Début septembre 2021. Martissant, dangereuse banlieue de Port-au-Prince et unique porte d’entrée vers le sud haïtien. L’air est brumeux bien que le soleil soit au zénith. À côté de la Nationale 2, les ruelles sont vides. Point d’ombre humaine dans ce bidonville qui, il y a encore quelques jours, était le théâtre d’affrontements entre de sanguinaires et impitoyables gangs. Mais depuis le tremblement de terre, un accord a été trouvé entre les autorités et ces groupes armés, afin « qu’ils quittent temporairement les lieux » pour faciliter l’acheminement de l’aide d’urgence.
Trois heures plus tard, Les Cayes. Si le rond-point de la ville porte son crucifix intact, tout au long de la route, ce ne sont que débris et gravats. Et alors que le bus de Chic Transport, l’une des rares compagnies à desservir le département du sud se gare, c’est la panique : des vrombissements de motos dans tous les sens, et trois policiers dont le commissariat a été démoli par le séisme deux semaines plus tôt courent en tentant d’organiser la circulation. Il s’agit en réalité d’une fausse alerte aux répliques : depuis le 14 août et le tremblement de terre, l’attente angoissante des répliques crée ces fausses alertes. […]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !