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Alex Camilleri : désordre de Malte

Votre film insiste beaucoup sur la manière dont la politique de l’Union européenne sape les traditions.

J’ai commencé mes recherches des années avant le tournage, en discutant avec les pêcheurs et en leur demandant ce qu’ils avaient en tête. Et il n’a pas fallu longtemps pour que je me rende compte à quel point les normes européennes avaient bouleversé leurs vies. Il faut savoir que beaucoup d’entre eux ont pratiqué ce métier toute leur vie, dans leur famille et ce depuis des générations. Et lorsque Malte a rejoint l’UE, les pêcheurs ont soudainement dû passer du monde de la mer à un monde de papier, à un monde de bureaucratie sans fin. Ç’a été une rupture radicale qui a donné lieu à de nombreux drames familiaux. Les pêcheurs doivent désormais documenter chaque poisson qu’ils attrapent, rejeter les poissons non conformes, même s’ils sont morts, et tout relater dans des journaux de bords extrêmement précis. Les lois sont parfois ubuesques. J’avais une vision innocente de la pêche avant de me lancer dans mes recherches, jusqu’à ce que je réalise que les réglementations, le changement climatique, le gouvernement, les autorités locales, mais aussi les forces du marché conspiraient ensemble pour changer la vie des pêcheurs. Et cela s’est produit en l’espace d’une demi-génération.

Quel est votre rapport à la culture maltaise ?

Mes parents ont émigré de Malte peu avant ma naissance aux États-Unis, mais nous avons gardé des liens étroits avec l’île, et nous y retournions souvent. Alors que je grandissais entre deux mondes, mon cœur et mon imagination revenaient toujours à Malte. J’ai toujours voulu raconter des histoires sur l’île, notamment parce qu’il n’y avait pas vraiment d’autres films maltais. Avec Luzzu j’ai simplement essayé de faire le genre de film que je voulais voir, une représentation cinématographique de Malte, en évitant les clichés touristiques et en restant au niveau de la rue, comme si vous étiez un citoyen vivant sur l’île. Je n’avais aucun lien avec la pêche, et d’ailleurs j’ai toujours été enclin au mal de mer, mais j’étais fasciné par le monde de la pêche traditionnelle, simplement à cause de ces magnifiques bateaux et de ces hommes qui ont une sorte de force surhumaine, presque mythologique. En tant que spectateur, cela me semblait riche visuellement et culturellement. Et puis, j’ai pu faire le lien avec mes parents, qui eux aussi en tant qu’immigrés ont dû choisir quelles parties de leur héritage ils devaient garder ou pas, or c’est exactement ce qui se passait avec cette génération de pêcheurs. [...]

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Marché noir : bâclé
Trois corps sont retrouvés dans l’abattoir où travaille le père d’Amir, en Iran. Ce dernier l’aide à les cacher malgré ses réticences, et se retrouve vite engagé dans un trafic de dollars organisé par le patron des lieux, alors que les proches d’un des morts mènent une enquête de plus en plus intrusive. Il y a du bon dans ce thriller iranien, qui installe une ambiance angoissante en exploitant l’imaginaire de l’abattoir. L’étau se resserre petit à petit autour du personnage principal, interprété par un acteur dont le jeu sobre correspond parfaitement à l’atmosphère minimaliste du long-métrage. [...]
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Don’t Look Up, ou l’anti-satire par Netflix

Il faut toujours se méfier des choses qui font l’unanimité. En particulier lorsqu’elles viennent de Netflix. Et en cette fin d’année, il était difficile de trouver quelqu’un pour tempérer la qualité du « film de Noël » proposé par le géant du streaming : à gauche comme à droite, on salua l’impertinence de Don’t Look Up, on s’étonna même qu’une entreprise comme Netflix se permît de brosser ainsi les malséantes passions de son époque… et la plupart des journalistes média de ressasser sans vergogne les éléments de langage du dossier de presse… pourtant, quoi de moins irrévérencieux qu’une personne qui clame partout son irrévérence ? Il en est de même pour ce petit film mal fagoté, mal filmé, qui ressemble davantage à une série télé ou à une gigantesque bande-annonce à la gloire du parti Démocrate. Dans ses meilleurs moments on pourrait croire à un épisode géant d’American Dad ou de Family Guy, les deux dessins-animés culte de Seth MacFarlane, autre grand pourfendeur de l’Amérique white trash.  Si on pardonne à ce dernier ses outrances potaches et ses gros sabots, c’est d’abord parce qu’il n’est pas réalisateur, mais bien showrunner de dessins animés destinés aux jeunes adultes, et dont les épisodes dépassent rarement les 25 minutes. Pour un film qui dépasse les deux heures, le message anti-populiste demandait à minima quelques nuances, éventuellement un exercice d’équilibriste capable de questionner le point de vue. Il n’en est rien.

