La Commission européenne a proposé le 18 septembre de réduire de 7,5 milliards les fonds alloués à votre pays, en invoquant le « mécanisme de conditionnalité », arguant de problèmes de corruption ou de non-respect de l’État de droit. Que va-t-il se passer ?
L’avantage avec cette décision de la Commission européenne, c’est que les négociations de plusieurs mois sur la procédure de conditionnalité sont terminées, et qu’ainsi on ne peut plus rien réclamer pour le moment à la Hongrie. Cependant, les négociations – qui sont constructives – se poursuivront. La Hongrie s’est engagée à mettre en œuvre les modifications nécessaires et le gouvernement les a déjà soumises au Parlement. Nous avons pris 17 engagements, dont la création d’une Autorité d’Intégrité qui surveillera les procédures de passation des marchés publics pour les projets financés par l’UE.
La Commission européenne évoque des problèmes de corruption, et d’atteinte à l’État de droit. Pour vous, ce sont des choses parfaitement hors de propos ou y a-t-il néanmoins des efforts à faire ?
Il est toujours question d’État de droit : l’État de droit est quelque chose qui n’était pas défini jusqu’ici. Cependant, c’est un concept très important pour nous et nous sommes des partisans convaincus de l’État de droit, car nous avons toujours lutté contre l’oppression, d’abord sous les fascistes, puis sous les communistes. Le Premier ministre hongrois s’est également beaucoup battu pour la liberté de la Hongrie, pour y instaurer la démocratie à la place de la dictature communiste. Mais il faut avoir une claire définition de l’État de droit, pour identifier les problèmes. La question de la conditionnalité, qui est maintenant le grand débat, permet pour la première fois d’éclairer le point de vue de la Commission : ainsi, nous pourrons réagir de manière claire. La Hongrie a négocié avec la Commission européenne dans un esprit constructif afin d’élaborer conjointement les propositions, dont l’objectif est de garantir que la transparence des marchés publics fonctionne en Hongrie conformément aux normes de l’UE, ainsi que la lutte contre les conflits d’intérêts et la corruption. Il est difficile à réagir au simple constat de ce qu’en Hongrie l’État de droit ne fonctionnerait pas. Mais si les critiques sont concrètes, nous pourrons réagir de manière concrète.
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Votre relation est compliquée avec la Russie en ce moment, notamment à cause de la question énergétique. Pouvez-vous la préciser ?
Je suis toujours très étonné quand je lis que la Hongrie serait très proche de la Russie. Il est important de bien connaître l’histoire. Si on la connaît, on sait ce qui est arrivé en Hongrie en 1956 et pendant les années de la dictature communiste. Par ailleurs, sur la question de l’énergie, nous recevons aujourd’hui 85 % de notre gaz de la Russie et 64 % de notre pétrole. Cela nous place dans une situation très spéciale et difficile. Une situation très différente de celle de la France, qui est beaucoup moins tributaire de l’énergie qui arrive de Russie. Nous avons donc la nécessité de dialoguer avec la Russie. Avant l’éclatement de la guerre, notre Premier ministre a fait l’effort d’aller à Moscou parler avec le président Poutine. En amont de cette rencontre, il s’est entretenu avec Emmanuel Macron, et a parlé aussi avec le secrétaire général de l’OTAN. La position hongroise était très claire. Au sein de l’UE, il y a des différends concernant l’énergie, parce que la Hongrie est géographiquement beaucoup plus proche de la Russie que d’autres États membres, mais la Hongrie a condamné l’agression militaire dès le début, soutient la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et nous avons jusqu’à présent signé tous les paquets de sanctions apportés par l’Union européenne. [...]
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