Réussite technique évidente malgré une production à l'économie, ce moyen-métrage est la preuve que la France peut fournir un cinéma de genre de qualité, réalisé avec autant de passion que de professionnalisme. Si le présupposé de base est d'un classicisme total (l'équipage d'un vaisseau – un vieux briscard et un jeune loup fougueux – est à la poursuite d'un autre vaisseau), le sous-texte, lui, mérite que l'on se penche dessus avec plus d'attention.
En effet, alors que l'on pourrait à l'origine y voir un plaidoyer féministe un peu bourrin et manichéen, en creusant un peu, une autre lecture s'impose : celle du modernisme violent, qui agit avec autrui selon son intérêt (on pourrait voir dans ces machines féminines harnachées aux vaisseaux et utilisées selon les désirs des capitaines une métaphore à la fois des femmes, mais aussi de la force de production, Vascan, le jeune capitaine, faisant furieusement penser aux golden-boys de Wall Street, avides et froids), contre un monde ancien, à la fois chrétien (le vieux mécanicien, Lago, se signe et serre son crucifix) et païen (la sororité de Corey et des prêtresses qui libèrent les machines) qui voit l'âme et croit en une forme de transcendance.
Un thème dantecquien
Pour résumer, l’équipage se trouve aux prises avec une espèce de secte s’acharnant à sauver l’âme des machines, âme s’incarnant dans une jeune femme nue, sorte d’ange galactique allant ressusciter celles des autres vaisseaux pour fomenter la révolte, l’action se déroulant à proximité d’un cimetière d’épaves spatiales. Spéculation métaphysique se jouant ici essentiellement par l’image et qui fait songer à celles du regretté Maurice G. Dantec, lequel opposait ainsi souvent des machines accouchant d’une âme à des humains que le matérialisme avait réduit à l’état de robots.
Carpenter Brut : une bande originale d'exception
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