La satire pour les nuls

Dans Don’t Look Up, tout est souligné, exagéré, avec en plus une palanquée de métaphores grossières et un message environnemental stabyloté à outrance. Dans un futur proche où les Etats-Unis sont dirigés par une sorte de néo-Sarah Palin (Meryl Streep, rien à signaler), deux astronomes du Michigan font la découverte d’une comète qui risque bien de percuter la Terre et de provoquer notre « extinction de masse ». Las, dans un univers saturé par les informations et par les réseaux, leur message d’alerte ne prend pas et divise peu à peu l’Amérique en deux clans : les uns tentent de sensibiliser à la fin du monde, les autres ont le nez dans leurs chaussures et dans leurs pulsions bassement matérialistes… le symbole du bon vieux clivage entre platoniciens et adeptes d’Aristote ?[...]

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La main de Dieu : Sorrentino intime

Quel sentiment étrange d’assister à un hommage au cinéma, le vrai, celui « qui ne sert à rien mais qui distrait de la réalité parce que la réalité est minable », comme nous le rappelle Sorrentino dans la bouche de Fellini, sur Netflix et un vulgaire écran de TV. Comme un vidéoprojecteur, une télévision n’est pas et ne sera jamais une salle obscure, l’image ne vous happera jamais de la même manière et l’algorithme ne saura jamais se substituer au désir. Le meilleur cinéma tient de la rencontre amoureuse, où un auteur dévoile son âme à une inconnue, or Netflix et les autres plateformes ne proposeront jamais, en comparaison, que l’équivalent d’un plan cul sur Tinder. Avec La Main de Dieu, le grand Sorrentino (le réalisateur de La Grande Belleza et du Young Pope) cède donc aux biftons des géants du streaming, après Martin Scorsese, Alfonso Cuarón et les frères Coen.

Lire aussi : Tromperie : Desplechin en mode mineur

Introspection d’un fellinien

Pour les néophytes du ballon rond, « La Main de Dieu » évoque ce but marqué par Maradona de la main lors du quart de finale de la Coupe du monde de 1986, face aux Anglais, un début d’après-midi à Mexico. Mais pour Sorrentino, cette Main de Dieu se révèle plus mystérieuse, à la fois miraculeuse et tragique. Lui, l’héritier de Fellini, le dernier cinéaste baroque qui sache faire valser le sublime avec le vulgaire, s’essaye à l’introspection. Un regard dans le rétroviseur touchant et passionnant qui nous fournit au détour quelques clés pour sous-titrer son œuvre. Nous sommes à Naples, en 1984, et Fabietto Schisa, adolescent mal dans sa peau, vit au sein d’une famille excentrique. Son quotidien est soudain bouleversé, lorsque Diego Maradona, légende planétaire du football, débarque à Naples et le sauve miraculeusement d’un terrible accident. Cette rencontre inattendue avec la star du ballon rond sera déterminante pour l’avenir du jeune homme. Il a beau appeler son jeune héros Fabietto, on comprend vite que ce jeune gamin aux cheveux bouclés et anneau à l’oreille n’est que son reflet dans la caméra. [...]

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Éditorial culture de janvier : Résolutions

– Ne plus traiter mon voisin de « puceau inculte » parce qu’il récrimine contre le volume sonore auquel je hausse les morceaux de Poni Hoax à minuit pour faire face à la baisse de tension hivernale. 

– Cesser de prendre de haut les artistes auto-proclamés d’avant-garde au prétexte que toutes leurs boutades ont déjà été accomplies pour de rire il y a un siècle et qu’ils n’ont même pas l’audace de se tuer. 

