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Qu’attendre de Boris Johnson ?

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Publié le

15 décembre 2019

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Qu’ont en commun le démissionnaire Edouard VIII, George Osborne David Cameron et Boris Johnson ? Ils ont tous été membres du Bullingdon Club d’Oxford. Un club qui semble un bel accélérateur de carrière pour les caciques des Tories, du nom donné aux conservateurs britanniques. Boris Johnson a fait le pari de dissoudre le Parlement afin de finaliser le Brexit. Il l’a tenu. Donc acte ?

 

 

La classe politique britannique donne un spectacle grotesque et lamentable depuis quelques années. Cette vieille monarchie parlementaire a sombré dans l’absurde au fil des mois qui ont succédé au référendum du Brexit organisé par l’ancien locataire de Downing Street, David Cameron. À tel point qu’on a pu croire un temps que le « brexit » ne serait jamais décidé ni finalisé formellement, tel un sketch des Monty Python ou un épisode de Dr Who entre trois époques, cinq planètes et trois dimensions. La presse européenne, notamment française, a aussi longtemps laissé entendre qu’une majorité de Britanniques regrettaient leur vote et souhaiteraient pleinement réintégrer une Union européenne dont ils ont pourtant toujours été très distants, n’adoptant pas plus la monnaie commune que les accords de Schengen…

Tête de proue du communautarisme le plus échevelé, Jeremy Corbyn avait aussi un programme économique proche de celui des Insoumis et une position très floue sur le Brexit.

L’échec de septembre dernier devant la chambre des communes a donc logiquement conduit Boris Johnson à vouloir détenir une forte majorité pour en finir. C’est fait avec 365 sièges, contre 203 pour les Travaillistes de Jeremy Corbyn et 11 pour les Libéraux-démocrates de Jo Swinson qui n’ont pas réussi à s’entendre. Et pour cause, Boris Johnson a bien compris que la radicalisation du Parti travailliste sous l’impulsion de Corbyn amènerait ce grand parti de gauche dans une impasse. Présenté un temps en sauveur, Jeremy Corbyn s’est révélé fossoyeur, entrainant sa formation dans une dérive idéologique assez sidérante. Tête de proue du communautarisme le plus échevelé, Jeremy Corbyn avait aussi un programme économique proche de celui des Insoumis et une position très floue sur le Brexit.

 

Lire aussi : Éditorial monde : En piste Boris !

 

On le sait, Corbyn n’a jamais été très europhile. Il était même assez marginalisé au Parti travailliste sur cette question pendant longtemps. Jugeant que le blairisme et la deuxième gauche avaient vécu, aliénant les classes laborieuses et le prolétariat au Parti travailliste, il a restauré la gauche à gauche. Mais ce faisant, il l’a aussi réduite à la portion congrue, laissant le champ libre aux divisions dans son camp (de multiples départs à la suite des polémiques relatives à l’antisémitisme affiché de certains cadres) et à la fuite d’une partie de l’électorat ouvrier chez les conservateurs. Un élément tout de même surprenant dans un pays qui a connu des luttes sociales très dures, des années 1970 jusqu’à Margaret Thatcher.

L’affaire des viols cachés par les services sociaux de jeunes filles blanches par des Pakistanais à Telford a grandement traumatisé l’opinion. Se dessine un scrutin où les problématiques de politique intérieure ont probablement pesé autant que la perspective du brexit.

Reste que les classes populaires des bastions de gauche ont voulu le Brexit, comme elles ont plébiscité le discours protectionniste de Donald Trump dans la rust belt démocrate. En toile de fond, les questions d’immigration et de sécurité ont forcément joué. L’affaire des viols cachés par les services sociaux de jeunes filles blanches par des Pakistanais à Telford a grandement traumatisé l’opinion. Se dessine un scrutin où les problématiques de politique intérieure ont probablement pesé autant que la perspective du brexit. Du reste, en modérant son libéralisme économique et son amour des banques et de la finance dans le discours, Boris Johnson a pu se donner les atours d’un « red tory ». De quoi convaincre encore quelques sceptiques. Ajoutons aussi que le paysage médiatique britannique n’est pas le paysage politique français. De nombreux tabloïds très lus ont soutenu la campagne de Boris Johnson, à commencer par le Sun.

Sinon, Boris Johnson semble avoir été assimilé à tort à des leaders continentaux tels que Salvini ou Orban. C’est certainement une erreur. L’homme est plus europhobe, au moins par opportunisme, qu’anti immigration.

Qu’attendre donc de Boris Johnson et de l’avenir ? Un « brexit » très négocié dont on connaît déjà les grands axes. La sortie sera honorable pour les deux parties, mais risque de raviver la flamme des hard brexiters. Sinon, Boris Johnson semble avoir été assimilé à tort à des leaders continentaux tels que Salvini ou Orban. C’est certainement une erreur. L’homme est plus europhobe, au moins par opportunisme, qu’anti immigration. Un chauvin globaliste ? Il y a un peu de ça. Le Royaume-Uni retrouvera donc un tropisme américain très marqué et le goût prononcé du Commonwealth. Elle rebondira probablement sur le plan économique en se libérant du carcan de l’Union européenne.

 

Lire aussi : BREXIT : SORTIE DE L’UE PAR LA DROITE

 

Mais gare… Car c’est culturellement qu’il y aura d’importantes secousses. La pyramide des âges des votants montre une très forte majorité travailliste chez les moins de 34 ans (67 % chez les 18-24 et 50 % chez les 25-34) qui correspond à une transformation sociologique profonde. Si les jeunes votaient massivement à droite, souvent pour les formations dites “populistes” autrefois, on constate un renversement progressif. Ont ils voté pour la gauche indigéniste corbynienne ou contre le Brexit ? C’est un mélange : le Brexit était vu comme une issue xénophobe et réactionnaire. Ils ne gagneront pas demain les élections, mais ils pourraient accoucher d’un mai 68 indigéno-lgbt-féministo-écolo (complétez)…

Les autonomistes écossais ont obtenu des scores très importants. Ils sont partisans de l’Union européenne et de gauche … comme les Catalans.

La chance des Conservateurs est le scrutin uninominal à un tour qui oblige les Travaillistes à rester au sein d’une même entité alors qu’ils sont profondément divisés. Ce mode de scrutin est une véritable machine à broyer puisque si l’on s’attarde sur les pourcentages obtenus, la marge n’est pas si grande entre le bloc libéraux-travaillistes et les conservateurs, étant même favorables à ces derniers. Dernier point, les problèmes écossais et irlandais seront très difficiles à régler. Les autonomistes écossais ont obtenu des scores très importants. Ils sont partisans de l’Union européenne et de gauche … comme les Catalans.

 

 

 

Gabriel Robin

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