Plus peut-être que le capitaine d’industrie, l’écuyer – l’« homme de cheval » – apparaît comme la figure de proue de la deuxième moitié du XIXe siècle. Qu’on en juge : Paris compte alors plus de 80 000 chevaux, utilisés pour le transport, la promenade ou les courses ! Pursang de race et élégantes haquenées sont autant de signes évidents de réussite sociale. C’est sur cette réalité que Louis-Jean Delton va bâtir sa fortune.
Ce curieux personnage, né en 1807 d’un père horloger, a été sous-officier au 12e régiment de dragons, avant de se perdre dans les méandres d’une carrière aux repères incertains. « Commis banquier », plus sûrement agioteur et affairiste, il flaire la spéculation juteuse, lorsqu’en 1860, il ouvre son premier studio photographique, au Pré-Catelan, près du lac du Bois de Boulogne. Il y a à peine plus de vingt ans qu’Arago a présenté devant l’Académie des Sciences le procédé de Louis Daguerre utilisant la sensibilité à la lumière des sels d’argent. Depuis, l’Anglais William Talbot a mis au point le tirage sur papier. Et la photographie a pris son essor, concurrençant déjà la peinture mondaine. Très vite, Disdéri et Adrien Tournachon – le frère de Félix, le célèbre Nadar – ont réalisé des clichés hippiques. Or Louis-Jean Delton – alias « John » –, en sa qualité d’ancien cavalier, est un passionné d’équitation. Avec Auguste Lupin, il a organisé les premières courses en France, et on le dit membre du Jockey Club. [...]
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