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Parce que L’Incorrect est à son corps défendant la pointe en tungstène de la Startup-nation, parce qu’un virus pangolino-communiste n’est rien à côté du lobby LGBT, des islamistes, et des mangeurs de steaks végétaux, parce que l’âme de l’Europe c’est l’esprit d’aventure, parce que si nous étions des Montaigne vous seriez La Boétie, nous vous concocterons quotidiennement une lettre : L’Incoronavirus !
Jour 3 – saint Joseph
L’éditorial
Songes d’un jour de printemps
Troisième jour de confinement, sous l’heureux patronage de saint Joseph, protecteur des familles. Ça tombe bien, on commençait à s’entretuer fraternellement, dans nos maisons closes si propices au resurgissement de toutes sortes de non-dits freudiens. L’immense Bruno Le Maire s’inquiète lui de “l’avenir politique du continent”, entendez par là du château de carte fatigant de l’Union européenne. On se réjouirait presque de l’imaginer disparaître. Mais foin de mauvais esprit : l’heure est à l’imagination, à la rêverie sous le doux soleil du printemps même si la préfecture, dure, a décidé de fermer les grèves. Tu avais bien fait de partir Arthur Rimbaud, loin de l’Europe aux anciens parapets. Tu nous as pourtant laissé tes rêves renfermés dans des pages en noir et blanc, ce qui demeure de notre civilisation quand tout est dissipé.
Par Jacques de Guillebon
La minute culture
Le film du soir
L’Aurore, F. W. Murnau (1927)
Vous êtes déjà las des sites de streaming où se côtoient sans vergogne feuilletons corniauds et boursouflures numériques ? C’est le moment de réviser ses classiques ! Pourquoi ne pas commencer carrément par celui qu’on considère encore comme le plus grand film jamais réalisé ? Oui, dit comme ça, on n’a pas forcément envie de s’y atteler, et pourtant… L’Aurore (Sunrise), réalisé par Murnau en 1927, c’est une sorte d’épitomé du cinéma muet, alors à son apogée, qui aligne dans un déluge créatif tous les trucages optiques et mouvements d’appareil possibles, composant chaque cadre comme une véritable peinture symboliste.
Au-delà de son ambition plastique démesurée, c’est aussi un grand film élégiaque, une prouesse de cinéma total. Engagé par Hollywood après un Faust tonitruant, Murnau réunit en une heure trente tous les genres possibles, passant allégrement du film d’horreur au drame social, via la comédie pure et le mélodrame flamboyant, brodant à partir d’un argument étique (l’Homme, la Femme, La Maîtresse) cette somme insurpassable où la caméra, plus que jamais, s’impose comme un moyen essentiel pour graver dans le mouvement les archétypes éternels de l’humanité. Rien que ça.
Pour le regarder en streaming, cliquez par si-dessus
Par Marc Oregon
Le livre du jour
La Peau, de Curzio Malaparte
Du génial écrivain italien Malaparte, le livre le plus célèbre est Kaputt. La Peau, qui en est comme la suite, historique et littéraire, est moins spectaculaire mais peut-être plus vertigineux encore. Ce diptyque sur le second conflit mondial forme un requiem de l’Europe fascinant, baroque, délirant, magistral qui convoque deux mille ans de génie pictural, musical et poétique et offre l’équivalent d’un feu d’artifice final au milieu des bombardements. Si Kaputt décrit la guerre, son sadisme, ses martyrs et ses situations atroces et surréalistes, La Peau est une sorte de chronique de la libération de l’Italie par les alliés. Malaparte, qui sert d’officier de liaison au Q.G. des USA, continue à peindre du Jérôme Bosch avec les pigments de 1945.
Et c’est avec une ironie à la fois cruelle et miséricordieuse qu’il détaille le désastre. Loin d’être une restauration, la libération montre l’état dans lequel la guerre a laissé le peuple italien où circulent les jeeps des « good guys » sincères et naïfs et ne comprenant rien à la complexité, la profondeur et la pourriture de la Vieille Europe. Derrière la mutilation des corps, il y a l’avilissement des âmes, l’infâme panique des hommes lorsque ceux-ci ne cherchent plus qu’à défendre leur « sale petite peau ». Mais il existe aussi des ressorts profonds de salut dans ce sol si ancien et si riche. En somme, une lecture idéale pour relativiser votre confinement – l’Europe a survécu à d’autres cataclysmes.
