Vous commencez par une généalogie de l’atlantisme à la française : vous utilisez l’expression étonnante de « pères fondateurs de l’ultratlantisme ». De qui s’agit-il ?
« Les pères fondateurs » est une expression typique du patriotisme biblique américain. Par mimétisme, les dirigeants européens l’ont reprise pour réenchanter « le narratif » de la construction européenne. Quant à l’ultratlantisme, c’est ce désir chez beaucoup d’Européens de transposer leurs idéaux en Amérique et de conjurer leurs citoyens de rester fidèles aux promesses d’une société nouvelle, plus libre, plus heureuse, plus pure. Ce sont des Européens qui se veulent plus américains que les Américains eux-mêmes, ce qui a été particulièrement saillant pendant ces quatre années de trumpisme.
Nous avons pensé qu’ajouter le préfixe « ultra » pouvait aussi souligner l’aspect extrême de leur position. Quant au choix des personnalités, il y a des incontournables comme La Fayette et Jean Monnet et d’autres plus inattendus et moins importants parmi l’immense cortège des Français fascinés par la société américaine. Au centre de l’échiquier politique, où se trouvent la plupart de ces acteurs, on milite dans un premier temps pour une alliance franco-américaine et puis, avec le temps, en faveur d’un gouvernement mondial inspiré du système libéral américain. [...]
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