Il fallait le voir et l’entendre s’émerveiller du cinéma « patrimoine », des films de Gremillon, de Raymond Bernard ou d’Anatole Litvak, il fallait l’écouter parler de Gabin et de Darrieux, des chefs d’œuvres de Renoir ou de Becker et des drôleries de Guitry. Tavernier c’était le cinéaste qui parlait des films des autres, avec la fougue des premières amours même à soixante-quinze ans. « Découvrir ces films, je trouve, à chaque fois, moi, ça me donne envie d’en créer. Ça me nourrit, ça me donne envie d’en créer. Et je dirais même plus, ce sont vraiment ces films-là qui m’ont fait aimer mon pays, qui m’ont fait aimer la France. », racontait-il en 2018. Ce travail de mémoire il y consacra ses dernières années, avec son documentaire Voyage à travers le cinéma français sorti en 2016 puis remonté en série de huit épisodes un an plus tard.
Sa première rencontre avec le 7e art a lieu dans un sanatorium. Le jeune Tavernier souffre de la tuberculose, et lors des projections organisées le dimanche, il découvre Dernier Atout, le premier film de Jacques Becker. Un choc « que j’ai mis trente ans à identifier », dira-t-il. Le souffle qui lui manque, il le goûte à l’écran dans une scène de poursuite nocturne en voiture. C’est devant un western de John Ford que le jeune Tavernier comprend qu’il veut être metteur en scène. Il a 13 ans et se dit « Je veux filmer ces ciels ». Il attendra un peu. Né dans [...]
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