Par Romaric Sangars
La peau – Curzio Malaparte 448 p. – 9€70
À écouter ici : bnfa.fr/livre?biblionumber=9938
À commander là : lanouvellelibrairie.fr/passez-votre-commande
Ou là : folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio/La-peau
Les aventures trépidantes de Gonzague et Jean-Eudes
Nous autres confinés
Le meme du jour
Les brèves
Littérature : l’infection qui vient
Ne sentez-vous pas l’infection qui vient ? Pas celle-là – l’autre. À peine moins délétère que la pandémie du jour, cette deuxième salve risquera d’être beaucoup plus sournoise. Elle se propagera dans les rayons des libraires, après avoir germé dans les bouillons de culture de Télérama, de Libé, des Inrocks et du Monde… À propos de ce dernier, des bruit courent déjà. Sans blague, on parle de patient zéro. À y regarder de plus près, les signes cliniques ne mentent pas. Depuis hier, leur plateforme publie Le Journal du confinement de Leïla Slimani – retranchée avec son Goncourt 2016 dans l’une de ses résidences secondaires.
Il est dit que la romancière y raconte sa sidération, confinée dans la maison de campagne où elle passe tous ces week-ends depuis des années. On flaire la violence. Une violence servie par des phrases comme : Ça ne peut pas être. Non. Enfin si, c’est. Bientôt, tous s’y mettront. En automne, tout sera contaminé. Bien entendu, ils auront des titres variés et prétendront aborder le thème d’un point de vue singulier. Yann Moix, Antoine Leiris et Virginie Despentes sont forcément déjà sur le coup. Nous aurons droit à : Journal de guerre, Vous n’aurez pas mon gel hydroalcoolique et autres FFP3 Baby. Peu importe. C’est en cours. D’ici là, soyons prêts.
Par Alain Leroy
Richard Paterson : les gestes qui sauvent
Ne faites plus n’importe quoi. En ces temps tourmentés, nous savons à quel point le respect de certaines règles peut sauver. Voilà aussi pourquoi Richard Paterson, aka The Nose, maître-assembleur et ambassadeur des distilleries Dalmore & Isle of Jura et du blended whisky Whyte & Mackay, impose quatre gestes barrière pour limiter au maximum le risque de saboter la dégustation d’un whisky et éviter de contaminer tout son entourage avec son irrévérence crasse.
1 : HYGIÈNE – Rincez votre Copita glass – remplissez-le à un tiers avec le whisky que vous vous apprêtez à boire, faites tourner et jetez le contenu d’un geste sec à (au moins) trois mètres devant ou derrière vous. Aucune pollution extérieure. Le verre est désinfecté.
2 : CONTRÔLE – Tenir le verre par la base – dans les grandes lignes, vous n’êtes pas dans les rues de New-York par moins douze avec votre café Starbuck comme unique source de chaleur. On ne déconne plus avec les écarts de température.
3 : CIVISME – Pas de serrages de mains ni de bisous – le nez au-dessus du verre, on dit : bonjour, comment allez-vous ? / plutôt bien, merci. Voussoiement de rigueur. N’oubliez pas de respirer.
4 : PAS DE PANIQUE – On garde en bouche – on n’est pas à la soirée pharma du coin. On oublie les cul-secs et on prend le temps de respecter le boulot fait en amont. Distance de sécurité : une seconde par année.
En image : Cliquez ci-dessous
Par Alain Leroy
Mobilisation générale ! Opération Dynamo 2
« Les Algériens angoissés de rester en France », titrait France 3 région dans son édition d’hier. Venus de toute l’Europe, mais en fait surtout de France, ces ressortissants algériens attendaient depuis plusieurs jours de pouvoir rentrer au pays sur le port de Marseille. L’inquiétude galopa aussi vite que le coronavirus, à raison puisque le dernier navire parti hier (avec 1700 personnes à son bord) en a laissé quelques centaines selon les chiffres officiels, et quelques dizaines de milliers selon le décompte des drapeaux algériens les jours de match, le cœur brisé de ne peut-être plus revoir leur mère patrie.
