En quoi nos institutions souffrent-elles d’une « dérive » qui nuirait à leur légitimité démocratique, ainsi que vous le dites dans votre proposition ?
La France a un tropisme monarchique que le fondateur de la Vème République a intégré dans le renouveau de nos institutions après une longue et désastreuse période de régime parlementaire. Toutefois il a inscrit aussi dans le texte constitutionnel deux soucis majeurs : la souveraineté populaire qu'il appelait notre « Cour suprême », et un certain équilibre des deux pouvoirs, exécutif et législatif, le premier l'emportant certes sur le second, mais non d'une manière absolue, puisque la motion de censure et la dissolution permettent une balance à l'issue de laquelle c'est le peuple qui tranche. De même, le pouvoir exécutif sépare le Président et le Gouvernement : le premier s'occupe du long terme et le second du quotidien. Le Premier conserve et assure la continuité de la nation. Le second détermine les orientations politiques. Le premier tient sa légitimité directement du peuple, le second doit la tirer d'une majorité parlementaire.
À partir de là, plusieurs interprétations étaient possibles : soit le Président « gouvernait », soit il admettait une certaine latitude dans les choix gouvernementaux en se réservant un domaine propre, soit enfin il acceptait la cohabitation avec un gouvernement issu d'une majorité différente de la sienne. Pour remédier au flottement des cohabitations et à leur issue fatale pour le gouvernement, on a instauré le quinquennat qui fait jusqu'à présent de l'Assemblée nationale élue dans la foulée de l'élection présidentielle une chambre d'enregistrement. L'équilibre a disparu, comme a disparu l'appel au référendum. [...]
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