On ne le dira jamais assez : si le vampire est l’un des mythes les plus cinématographiques du monde, c’est parce que vampire et cinéma participent de la même forme spectrale : ils sont de pures images, déviées de leur existence et condamnées à être projetées éternellement sur le mur blanc de nos fantasmes. Coppola l’a très bien compris et, à ce titre, Dracula est peut-être son film le plus testamentaire, un hommage vibrant au cinéma d’antan, à cet art forain qu’il a connu enfant.
L'apport de Coppola a été de faire de Vlad Drakul une sorte de prométhée romantique qui renie Dieu par amour
S’entourant d’artisans surdoués (costumes, lumière, bande originale : tout confine à la perfection), Coppola choisit de réaliser les trucages « en dur », c’est-à-dire en direct sur le plateau, osant tout, parfois jusqu’au grand-guignol, déversant des litres de sang sur le plateau, figurant une scène de bataille avec des pantins de bois ou faisant monter ses acteurs sur des rails de travelling. Rejoignant les grands plasticiens du muet, Abel Gance en tête, Coppola signe un film total représentant un formidable compendium de l’illusion et de l’horreur. Peinture sur cache, surimpression, maquillages en latex, animation image par image, jeux d’ombres et de fumée : Dracula représente une lanterne magique grandiose récapitulant tous les dispositifs du cinéma avant leur submersion par la soupe numérisée. [...]
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