Le dessin est intrinsèquement opposé à la peinture pour plusieurs raisons : parce qu’il relève de la ligne claire, parce qu’il ne dépend pas de constructions préliminaires et qu’il n’est pas soumis aux règles de la perspective. Un dessin est le produit direct d’un corps, et sa conception relève de l’intuition, là où la peinture s’élabore par couches, par zones de construction et par lignes de fuite. C’est pourquoi le dessin est profane par essence, là où la peinture est sacrée. Le dessin relève de l’animisme là où la peinture relève du théisme. Le dessin s’inscrit dans l’histoire de l’art, et ce dès ses balbutiements, comme une sorte d’inconscient, de pratique résiduelle et pulsionnelle.
Ainsi, on peut trouver une origine probable de la caricature dans les marginalia, ou « drôleries », qui apparaissent dans les marges des manuscrits à la fin du XVe siècle et mélangent des éléments gothiques et modernes, tout en intégrant des scènes de la vie quotidienne, champêtre, festive, voire érotique. Le marginalia s’est imposé comme un contrepoint nécessaire, empruntant autant à la fatrasie qu’à la tradition ésopique. La caricature devient populaire dès la fin du Moyen Âge – notamment sous forme de gravures sur bois – mais prend son essor à partir de l’imprimerie : facile à copier, facile à diffuser, elle est liée à l’ère de la reproduction. Elle se développe considérablement sous la Réforme, où la contestation des autorités religieuses devient peu à peu institutionnelle. [...]
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