La religion musulmane n’a pas surgi par hasard, n’importe où, ni n’importe quand. Elle s’est dressée dans un monde précis, celui de la péninsule arabique du début du VIIe siècle, comme une révolte, un immense souffle de remise en cause de l’ancien ordre religieux et tribal qui régnait jusqu’alors sur cette partie du Moyen-Orient. Elle représente une révolution tout autant spirituelle que politique. En cela, elle possède une nature historique radicalement différente du christianisme, qui s’est développé dans le cadre déjà établi de l’Empire romain. Tandis que le christianisme forme une rupture de nature religieuse, l’islam représente aussi une rupture politique, une prise de pouvoir sur la société. L’islam constitue son propre césar, là où le christianisme des origines laisse le trône terrestre à un césar puissant et encore polythéiste. Il faudra en effet attendre la conversion de l’empereur Constantin puis celles des rois francs et le Moyen Âge pour que le christianisme accède enfin au pouvoir, mais uniquement en tant que soutien du monarque.
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L’islam s’inscrit pour sa part dans une toute autre trajectoire. Cependant, historiquement, la structuration de l’islam en tant que mode d’organisation de la cité ne passa pas par l’instauration d’un État au sens occidental du terme. L’institution étatique ne doit en effet pas être confondue avec la simple notion de pouvoir politique. L’État constitue une forme particulière de système de gouvernement née à la fin du Moyen Âge en France et en Angleterre. Détenteur absolu de la souveraineté, disposant du monopole de la violence légitime, il repose sur la création d’un appareil spécifique, à savoir un corps fonctionnaire spécialisé dans l’exercice des prérogatives administratives. Il dirige par le recours à l’instrument du droit civil, regroupement d’un ensemble législatif dépouillé des dogmes religieux. [...]
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