Une telle détresse ne peut nous laisser de marbre, aidons-les ! Rappelons-nous Dunkerque et lançons l’opération Dynamo 2. Vous, propriétaires de voiliers en Bretagne, de zodiacs en Corse, de catamarans à Porquerolles, de pédalos à Annecy, de péniches à Paris, de bouées jaunes à tête de canard en Dordogne et de tout ce qui flotte et ne prend pas l’eau (ou vraiment un tout petit peu), faites parler votre cœurs et aidons-les à rentrer chez eux !
Par Arthur de Watrigant
Hélas, les parisiens débarquent en Bretagne
Ça nous arrive… à pleines brouettes ! Les parisiens débarquent en Bretagne et nous n’en pouvons déjà plus. Le maire de Groix a pris un arrêté qui interdisait les nouvelles arrivées sur le « caillou ». À Belle-île, le bateau a été obligé de dépasser son tonnage autorisé pour transporter toute cette connerie à trottinettes et lunettes carrées. La préfecture vient d’interdire toute location dans les îles.
C’est simple, les bobos parisiens peuvent rester chez eux. DOIVENT rester chez eux. Nous n’en voulons pas. Ceux d’origine bretonne qui reviennent dans la maison familiale, bon… là ça va… éventuellement ! Mais il va falloir un certificat signé Guillebon pour prouver qu’ils n’ont pas voté ni Hidalgo, ni Buzyn, ni écolo. Et une stricte quatorzaine en Mayenne pour éviter toute importation de coronavirus.
Car il faut bien comprendre une chose : sur les îles il n’y avait jusqu’à présent AUCUN cas de coronavirus, tout simplement parce que les insulaires sortent très peu depuis le début de l’épidémie et qu’ils vivent pépères sur leur bout de terre en bouffant du hareng sans rien demander à personne. Ces doryphores à trottinette de parisiens vont leur apporter la nouvelle variole et je ne sais qu’elle pestilence en prime. L’hôpital de Belle-Île est minuscule et peuplé avant tout des résidents des deux anciens Ehpad. Jusqu’à peu il y avait une douche pour 15 personnes ! On va les mettre où les galeux quand ils vont ramener leur coronavirus de Barbès ?
Les riches parisiens ont fait monter les prix de l’immobilier de façon insupportable. Dans les îles, le m² peut monter jusqu’à 7000€ (Sauzon par exemple), comment les Bretons de la classe laborieuse peuvent-ils se loger ? Et «b’an arvor » (sur le littoral) ce n’est pas mieux. Leurs résidences secondaires fermées 11 mois de l’année sont une insulte aux Bretons !
Et le déséquilibre causé par cet afflux de nouveaux arrivants va être terrible et il n’y a rien de prévu au niveau sanitaire pour accueillir toute cette population toussotante comme c’est le cas en été. Prenons un seul exemple : à Belle-Île durant l’hiver il n’y a qu’un seul restaurant d’ouvert et les employés travaillent actuellement ailleurs (parce qu’on vit en Bretagne quand vous n’êtes pas là) ou sont… confinés à la maison. Ils vont bouffer quoi les graphistes de la place des Vosges ? Du mulet matin, midi et soir ?
Donc, Parisiens n’ayant aucune attache en Bretagne, restez chez vous. Le multiculturalisme est une richesse et en ce moment les marchés de Barbès sont pleins de cette richesse colorée à l’enthousiasme tellement contagieux !
Par Maël Pellan
Les entretiens du troisième jour
Benjamin Blanchard, directeur général de SOS Chrétiens d’Orient, répond aux question d’Emmanuel de Gestas
L’épidémie de virus Covid-19 touche le monde entier, quelle est la situation sanitaire au Proche-Orient ?
