Avec un art consommé du soft power, le cinéma américain glorifie le Vietnam (une raclée), exalte les guerres d’Irak (un scandale), et même les échecs assumés (La Chute du faucon noir) prennent des airs d’épopée. En France, malgré les combats de Saumur, malgré la Résistance, malgré notre victoire militaire en Algérie, malgré Bouvines et Austerlitz, malgré nos capacités expéditionnaires (y compris récentes) et le courage de nos soldats, on ne sait faire que La Septième compagnie et en trilogie, encore, au cas où le message ne soit pas passé la première fois, et La Grande vadrouille. Ou alors, il y a Indigènes : les fameux tirailleurs qui ont libéré la France malgré le mépris colonial. On fait une deuxième partie sur les « maroquinades » de l’armée d’Afrique en Italie ? Chiche.
L’exception Schoendoerffer
Heureusement, dans ce paysage déprimant, trois noms sauvent l’honneur. D’abord l’incontournable Pierre Schoendoerffer, reporter de guerre en Indochine, excellent connaisseur de la chose militaire, dont les films exaltent le sacrifice, le panache, l’amitié, le courage, la loyauté et toutes ces choses qui font bâiller d’ennui la jeunesse KFC- TikTok. On peut par exemple, parmi dix autres monuments bien connus des petits garçons de droite, voir ou revoir Dien Bien Phu (musique célèbre et sublime de Georges Delerue), tourné il y a trente ans et qui n’a pas vieilli. On y passe de la stratégie à la tactique, de l’effondrement d’un art de vivre – dont la nostalgie étreindra toute sa vie un Hélie de Saint-Marc – à l’héroïsme brut de soldats qui donnent leur vie à la France avec la manière.[...]
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