édouard Philippe, n’est pas celui de « notre époque » mais celui de notre patrimoine historique [...]
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