Pour l’instant, il est difficile de savoir. Les chiffres officiels parlent de 68 cas détectés au Liban, 80 en Egypte, 83 en Irak, 1 en Jordanie et 0 en Syrie. Mais il y a peut-être plus de personnes contaminées mais non détectées. Le Liban a réagi très vite, en fermant le plus vite possible ses frontières et en limitant les accès en provenance des pays les plus touchés, comme la Chine et l’Italie. La Syrie, officiellement, n’a pas encore de cas déclarés, ce qui n’est pas forcément étonnant, vu le peu d’échanges entre ce pays et l’extérieur. Là où la situation est peut-être la plus inquiétante, c’est en Irak, qui a des très nombreuses interactions avec l’Iran. Là aussi la frontière a été fermée très tôt entre les deux pays, et il y a eu des grandes mesures de prévention et de désinfection des rues, des lieux publics, des transports en commun, etc. L’Égypte a prétendu être longtemps à l’abri de l’épidémie, mais commence seulement à réagir de manière énergique.
Quel-est l’état d’esprit des populations chrétiennes, déjà durement éprouvées, face à cette nouvelle calamité ?
Ce que l’on en sait, c’est que, comme vous, on voit que cela frappe tout le monde, et qu’on essaye de prendre son mal en patience. Mais j’ai l’impression que comme il n’y a pas pour l’instant beaucoup de morts victimes de cette épidémie dans les pays dans lesquels nous travaillons, pour l’instant les gens prennent cela avec patience.
Vous avez annoncé hier le rapatriement d’une partie de vos volontaires sur le terrain en France, qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Une question de prudence, tout simplement. En effet, tous les pays dans lesquels nous travaillions sont en train de fermer leurs frontières et ont annoncé qu’ils fermaient leurs espaces aériens. Et il se trouve que nous avions des volontaires qui s’apprêtaient à terminer leur mission prochainement, et il y avait le risque qu’ils restent bloqués là-bas, puisqu’on ne sait pas pour combien de temps les espaces aériens resteront fermés.
Mais également une question d’efficacité, puisque nous appliquons les mesures prescrites par les autorités françaises à l’étranger, plus les mesures des pays dans lesquels nous travaillons, plus les nôtres, encore plus strictes, pour éviter d’avoir des cas dans nos équipes. Ce qui fait que nous évitons les contacts directs avec nos interlocuteurs, nous travaillons principalement à distance, par télétravail, comme en France, depuis nos bureaux. Et comme nous étions devenus beaucoup trop nombreux pour cela, il fallait réduire les équipes, et donc laisser entre quatre et six personnes par mission.
Comment allez-vous assurer la pérennité de votre action dans les pays où vous êtes présents, à court et à long terme, si la crise sanitaire devait se prolonger ou empirer ?
Comme je vous le disais, nous avons mis en place des équipes réduites, avec un ou deux chefs de mission dans chaque pays, et puis nos collaborateurs locaux qui continuent à travailler en évitant tout contact entre nous et eux, et entre eux et les populations avec lesquelles nous travaillons. Et puis quelques volontaires, pour d’une part préparer l’été, parce que nous espérons que l’épidémie aura diminuée d’ici-là et que toute nos activités durant cette période pourront se dérouler normalement, mais également continuer les projets en cours, assurer leur suivi, discuter avec nos interlocuteurs, pas de visu bien sûr, mais par téléphone, WhatsApp, etc.
Avez-vous des nouvelles de vos quatre salariés disparus à Bagdad depuis courant janvier ?
À ce stade, l’association n’a pas été contactée à propos des disparus, nous n’avons donc pour le moment pas plus d’éléments que ceux que nous avons diffusés fin janvier. Nous prions pour eux et leurs familles.
Entretien avec Pierre Retin, médecin libéral dans une métropole préfectorale de l’Est de la France. Il répond aux question de Paul Vermeulen
Quand vous avez vu venir l’épidémie, avant la majorité de la population, avez-vous eu le sentiment que la France réagissait à la vitesse appropriée ?
