


Précédé d’une rumeur publique élogieuse, de prix dans les festivals et d’un gymkhana d’avant-premières pour en roder le narratif, Retour à Séoul laisse comme deux ronds de flan. On se doutait que le résultat serait inversement proportionnel aux forces promotionnelles, mais quand même. Le film de Davy Chou avait peut-être le principal, un sujet : la quête des origines d’une jeune française d’origine coréenne débarquée par hasard à Séoul. Ce sujet est malheureusement pris sur son versant le plus anecdotique, la recherche des parents vite résolue pour le père, retardée pour la mère. Laissée seule dans le centre d’adoption où elle tente d’obtenir des réponses, Freddie (Park Ji-min) feuillette des papiers et découvre que la guerre de Corée a entraîné l’abandon de dizaines de milliers d’enfants promis à une vie meilleure en Occident.
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Le souffle de l’histoire qui parcourt un instant l’écran se révèle un simple courant d’air. Chou ne creusera pas cette piste – qui nécessite, il est vrai, une ampleur de vue dont il ne dispose pas. À la place, on aura la tarte à la crème d’une émancipation, hoquetante et feuilletonnée – voilà la maigre originalité, tout comme la personnalité de Freddie franchement déplaisante, quelque part entre le piteux Orpheline de Arnaud des Pallières ou une héroïne de Mike Leigh, mais privée de l’inscription dans un contexte social que son inadaptabilité mettrait à nu. On ne met rien à nu dans Retour à Séoul. [...]
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C'est un naufrage artistique : Diane de Poitiers, téléfilm estampillé France Télévisions consacré à la pourtant passionnante histoire de l’intrigante en chef d’Henri II, a unanimement provoqué l’hilarité. Le téléfilm de Josée Dayan a soulevé les cœurs, boursouflé, stupide, révisionniste et culminant de bêtise lors d’une interprétation lunaire de Joey Starr, passé en quelques années de « racaille utile du système » à « cabot tragiquement inutile ».
On s’interroge encore aujourd’hui: comment et pourquoi peut-on échouer à ce point? Lorsqu’elle évoque l’histoire de France, la production cinématographique hexagonale semble brutalement frappée d’apoplexie. Doit-on se tourner vers Ridley Scott pour trouver un cinéma à la hauteur de nos héros? Le très francophile réalisateur britannique est en train de peaufiner un Napoléon qu’on annonce forcément grandiose – même si un Napoléon réalisé sous la houlette de la Perfide Albion ne manquera pas de faire grincer quelques dents. Projet qui sonne comme une Arlésienne depuis le script abandonné par Kubrick... On ne doute pas que Scott, bon faiseur, saura aligner quelques chromos spectaculaires. Mais que restera-t-il de l’esprit français, une fois qu’il sera mâchonné par l’accent amerloque de Joaquim « Jaws » Phoenix ? Assurément, pas grand-chose. [...]
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HORS TEMPS
ESTAMPES, GUILAUME BARRAUD et MATHIEU BÉLIS, B&B Productions, 19 €
Dix années de complicité assurent l’aspect enchanteur d’Estampes, le nouveau projet du duo de compositeurs Mathieu Bélis (piano) et Guillaume Barraud (flûte traversière). Conçu sans objectif précis pendant la pandémie, cet album à l’esprit ouvert multiplie les morceaux pensés hors temps à des tempos d’une lenteur savoureuse (In and Out, Marche lunaire... Quelle délectation !) Avoir osé ce moment uniquement façonné de « trifouillage » furtif à mains nues comme avec Dans les cordes, nous offre des émotions parfaitement inédites. Avec Parade of Stars, Douce ivresse, on mesure la qualité de la prise de son qui restitue si bien la sensualité du rapport aux instruments. Ce jazz contemporain empreint de musique classique et traditionnelle se parfois un brin pop, comme dans Perfect Blue, Balade de Duke où le duo invite le guitariste percussionniste Kevin Seddiki à poser des lignes de guitare inspirées. Un disque très intimiste mais à livrer aux foules ! Alexandra do Nascimento

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UNE GLORIEUSE RÉSURRECTION
HOW TO REPLACE IT, dEUS, PIAS, 14,99 €
Pour son premier album depuis Following Sea, sorti en 2012, dEUS revient et frappe fort ! Le groupe emmené par Tom Barman et Klaas Janzoons entame How To Replace It par la piste titre, et, tout de suite, on est plongé dans l’ambiance : batteries hallucinées évoquant parfois Boyd Rice, explosions de chœurs survitaminés ; en deux mots : beauté et élégance. dEUS livre une pop qui se perd dans les giclées de guitare électrique fuzzées qui transpercent l’apparence parfois sage des morceaux, tel que sur « Must Have Been New ». How To Replace It dégage un parfum de cinéma, on pense aussi à Sqürl, le projet de Jim Jarmusch, ou encore Blue Bob, l’album de David Lynch, voire à Nick Cave. Parfum de cinéma, mais encore : mélancolie solaire, comme des larmes qui coulent lors d’une journée de printemps fraîche et lumineuse. « Love Breaks Down », chante Tom Barman. « Plus de cris de guerre, tout à sa place, mais pas loin ». L’album s’achève dans « Le Blues Polaire », expérimentation noise slammée en français qui évoque l’amour tel « un polaroid paresseux qui a dévoilé ses vraies couleurs ». « Ça provoque et ça sent les cendres ». Un bon résumé du disque. Alain Blanville [...]
