Éric Zemmour qui aura tant souhaité de ressembler à Emmanuel Macron durant toute la campagne, selon le vieux principe de la rivalité mimétique, doit être rassuré depuis hier soir : ils peuvent désormais communier dans la même défaite, celle des prétentieux. À supposer, pour l’un, que quelques idées simples déclinées pendant quinze ans à la télévision ; pour l’autre qu’un en même temps superbe aient suffi à les propulser vers l’empyrée démocratique, ils en ont oublié les fondamentaux de la politique civilisée, savoir que, quel que soit le régime, le but reste tout de même de répondre aux aspirations de ses peuples – quitte à le guider malgré lui vers des horizons plus profonds que ceux qu’il imagine.
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La merveilleuse nouvelle de cette législative, c’est que la politique spectaculaire a pris un sérieux coup dans l’aile. Jean-Luc Mélenchon avait beau tonner qu’il serait Premier ministre, Emmanuel Macron appeler à un vote républicain sur un tarmac, Reconquête frayer sur tous les plateaux télé, ce sont les rugueux candidats du bas de la France qui ont, seuls, ouvert une voie pour leurs idées. Les inconnus de la Nupes, les anonymes du RN, les enracinés survivants de LR annoncent probablement une assemblée neuve, aux idées hétéroclites et certainement pas toujours rationnelles, mais qui au moins auront le mérite d’annoncer un véritable renouvellement et d’assurer le peuple que sa parole sera portée.
La raison y gagnera-t-elle ? Sans doute non. Mais après tout, qui a jamais cru que cette République fondée sur ses propres « valeurs » jamais définies philosophiquement, et reposant sur la voix d’un peuple-troupeau était du parti de la raison ? Au moins, les mois qui viennent seront-ils passionnés, et les déclamateurs de petits cercles retourneront-ils réviser leurs classiques. Ce ne sera certes pas encore Périclès ; peut-être Démosthène.