Dans un premier temps, je me disais que ce n’est peut être pas si grave même si le nombre de cas chinois était explosif. D’autant plus que j’avais en tête l’épisode de grippe A H1N1 de 2009 où le nombre de malades et décès potentiels avaient été largement surestimés (même s’il y a eu beaucoup de morts). Puis je me suis rappelé qu’à l’époque il y avait un vaccin disponible. Ce qui m’a frappé et fait prendre conscience de la gravité, c’est la rapidité avec laquelle les premiers cas français se sont déclarés et la vitesse locale de propagation.
Avez-vous été correctement et rapidement informé par l’État des dangers de cette épidémie devenue pandémie ?
Au début, nous avons été informés comme le public français par les médias, partagés entre ceux qui minimisaient cette épidémie et les alarmistes. Puis quand l’épidémie a commencé a se disséminer, nous avions un point par mail, soit des unions professionnelles des médecins libéraux soit du conseil de l’ordre, soit de la direction générale de la santé, pluri-quotidiens, avec développement d’une application smartphone pour les alertes. Puis subitement au début de la semaine dernière, plus rien… Pour moi cela voulait dire que quelque chose de grave allait se passer. Comme si tout le monde se préparait au pire. Ce qui était le cas.
Concrètement, maintenant que la pandémie est confirmée, comment s’organise le quotidien d’un cabinet médical d’une métropole départementale où le nombre de médecins est limité ?
Ayant travaillé en service d’urgences, au passage à l’an 2000, j’avais quelques notions de gestion de situation de crise. Dans notre cabinet (4 médecins libéraux) nous avons créé un groupe Whatsapp dès dimanche afin de nous coordonner et de prendre les meilleurs décisions, nous avons décidé de conserver les consultations prévues en réorganisant le cabinet, tout sur rendez-vous, sas et interphone pour ne pas laisser tous les patients en salle d’attente, des plages réservées pour les gens malades en fin de journée, ces patients devant rester dans leur voiture confinés jusqu’à ce qu’on les appelle et enfin mise en place d’un service de téléconsultation. Bien sûr, nous faisons un point quotidien entre nous afin de réajuster tous les jours nos conduites à tenir puisque la situation évolue très vite ! Nous sommes aussi en contact entre médecins via les réseaux sociaux comme Facebook qui a été très critiqué il y a quelques semaines et qui est une vraie force pour nous.
Les médecins de ville sont-ils correctement équipés ?
Depuis le début de l’épidémie officiellement déclarée, nous n’avons rien que ce que nous avions déjà en stock. Les quelques boites de masques FFP1 (insuffisants pour protéger le porteur) fournies par l’État la semaine dernière ont été prises d’assaut par d’autres professionnels de santé comme certains dentistes sans se soucier de nous, médecins de première ligne. Les pharmaciens nous ayant opposé le fait qu’ils n’avaient pas le droit de refuser de leur délivrer. De même, de voir les stocks de masques FFP2 (efficaces pour protéger le porteur) et de solution hydroalcoolique des bureaux de vote m’a profondément choqué. Sachant que dans les hôpitaux ils manquent absolument de tout, c’est révoltant. Nous attendons les masques FFP2 promis par le Président pour les jours qui viennent, sachant qu’ils devraient être réservés aux seuls professionnels de santé au contact réel des malades. En attendant, j’ai été agréablement surpris d’une certaine solidarité car un voisin orthopédiste et un autre ostéopathe nous ont gentiment proposé leurs quelques masques, vu qu’ils ferment leur cabinet.
Que pensez-vous de la situation dans les hôpitaux ? Matériel en quantité suffisante ? Anticipation ou impréparation ?
J’ai peu de contacts directs avec l’hôpital du coin, comme la communication est très faible. Mais nous avons eu une réunion entre les médecins de ville et l’hôpital où ils nous ont laissé entendre que la situation est déjà très tendue. De même sur les réseaux sociaux, beaucoup de confrères d’autres régions sont dans des situations catastrophiques.
Les politiques de santé des dix dernières années, restrictives, ne sont-elles pas source d’inquiétude devant une telle pandémie ?
C’est évident que toute la santé en France, qu’elle soit libérale ou hospitalière fonctionne depuis très longtemps à plus de 100%. Il n’y aucune marge de manoeuvre.