– Apprendre à m’extasier avec Augustin Trapenard devant toute banalité à la mode, surtout si cette mode est aussi récente qu’éphémère et cette banalité bien conne, ce qui constituerait une assurance de passer l’essentiel de mon temps dans un état de béatitude induit par une somme effarante de micro-orgasmes tels que doivent en vivre à répétition les êtres en accord avec la vulgarité de leur époque. 

Ne plus me moquer d’Édouard Louis, ne plus le traiter de « Tintin prognathe »

– M’intéresser à la littérature de la francophonie. …

Les critiques littéraires de décembre

Superbe et glaçant

Plexiglas mon amour, Éric Chauvier, Allia, 150 p., 10€

On connaît la maxime de Chesterton, le fou n’est pas celui qui a perdu la raison, mais celui qui a tout perdu sauf la raison. C’est en ce sens que la femme du narrateur de Plexiglas mon amour semble devenir folle. Elle ne détruit pas le mobilier sans raison, ne pousse aucun cri, ne commet pas d’excentricité. Mais tout est calcul pour elle, depuis que l’épidémie s’est déclenchée. Jusqu’aux mots qu’elle prononce à l’égard de son mari qu’elle jette peu à peu hors du domicile puis chez les fous (mais on finit par ne plus savoir qui est le fou de l’autre), tout en lui répétant que c’est pour son bien et celui des enfants, « (mon amour) ». Et Kevin, cet ami d’enfance que retrouve le narrateur par hasard, mué en survivaliste intempérant, est-il autre chose qu’un fou qui s’applique à bannir de lui-même toute forme d’humour, de second degré, se préparant à affronter le pire et voulant l’embarquer avec lui dans la marginalisation extrême ? Quand la pandémie soudain arrive, le monde entier semble vaciller et perdre ses repères, laissant grand ouverte la porte à la folie qui prend l’aspect de la raison la plus rationnelle. Le narrateur est-il finalement le vrai fou, lui qui ne souhaite qu’une chose, reprendre sa vie d’avant, dans son doux foyer, avec une femme qui l’aime et ses enfants qui regardent « Les Ch’tis à Miami » ? Avec la férocité lucide d’un Houellebecq, dans une langue épurée, factuelle et précise qui rappelle celle de Baudouin de Bodinat, Éric Chauvier nous offre une fable contemporaine d’une ironie glaçante, si juste dans son exagération. Lecture obligatoire pour tous.  Matthieu Falcone

Bribes avec perles

Jouer Dantzig sur un match de football, carnets intimes 1909-1942, Pierre Drieu la Rochelle, Gallimard, 256 p., 19€

Les Cahiers de la NRF publient des inédits de Drieu qui sentent un peu le fond de tiroir puisqu’il s’agit du contenu de plusieurs carnets ayant survécu à l’incendie du garde-meuble de l’écrivain, dont plusieurs litanies de noms propres. Du lycéen en voyage linguistique en Angleterre observant les préraphaélites au directeur de la NRF occupée tentant de rassembler des troupes en passant par des notes sur la préparation de certains romans ou les obsessions géopolitiques de l’auteur, ces bribes rescapées environnent toute la destinée de l’écrivain. Livre pour passionnés, ceux-ci n’en recevront que de rares lueurs sur l’énigme Drieu : son acharnement d’observateur esthète de la peinture comme clinique de lui-même, quelques plans de roman, sa remarquable précocité. Restent, surtout, une brillante préface de Julien Hervier et un certain nombre de perles, soit légères : « Si j’étais femme, je n’aimerais pas beaucoup coucher avec un radical-socialiste » ; soit violentes, comme ce mystérieux haïku : « J’ai bu avec les marins / il faut que tout soit détruit / ils ont raison. » Romaric Sangars[...]

