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La dépouille de Napoléon III va-t-elle revenir en France ? Dans le cadre des négociations commerciales post-Brexit entre le Royaume-Uni et la France, selon le Telegraph, une clause aurait été ajoutée mentionnant la possibilité d’un retour des restes du dernier empereur des Français, reposant à l’abbaye Saint-Michel de Farnborough depuis 1873.
Ce n’est pas la première fois que la question du retour des cendres de Napoléon III est évoquée. Neveu de Napoléon Ier, le prince Louis-Napoléon Bonaparte a été président de la Seconde République (1848-1852), avant de ceindre la couronne impériale durant 18 ans. Un règne marqué par le « décollage économique de la France et qui a su concilier les aspirations profondes des français qui sont toujours écartelés entre leurs mille ans de monarchie capétienne et les conséquences de ce chambardement mondial qu’a été la Révolution française », nous explique l’historien Dimitri Casali. Initiateur d’une pétition mise en ligne il y a un an, qui demande le rapatriement de l’un des personnages les plus emblématiques de notre histoire nationale, ce sont « les médias britanniques qui l’ont contacté d’eux-mêmes à l’occasion du débat actuel sur les biens culturels et dans le cadre des négociations post-Brexit entre l’Angleterre et l’Union européenne ». Avant de lui conseiller d’écrire aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères de Sa Majesté qui « m’ont répondu tous deux, dans la foulée, pour m’avertir qu’ils prenaient ma demande très sérieux et qu’ils la faisaient suivre immédiatement », précise l’historien.
La dernière tentative de rapatriement des cendres de l’empereur Napoléon III remonte à 2007 : le maire de Nice, Christian Estrosi, alors Secrétaire d’État chargé de l’Outre-Mer, avait réclamé que son corps soit restitué à la France. En vain : le Royaume-Uni n’avait pas daigné donner suite. Cette nouvelle demande a-t-elle plus de chances de réussir ? « Je ne me fais pas d’illusion et je doute que cela aboutisse. Premièrement, parce que les français ne s’intéressent pas leur histoire. Deuxièmement, parce que nos dirigeants sont à mille lieues de comprendre l’importance de la culture française.
Cette nouvelle demande aura-t-elle plus de chances d’aboutir ? « Je ne me fais pas d’illusions et je doute que cela aboutisse».
Il suffit de voir les déclarations du Président, qui a déclaré qu’il n’y avait pas plus d’histoire de France que d’art français, pour comprendre que ma demande ne sera pas prise au sérieux. Et enfin dernier élément – j’aimerais d’ailleurs bien m’en expliquer avec le prince Jean-Christophe Napoléon –, la maison impériale y est opposée », reconnaît-il. Pourtant, « il est important pour les jeunes générations que Napoléon III soit rapatrié à Paris et déposé à l’église Saint-Augustin, là où il avait souhaité reposer en paix. Ainsi, on ne le séparerait pas ni de sa femme qui a fait vœu de rester auprès de lui, ni de son fils qui, ayant porté l’uniforme anglais, ne peut être enterré aux Invalides ».
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Pour la princesse Alix de Foresta, grand-mère de l’actuel prétendant au trône impérial de France, c’est une fin de non-recevoir. La gardienne du temple impérial estime que les moines bénédictins de Farnborough s’occupent très bien de Napoléon III et de sa famille. « Londres n’étant plus qu’à deux heures de Paris, rien de plus facile que d’aller se recueillir sur les tombes impériales. Je ne vois pas la nécessité à ce rapatriement dans un monde ouvert où les échanges sont faciles », a déclaré plus lapidairement le prince Charles Napoléon, en janvier 2019. L’idée de rapatrier ces restes divisent d’ailleurs beaucoup les nostalgiques des deux empires, tant pour des raisons historiques qu’idéologiques.
David Saforcada, président du mouvement « France Bonapartiste », qui suspecte également un « retour au rabais et en catimini » de ces cendres.
« L’important, c’est surtout de se demander ce que cela apporte à notre patrimoine commun », pose comme question David Chanteranne, spécialiste reconnu de l’Empire, et qui se demande dans quelles conditions on peut envisager le retour éventuel de ces cendres, craignant une levée de bouclier des opposants au règne de Napoléon III. Une position que partage volontiers David Saforcada, président du mouvement « France Bonapartiste », qui suspecte également un « retour au rabais et en catimini » des cendres. « Oui au retour mais uniquement en grande pompe », déclare-t-il. Une idée sur laquelle il avait demandé aux différents candidats à l’élection présidentielle de 2012 et 2017 de se positionner. Sans obtenir de retour de leur part. Quoique. Lors de la dernière campagne présidentielle, Marine Le Pen, actuelle présidente du Rassemblement national, avait déclaré qu’elle « souhaitait obtenir le rapatriement des cendres de Napoléon III », estimant qu’il « serait juste qu’il soit rendu à sa famille [et] qu’il puisse reposer, à Ajaccio, ville à laquelle il a tant apporté ».
Que retenir du Second Empire qui fut tantôt autoritaire, tantôt libéral ? « Napoléon III avec ses aspirations sociales avait tout compris », défend Dimitri Casali qui ne cache pas son admiration de l’empereur. Il était « à l’écoute des plus humbles, des plus modestes comme le montrent ses discours » comme le prouve le droit de grève obtenu en 1864. David Chanteranne regrette cette « chape de plomb idéologique qui a été posée sur tout ce qui a été fait avant 1870 ». « De mon point de vue, le règne de Napoléon III comme de Louis-Philippe, comme la Restauration et comme le Premier Empire avant lui sont indispensables pour comprendre le monde d’après 1870.
David Chanteranne regrette cette « chape de plomb idéologique qui a été posée sur tout ce qui a été fait avant 1870 ».
Concernant Napoléon III, on le caricature en le résumant au coup d’État [1852] et à Sedan [la bataille qui met fin brutalement fin au Second empire] en gommant le fait qu’il s’inscrit dans la lignée de cette évolution politique et sociale du XIXe siècle », explique-t-il. « On oublie qu’à l’inverse de son oncle, il a dû assumer un héritage parce qu’autour de lui se trouvaient des bonapartistes purs et durs alors qu’il ne l’était pas lui-même », surenchérit David Chanteranne qui déplore le manque d’études sur cette période dans les universités.
Rendant « hommage à l’attitude positive des Britanniques dans cette affaire », Dimitri Casali qui a entrepris un vaste travail pédagogique afin de vulgariser l’histoire de France (il écrit des Opéra Rocks éducatifs), estime que le retour de restes de Napoléon III serait indubitablement un « geste élégant de réconciliation entre la France et l’Angleterre ».
Frédéric de Natal
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