Sylvie Ducas, maître de conférences en littérature française à Paris-Nanterre (C.S.L.F.), est l’auteur d’une histoire des prix littéraires, et l’un des interlocuteurs les mieux à même de nous aider à tirer un bilan du concept et des circonstances.
En 2013, vous dénombriez plus de 2 000 prix littéraires en France. Où en sommes-nous aujourd’hui et comment expliquer un tel phénomène ?
Je n’en fais pas une comptabilisation précise mais je suppose qu’ils sont à la hausse parce que c’est très français et très à la mode. C’est aussi un phénomène très ancien. Dans ces 2 000 prix, il faut compter aussi les concours d’écriture et de poésie. Les prix qui font vendre sont beaucoup moins nombreux. Il y a d’abord les prix d’automne (Grand Prix du roman de l’Académie française, Goncourt, Femina, Médicis, Renaudot, Interallié), puis les prix de printemps qui se sont constitués dans les années 70 pour contester les premiers. Ce sont des prix de lecteurs avec des jurys tournants (prix du livre Inter, grand prix des lectrices de Elle, prix RTL-Lire,) et qui font aussi vendre.
Ce qui les différencie, c’est qu’ils sont ouverts aux lecteurs anonymes et que leurs jurés ne sont pas en situation de collusion avec des éditeurs et le milieu germanopratin. On a beaucoup accusé les grands prix d’automne d’être des prix corrompus. Il faut dire qu’ils sont constitués pour (...)
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