Connaissez-vous le « retro-engineering » ? Il s’agit de cette technique qui consiste à analyser un produit pour comprendre, sinon son succès, au moins son fonctionnement et ses propriétés physiques. Une méthode qui s’utilise principalement dans l’industrie… mais qui semble être devenue le fer de lance d’Hollywood depuis une bonne quinzaine d’années. Ce dernier opus de la franchise Alien, mis en boîte par l’uruguayen Fede Alvarez, est à ce titre un cas d’école. Après les préquelles signées Ridley Scott, empreintes d’un créationnisme technico-biblique à la fois passionnant et maladroit, tout le monde attendait enfin un retour aux sources de la saga : la peur viscérale, la solitude du vide spatial et le fameux « xénomorphe » comme caractérisation d’une impasse prométhéenne de l’espèce humaine. Las, le yes man de Disney se plante dans les grandes largeurs et se contente d’une sorte de best of insipide de la saga, noyé dans une production design qui finit par être embarrassante à force d’être référentielle (dans Romulus, tout le monde communique grâce à des minitels, c’est tellement « eighties »).…
Delon est parti. C’est une part de France qui disparait. Une part grande, à la fois ombrageuse et lumineuse. Delon, c’était un dieu malheureux tombé du ciel par accident. Sa vie fut pavée de blessures et de drames. On les connait et jusqu’à son dernier souffle, il fut sollicité par les rois qui se savent nus pour lui voler un peu de lumière. C’est la rançon que paient les mythes. Ils ne sont pas adaptés à la vie terrestre mais trouvent le bonheur dans l’expression de leur talent. Pour Delon c’était le cinéma.
Il rencontre le septième art pour la première fois au Régina, le cinéma de Bourg-la-Reine tenu par son père. Des westerns, ceux d’Hollywood. Il est tout gamin et ne sait pas encore qu’il partagera l’affiche de Soleil Rouge avec Bronson et Ursula Andress trente ans plus tard. Sa mère est préparatrice en pharmacie. « Je suis tout ce que ma mère était et suis devenu tout ce que ma mère aurait voulu être. …
Depuis 2019, c’est au pays basque, au début du mois d’août, que la course aux prix de la rentrée démarre, alors que les romans de plage fleurissent encore sur le sable, les pages collantes de crème solaire. Devant la façade altière de la splendide Maison rouge de Biarritz, un jury présidé par Philippe Djian et comprenant entre autres biarrots militants Frédéric Beigbeder ou Frédéric Schiffter, décerne un premier prix dans le creux de la vague, prônant dans ses choix l’indépendance et la décontraction. L’excellent roman de Patrice Jean, La Vie des spectres, a ainsi été distingué, ce qui est d’autant plus heureux qu’il dresse entre autres une impitoyable satire de la dévaluation littéraire contemporaine. Un beau signal, donc, avant la foire d’empoigne, que de rappeler qu’elle a trop souvent lieu au-dessous du niveau de la mer. Déjà récompensé par le prix du magazine L’Incorrect en 2019 pour Tour d’ivoire et par le prix des Hussards en 2022 pour Le Parti d’Edgar Winger, Patrice Jean va bientôt être considéré comme le Léon Marchand des lettres françaises.…
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On a dormi sur la Cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. Pas pendant (on préparait des biscuits en même temps), sur. La consternation relative à l’instant t – quand même étiré sur 4 heures – s’est adoucie à la revoyure de plusieurs séquences au matin (et oui, on ne recule devant rien). C’était à bien y réfléchir, et toutes proportions gardées, un spectacle honorable dans le genre kermesse inclusive « venez comme vous êtes », quoiqu’un peu trop dilué (et pas que par la pluie). L’exercice était difficile, avec plein de figures imposées. Beaucoup de libres ont péché, mais globalement, le directeur artistique Thomas Jolly a réussi à en mettre plein la vue, surtout à ceux qui l’ont courte.
Évacuons d’emblée, les extases wawa de la gauche culturelle et les cris d’orfraies de la droite outrée, la cérémonie n’était ni transcendante, ni sataniste. C’était tout simplement la parfaite illustration du goût petit-bourgeois de l’Empire occidental – ou plutôt d’une de ses dépendances jadis glorieuse – dans ce qui est probablement sa phase terminale (qui peut durer ad vitam, ceci dit).…
L’art est en danger, oui, il est piétiné, embrigadé, réduit, édulcoré, et de plus en plus incompris. Oh, pas seulement par la loi du Marché et l’impérialisme du divertissement mondial plus que jamais nécessaire pour détourner les masses hébétées et sans dieu de l’idée de leur mort prochaine. À la limite, ni Guillaume Musso ni les licences Marvel n’ont de prétention de se prendre pour des « phares » baudelairiens, tout juste à égayer la brume. Non, cela n’est pas si dramatique. Mais la contrefaçon, mais le délitement des sommets, mais l’usurpation de la grandeur par des esprits médiocres: voilà qui est impardonnable. Tout le cirque parodique du mois écoulé, ce bégaiement à l’agonie des mythologies du XXe siècle, a été l’occasion pour les « acteurs du monde de la culture », soit les agents d’ambiance du progressisme dégénératif, de se fendre de déclarations qui seraient risibles si elles ne témoignaient pas de la dégradation sidérante du niveau intellectuel au sein des milieux culturels français, pourtant subventionnés comme jamais.…
Musicalement, le rap français a toujours eu 15 ans de retard sur le rap US. Idéologiquement, on est plus sur du 35 ans… Outre atlantique, le rap ne se cache plus depuis longtemps d’être une musique ultra-libérale et conservatrice, à l’image des « minorités » qui le portent : Kanye West a fait son coming-out trumpiste depuis un bail, Tyler The Creator raille la démagogie démocrate et Suicide Boys claironne son entre soi de rappeurs white trash. Evolution naturelle pour une musique qui est passée du ghetto aux stades de football en quelques années, et qui n’a jamais caché son opportunisme, tant elle est calquée sur le « capitalisme sauvage » (aka : le narcobanditisme) en vogue dans les quartiers.
En France, c’est un peu plus compliqué, car le rap a longtemps été une musique d’Etat. Sous la férule soviétique de Jack Lang, il est même devenu l’instrument premier de la propagande « ethno-différentialiste » (lol) menée tambour battant avec les ingénieurs sociaux du mitterrandisme (Sos Racisme et autres entités conçues pour entretenir la sécession des « quartiers »).…
L’Incorrect numéro 82
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