Vous jugez qu’un troisième mai 68 est né en parallèle des deux volets les plus connus, ouvrier et, pour schématiser, « libéral-libertaire », troisième volet que vous qualifiez de strictement libertaire et opposé à la société industrielle, au machinisme. Qu’en reste-t-il ?
Le troisième courant de mai 68, à côté du mai ouvrier et du mai gauchiste, devenu rapidement libéral-libertaire, est un mai 68 réellement libertaire – au sens d’un attachement très fort à l’autonomie des hommes et des communautés. C’est le courant de la critique de la société productiviste et de ceux qui ont prôné, et parfois vécu concrètement, un « retour à la terre » (sans nostalgie maréchaliste), un retour à une vie plus libre, moins dépendante des grandes machines étatiques et économiques. Ce mai 68 attaché aux libertés réelles et non à l’abstraction de « la Liberté » s’inscrit dans la lignée de Ralph Waldo Emerson, de Henry David Thoreau, de Bernard Charbonneau, du journal La Gueule Ouverte, créé en 1972, du Comité invisible, voire de Montaigne et de Nietzsche, comme exemples de philosophes non dogmatiques et de penseurs de la vie pleine et libre.
Ce courant a mené un combat, souvent non violent, contre tout ce qui relève d’une mise au pas des hommes et des esprits. On le retrouve dans la critique du confinement totalitaire à prétexte sanitaire et des masques obligatoires (et qui « ne protègent pas du virus », comme il est écrit dessus). Ce combat non violent des libertaires, à la Gandhi, n’est pas pour autant un combat « mou », mais bien plutôt un combat non frontal utilisant la force même de l’État pour le déstabiliser. Il reste de ce courant l’essentiel, à savoir l’esprit critique, le refus de croire sans inventaire les discours des médias dominants. Il reste de ce troisième mai 68, un souci de l’hygiène de l’esprit plus nécessaire que jamais. [...]
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