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Quand on parle cinéma américain, on entend déjà le bruit des chevaux au galop et des flèches de Sioux qui sifflent. « Le western est vraiment une création américaine. Il conjugue le rêve américain et la notion de la conquête, englobe des thèmes mythologiques comme la loi, l’ordre, l’idée de frontière... C’est un genre quasiment inépuisable qui peut à la fois être réaliste et métaphorique, à la fois parler du passé et d’une certaine manière du présent. Ce sont des films historiques qui ne sont pourtant pas perçus comme tels », expliquait le regretté Bertrand Tavernier, grand amateur du genre. Le « genre » est justement une notion très forte aux États-Unis, où tout se retrouve catégorisé (comédie musicale, polar, mélodrame...) pour créer une complicité contractuelle entre le film et le spectateur. Mais encore faut-il tenir sa promesse.
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Si le western est à la fois une spécificité américaine, malgré quelques tentatives d’exportation souvent désastreuses, et un cinéma universel, c’est parce que les plus grands cinéastes y ont su développer leur grammaire au sein d’une codification très rigoureuse tout en reprenant à leur compte les valeurs chevaleresques de l’Ancien Monde. Le passage d’un nuage lors d’un enterrement dans La Rivière rouge (1948, Howard Hawks), le bouleversant « Let’s go home Debbie » dans La Prisonnière du désert (1956, John Ford), ou le mouvement de grue à l’arrivée de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l’Ouest (1968, Sergio Leone), simples plans fixes ou plans en mouvements ont marqué l’histoire cinématographique de l’empreinte des géants tout en participant à la fabrique mythologique d’une jeune nation. [...]
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Dans Les Bonnes Étoiles, un contexte d’intrigue policière sert à amener le sujet principal du film : l’adoption. Pourquoi ce choix ? Peut-on y voir une influence du cinéma coréen, qui adore mélanger les genres ?
Ce n’est pas vraiment l’influence du cinéma coréen, non, ou alors elle n’est pas consciente. En réalité, il s’agit plutôt d’une pure nécessité narrative. Dans la mesure où j’évoque un sujet très pénible, l’abandon d’un enfant, il me fallait un regard extérieur, auquel le spectateur puisse s’identifier, un regard très critique, voire sévère, qui soit le point de départ du film, pour mieux m’en écarter ensuite. J’avais envie que le spectateur puisse adopter au départ ce même regard critique, un regard de policier, pour évoluer de concert avec les personnages et les points de vue. Dans un second temps, j’avais envie que ce personnage de policière soit une femme, et en particulier une femme qui a fait le choix de ne pas faire d’enfant, ce qui lui donnait une double raison de juger sévèrement cet acte. C’était important pour moi de partir de là, afin de prouver que tout le monde peut jouer le rôle de passeur, même avec les pires préjugés. Ce personnage d’enquêtrice est donc essentiel, car c’est par elle que se fait cette « passation de regard », je dirai. Tout le film a été construit là-dessus.
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Tous vos films mettent en scène des héros du quotidien, qui outrepassent souvent la loi pour faire ce qu’ils estiment être juste.
Je n’ai pas forcément l’intention de donner une cohérence à mon œuvre avec ce genre de héros récurrent, mais si vous le dites ! Vous avez raison sur un point : lorsque j’écris des personnages, je tente d’abord de montrer ce qu’on dit d’eux, la façon dont ils sont perçus collectivement, par les médias, par les autres, puis j’explore leurs intentions réelles et leurs motivations profondes qui sont en effet plus importantes que le fait de respecter la loi. Est-ce que cela fait d’eux des héros ? Je ne sais pas. La notion de « héros » est pour moi assez incertaine. [...]
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