De votre point de vue, depuis l’apparition du Covid-19, qu’est-ce qui a bien fonctionné concernant l’organisation locale de la riposte ? Mal fonctionné ?
L’organisation locale hospitalière est plutôt bien gérée pour l’instant malgré le manque flagrant de moyens matériels ou humains. Du point de vue du cabinet c’est un peu plus compliqué, chacun fait ce qui lui semble juste. D’ailleurs, une consultation unique de cas suspects va très vite se mettre en place sur une maison médicale de garde qui resterait ouverte en journée et fonctionnant avec des médecins libéraux sur la base du volontariat. Par contre du point de vue du grand public, c’est l’anarchie, aucun respect des consignes nationales, des supermarchés pris d’assaut, des pharmacies submergées de personnes non malades venant faire des stocks de tout et rien, (j’ai vu un homme âgé repartir avec 3 boîtes de sérum physiologique pour l’hygiène nasale des nourrissons). Il aurait dû y avoir une attitude raisonnable du public pour éviter cette folie ou par prise de conscience du professionnel qui devrait jouer le rôle de garde fou.
Sommes-nous en situation de juguler cette pandémie ?
Je ne suis absolument pas capable de vous donner une réponse à l’heure actuelle. Le seul exemple de pays que nous avons est la Chine où la population est suffisamment disciplinée pour accepter des vraies mesures de confinement et ayant les capacités de mettre en oeuvre tout ce qu’il est possible en moyens humains et matériel (hôpitaux de campagne, tests disponibles en abondance..) pour ralentir cette pandémie. Je pense que la balle est dans le camp des Français. De notre côté, nous, médecins de première ligne et l’hôpital, nous attendons le tsunami.
Quelques instants après cet entretien, le médecin nous a envoyé ce sms : “Première hospitalisation… Et les masques ? Notre président nous a promis, nous généralistes des ffp2 qui protègent le porteur du masque et on a des ffp1, celui qui empêche de contaminer les autres, durée de vie normale 4h et on en a 18 par semaine pour les patients et nous…’ on se fout de notre gueule… Je suis furieux !”
La minute sérieuse
Confinement J/3 : confinez-vous, re-confinez-vous qu’ils disaient ?
* Jeudi 19 mars, matin, les hôpitaux français accueillaient 3 626 patients dont 931 en réanimation. Parmi ces cas les plus graves, la moitié sont âgés de « moins de 60 ans » a insisté le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon en annonçant un total de 264 décès, soit malheureusement 89 supplémentaires en 24 heures.
- Ce même matin, Castaner déclarait : « Ceux qui ne respectent pas le confinement sont des imbéciles. Ils se prennent pour des petits héros mais ce n’est pas le cas ». Nombre de quartiers « difficiles » semblent en effet peu concernés par le confinement. Les images diffusées d’abord sur les réseaux sociaux, y compris par les syndicats policiers, puis par les médias télévisés, montrent des quartiers où la population ne tient pas compte des mesures et refuse d’obtempérer lorsque les policiers interviennent. Il faut espérer que les habitants de ces quartiers, malgré une absence criante d’habitude, changent de comportement. À Paris, les quartiers dits multiculturels de la Goutte d’or, de Château Rouge, de Barbès sont particulièrement délicats à gérer pour les forces de l’ordre. Le défaut d’intégration républicaine ne pourra plus être minimisé une fois la crise sanitaire passée.
- D’autres endroits sont tendus : dans le quartier de la Guillotière, à Lyon, la quarantaine de dealers habituellement installée place Gabriel Péri n’a pas bougé. Une épicerie a été pillée à Trappes. Un syndicat de police a diffusé des images montrant deux voitures de police obligées de battre en retraite aux cris de « fils de pute » et autres noms d’oiseaux appris en lisant les grands classiques de la littérature française. À Elbeuf, la police est intervenue mardi soir, malgré les tirs de mortier, pour mettre fin à un barbecue géant organisé par les « jeunes » des quartiers « difficiles », sur les toits des immeubles. La police a aussi mis la main sur un marché noir de 15 000 masques.