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Les critiques musicales de décembre

Langoureux voyage

If words were flowers, Curtis Harding, Anti/Epitaph, 15,99€

On entre dans le dernier album de Curtis Harding comme on descend les escaliers d’un club de jazz enfumé. Les premières notes de cuivres nous rappellent les Sketches of spain de Miles Davis. Souvenirs sévillans, parfums andalous. En descendant les marches, le reflet du miroir révèle notre tenue pour la nuit : complet-croisé aux couleurs sombres, Fedora en feutre pourpré, boots fraîchement cirées et délicat foulard aux teintes explosives. Comme ce disque, nos manières sont excellentes et nos pensées licencieuses. On pense souvent à la série The Deuce dont il aurait pu signer sans mal la bande-originale. L’élégance des orchestrations avec ses violons, ses saxophones et ses trompettes distingués, l’influence du gospel avec les chœurs langoureux rendent l’écoute de ce disque parfaitement plaisante et le voyage particulièrement réussi. Emmanuel Domont


Rebelles sans un pli

Crawler, Idles, Partisan Records, 12,99€

Malheureusement pour nous, si Margaret Thatcher a enfanté des Sex Pistols et du Clash, Boris Johnson aura fait naître Idles. Avec les groupes comme Shame, Murder Capital ou Idles, donc, une nouvelle scène post-punk nous fatigue les oreilles. Encore, s’il n’y avait que la musique, nous serions sauvés. Hélas, ils parlent. Ces rebelles s’inquiètent pour le monde. Comprenez : ils vont au marché-bio en lendemain de cuite, votent contre le Brexit et manquent autant d’à propos en matière politique que de mélodies dans leurs chansons. Évidemment, l’immense majorité de la presse est élogieuse à leur sujet. On se demande bien pourquoi. L’autre fois, lors d’une interview dans Gonzaï, ils espéraient que « la normalité des choses revienne » et que « le bon moment était venu pour être plus tolérant et plus conscient de l’environnement » : avec de tels marginaux, le pouvoir peut trembler. On entend ici et là qu’ils sont surtout bons lors des concerts : qu’ils nous épargnent donc leurs albums. ED [...]

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Henri de Toulouse-Lautrec : la fureur de peindre

Il était si petit qu’son nez était à vingt centimètres de la table. Moi y m’faisait rire ! Pour moi c’était un gosse à Poulbot qu’avait d’la barbe ». Aux yeux de Louise Weber, alias La Goulue, la célèbre créatrice du cancan, Henri de Toulouse-Lautrec reste avant tout un joyeux compagnon de beuverie. Il est aussi celui qui a immortalisé son image par le biais d’affiches, de dessins et de peintures débordant de vitalité, toujours présents dans les mémoires. Mais ce qu’ignorait peut-être la danseuse du Moulin-Rouge, c’est que son « petit ami » descendait en droite ligne de Raymond V, comte de Toulouse, duc de Narbonne et marquis de Provence au XIe siècle, et de Constance de France, fille du roi Louis VI le Gros.


Henri est issu d’une branche cadette, et discrète, de l’illustre lignée, celle des Toulouse-Lautrec-Monfa. C’est le 24 novembre 1864 que voit le jour le fils aîné du comte Alphonse et de son épouse et cousine germaine, Adèle Tapié de Céleyran. Lorsque ses parents se séparent, l’enfant est d’abord élevé par ses grands-parents au château du Bosc, dans l’Aveyron. À l’âge de 8 ans, sa mère l’emmène à Paris. Henri couvre déjà ses cahiers de classe de croquis et de caricatures. Hélas, il est de santé fragile. Sans doute souffre-t-il d’une affection héréditaire qui fragilise son ossification. Coup sur coup, il se brise les deux fémurs, passe de longs mois de convalescence à Barèges et à Nice, durant lesquels il s’adonne plus que jamais à sa passion du dessin. À 15 ans, il ne mesure qu’un mètre cinquante-deux. Il ne grandira plus, malgré les traitements barbares qu’il a endurés, à grand renfort de poids de plomb accrochés aux pieds ou de décharges électriques. Avec son torse large planté sur des jambes rachitiques, ses lèvres lippues, son zézaiement et son énorme nez, Toulouse-Lautrec est affligé d’un physique qui ne passe pas inaperçu. Mais plutôt que d’en désespérer, il saura en jouer dans les salons mondains, mais aussi en se faisant photographier nu sur la plage de Trouville, déguisé en enfant de chœur hirsute, ou paré d’un boa en plumes ! [...]

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L’Incorrect numéro 73

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