Il y aura aussi des questions à se poser sur ce qu’est devenu le Bien commun, et pourquoi.
* Des tensions et des révoltes ont commencé dans certaines prisons : Grasse, lundi 16 mars, où les surveillants ont été obligés d’user de leurs armes à titre préventif, mais aussi dans plusieurs prisons de la région Auvergne-Rhône-Alpes où des détenus ont, mercredi après-midi, refusé de regagner leur cellule à l’issue de la promenade : Lyon-Corbas, Varces, Saint-Quentin-Fallavier, Villefranche-sur-Saône et Aiton. La cause ? La suppression des parloirs.
Par Matthieu Baumier
Refuser de se faire vacciner contre le coronavirus sera désormais passible de prison au Danemark
Bien que le Danemark compte six fois moins de cas d’infection qu’en France et deux décès, le parlement danois a adopté de rudes mesures que le professeur de droit à l’université de Copenhague Jens Elo Rytter caractérise comme étant les « plus extrêmes depuis la Seconde guerre mondiale ». Georges Pompidou le disait : « Gouverner, c’est contraindre ». En vue d’anticiper d’éventuelles réactions récalcitrantes à la sortie du vaccin contre le Covid-19, c’est la philosophie que le Parlement danois a unanimement adoptée en votant cette loi d’exception, effective jusqu’en mars 2021, qui accorde tout pouvoir aux autorités sanitaires pour imposer le dépistage, le traitement et la mise en quarantaine, avec l’appui des forces de l’ordre, rapporte le Local-Denmark.
Le ministre de la santé danois se félicite et se dit touché de voir l’ensemble du parlement s’unir par ce vote : « L’heure est venue de mettre de côté les intérêts partisans et de tous se réunir afin de mettre en œuvre les mesures nécessaires qui permettront au Danemark de sortir au mieux de cette crise ». En vertu de cette loi, un refus d’obtempérer conduira à une condamnation se traduisant par une amende ou une peine de prison ainsi qu’une interdiction de se rendre en magasin, au supermarché, dans un hôpital, un établissement public ou dans les transports en commun. À l’instar des méthodes autoritaires mises en œuvre par la Chine pour enrayer la pandémie dans la région infectée, le projet de loi initial prévoyait des mesures encore plus draconiennes en autorisant la police à pénétrer sans mandat dans une résidence sur la base d’une présomption d’infection, une mesure vite abandonnée suite aux réactions de l’opposition. Des complications pourraient, en effet, émerger si des dénonciations entre voisins, se fondant sur des suspicions liées à des bruits de toux ou d’éternuements, devenaient fréquentes, comme c’est actuellement le cas en Californie, rapporte le Desert Sun.
Un drôle de pays finalement, ce Danemark où la gauche anti-migrants gagne de plus en plus de pouvoir, avec comme but de défendre son modèle social, mais qui a maintenant procédé à la fermeture de ses frontières.
Par Étienne Faucher
Angleterre : la bonne nouvelle dujour
« C’est une question de semaines », a déclaré hier soir Sir Patrick Vallance, conseiller en chef santé de Boris Johnson, lors du briefing quotidien du 10 Downing Street. Un test sanguin permettra d’ici peu d’identifier les sujets porteurs d’anticorps contre le coronavirus. Les formes asymptomatiques de la maladie sont nombreuses. (C’est le cas de figure le plus enviable, celui dont on rêve tous : attraper la maladie sans fièvre, ni douleurs, ni problèmes respiratoires. On n’a rien senti, on n’a pas souffert, on est immunisé). La population immunisée ainsi recensée pourrait être exemptée de toute consigne de confinement, libre d’aller et venir. Des milliers de personnes pourraient reprendre le travail sans danger pour les autres.
Le test a été mis au point par une équipe de l’école de médecine Mount Sinai de New York aux USA. Le rapport scientifique est paru le 17 mars (“A serological assay to detect SARS-CoV-2 seroconversion in humans”) relayé par la MIT Technology Review.
Les statistiques devraient ainsi se préciser. Car si le nombre de décès dus au Covid-19 est une donnée irréfutable, les chiffres de la population touchée sont flous. Le coronavirus aurait infecté 214 000 personnes dans le monde, provoquant 8 700 décès, soit un taux de mortalité effrayant de 4%. Or les scientifiques s’accordent à penser que le nombre de sujets infectés est largement supérieur et donc le taux de mortalité très inférieur. La pratique systématique de tests (recommandée par l’OMS) ainsi que l’utilisation de ce nouveau test sanguin sur les anticorps permettront de mieux appréhender l’évolution de la maladie.
Surtout, la population immunisée, une fois identifiée, viendra renforcer les troupes sur le terrain, dans les hôpitaux, laboratoires, supermarchés, écoles, dans tous les secteurs. Et l’économie pourra peu à peu revenir à la normale.
Les Anglais avaient opté pour une stratégie officielle d’immunité collective. C’est l’une des approches possible : elle consiste à laisser se diffuser le virus pour immuniser la population jusqu’à stopper l’épidémie. Boris Johnson a depuis nuancé cette approche, redoutant l’engorgement d’hôpitaux sous-équipés pour supporter un afflux massif de patients. Désormais, le gouvernement encourage la distanciation sociale. Universités, restaurant, théâtres, ferment. Ce nouveau test sanguin pourrait permettre de revenir à une stratégie d’immunité collective, plus affinée, nettement moins tueuse.
Par Sylvie Perez
Le réel sidéré
Voilà, on y est : même si c’est par le petit bout de la lorgnette, notre civilisation entre à nouveau dans l’histoire. Oh, ce n’est pas un conflit, ce n’est pas une guerre, comme s’est plu à nous le répéter notre petit chancelier, mais une crise sanitaire mondialisée dans les grandes lignes, c’est tout de même un moyen de nous rappeler que nous sommes dans l’Histoire, que nous n’en sommes pas totalement sortis, malgré l’injonction murrayenne de l’occident post-historique.
Voilà, les grandes villes européennes sont désertes, le chant des oiseaux a remplacé la flagornerie industrielle des open space et le tumulte chromé du périphérique, le soleil printanier s’allonge indéfiniment sur le quadrillage désormais vain des avenues et des boulevards, c’est une sorte de Carême obligatoire, une parenthèse enchantée qui a grippé le Dispositif, et qui nous permettra sans doute, une fois passée la crise, de reconsidérer avec des yeux nouveaux ce Réel trop de fois adoubé par la toute-puissante Fiction.
Car entre les survivalistes qui n’attendent que ça, les collapsologues à la petite semaine, les déclinistes et les feuilletonneux amateurs de zombies, on a cru voir une sorte de sidération, presque un engouement face à ce retour du concret dans la grande fiction hollywoodienne qu’est l’Occident post-nucléaire.
Finalement, où se situe la fiction ? Dans une grippe propagée mondialement par une sorte de pokemon chimérique et carapaçonné, ou au contraire dans une civilisation qui ne peut jouir et avoir peur que par l’entremise d’un divertissement industrialisé, pendant que les États profonds cloudent leurs guerres de territoire et d’énergie bien loin de nos couffinosphères urbaines ?
La fiction, ce n’est pas un film de zombie, ce n’est pas un film de contagion, la fiction c’est précisément cet Occident vitrifié incapable de regagner la marche du monde et somatisant éternellement cette impuissance, s’appuyant sur un morne caducée en forme de hochet.
La fiction, c’est une armée de veaux en batterie, circuités à Netflix, tout à fait incapables de n’avoir d’autre horizon, d’autre transcendance, qu’un écran pourvoyeur de songes matelassés et qu’une illusoire utilité dans un monde-système abrupt via dans une pléthore de bullshit jobs – eux aussi des fictions encapsulées dans la fiction. Êtres fictifs dans un monde fictif, voici le retour du réel par un scénario de science-fiction : non, nous ne sommes pas sur le front, oui, cette crise sanitaire est pour l’instant relativement dérisoire comparée à d’autres, mais oui, nous avons regagné, benoîtement, la marche de l’histoire, et il nous appartient désormais d’en déchiffrer à nouveau le sens.
Par Marc Obregon
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