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[Cinéma] Thriller à Al-Azhar : entretien avec Tarik Saleh

La Conspiration du Caire est un thriller à huis clos qui prend place dans la mythique université d’Al-Azhar, au Caire. Comment vous est venue l’idée de mettre en scène ce lieu mythique ?

J’avais relu Le Nom de la Rose, l’un de mes romans préférés. Umberto Eco y enquête sur la relation des hommes à la religion. Je me suis dit : « Et si je faisais pareil ? » Mais où ? Al-Azhar ! Puis, j’ai commencé à me raconter une histoire. Dans le monde arabe, tout le monde connait Al-Azhar, sans forcément savoir de quoi il s’agit. À l’origine, l’université n’avait qu’une vocation éducative, mais avec le temps, elle est devenue une institution très puissante, une sorte de Vatican de l’islam dont le Cheikh serait le Pape. Étonnamment, ils sont assez progressistes. Au début, leurs techniques d’apprentissage étaient très modernes par rapport à celle de l’Occident. Par exemple, les élèves choisissaient leurs professeurs, et étudiaient assis en cercle, avant que les Britanniques arrivent avec leur esprit rigide : « Tais-toi et fais ce qu’on te dit ! »

La Conspiration du Caire est un vrai film d’espionnage comme on en faisait dans les années 70. On pense notamment aux films d’Alan J. Pakula ou de Sydney Pollack.

J’adore ces réalisateurs et j’adore cette période du cinéma. Mais il y a deux choses qui m’ont vraiment inspiré. La première, c’est le scandale de l’Académie suédoise (qui provoqua l’annulation du prix Nobel 2018 et le départ de huit membres de l’Académie soupçonnés d’avoir caché les agissements de Jean-Claude Arnault, surnommé le « Weinstein suédois »). J’ai vu deux camps se former au sein même de l’Académie et j’ai pu analyser ce scandale en temps réel. La deuxième, c’est l’écrivain John Le Carré. Lorsqu’il est mort, j’étais très triste et j’ai décidé de relire tous ses romans. Mon script était complètement terminé, tout le monde était emballé, mais à ce moment, j’ai pris la décision de le récrire. Tout simplement parce qu’il n’était pas assez bon au regard de l’œuvre de John Le Carré. [...]

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[Musique] Post-punk : la résurrection
En plus de leur vilaine tendance à donner sans cesse leur avis, les critiques musicaux passent aussi leur temps à étiqueter, classer, ranger dans des cases, sortir de leur chapeau des styles, des genres et des sous-genres. Les sous-cultures en ont fait naître par centaines. Art rock, krautrock, deep house, dancehall, UK Garage, acid techno, […]
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Prix Jean-René Huguenin : Pierre Adrian lauréat

Le premier prix Jean-René Huguenin a été décerné vendredi soir à l’Hôtel littéraire Swann, rue de Constantinople, sur les hauteurs de Saint-Lazare. Le jury est dirigé par Maxime Dalle, directeur de la revue littéraire Raskar Kapac, qui ne cache pas son intérêt pour tout ce que la littérature compte d’incendiaire, de mousquetaire et d’oublié. Pas étonnant que ce prix honore donc le souvenir d’Huguenin, météore de l’après-guerre, écrivain mort à vingt-six ans dans un accident de la route en septembre 1962, une semaine avant Nimier d’ailleurs, cruelle coïncidence. De sa courte vie, Huguenin n’a laissé qu’un roman doux et torturé, La Côte sauvage. Sans imagination, on pourrait dire que voilà un destin bien hussard, et il vrai que le jeune homme ne cachait pas ses sympathies droitières et avait collaboré à plusieurs revues dirigées par Nimier, Blondin and co. Bref, chacun aura compris que le prix Jean-René Huguenin ne se déroule pas exactement dans une ambiance France Inter.…

[Cinéma] Un Couple : paradis perdu
Derrière chaque homme de génie, se cache une femme a minima suffisamment dévouée et sacrificielle pour lui permettre de donner sa pleine mesure. C’est le sens de l’indéfini dans le titre du dernier film de Frederick Wiseman qui prend l’exemple du couple Tolstoï pour égrener les récriminations dans un monologue constitué d’extraits du journal intime ou de lettres écrites par l’épouse de Léon, Sophie. [...]
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[Cinéma] Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse : cortège de rêves
Parfois un peu survendu comme « le Miyazaki français », un nouveau Michel Ocelot n’en constitue pas moins un évènement dans le petit monde de l’animation hexagonale. Avec Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse, le réalisateur renoue avec le recueil de contes : aucune prise de risque, puisque c’est un genre dans lequel il excelle. Au milieu des pharaons et des fantaisies levantines, on retiendra le deuxième segment qui se déroule dans une France médiévale particulièrement sombre et poétique. [...]
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Yannick Haenel : très riche, un peu vain

Yannick Haenel a toujours défendu une vision sacerdotale de la littérature, attribuant à cet art une perspective métaphysique, et cela autant au sein de la revue Ligne de risque qu’il a fondée en 1997 avec François Meyronnis, que dans ses premiers romans, tous chargés d’épiphanies, de révolutions intérieures, de dérives lumineuses, comme Cercle, qui le fit connaître en 2007. Se réclamant des romantiques allemands et des surréalistes, d’Artaud, Bataille et Lamarche-Vadel, Haenel descend aussi de Chrétien de Troyes et des premiers romanciers français multipliant les quêtes, les merveilles, la tension érotique et les apparitions, thèmes qu’il parvient à rejouer dans l’espace le plus contemporain qui soit, comme dans ce Trésorier-payeur, où notre écrivain s’intéresse à l’univers qu’on penserait le plus opposé possible à son imaginaire. Une gageüre remarquable, donc, que l’auteur s’est mis en tête de relever après s’être lui-même confié au hasard.

Un beau dispositif

Dans la première partie du livre, Haenel rapporte sa participation à une exposition, en avril 2015, organisée dans les locaux de l’ancienne Banque de France à Béthune, transformée depuis en centre d’art, et que la nouvelle directrice des lieux voulait consacrer à la notion de dépense chez Bataille, histoire que la mue s’opère au sein d’une cohérence ironique. C’est à cette occasion que l’écrivain se passionne pour un ancien employé qui aurait été surnommé « le trésorier-payeur », et qu’il lui consacre une salle en la meublant d’un grand désordre et de quelques fétiches. [...]

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[Cinéma] Les Harkis : huis-clos à ciel ouvert
Voilà 20 ans que le cinéaste Philippe Faucon évolue en marge du cinéma français, élaborant une œuvre qu’on trouvera tour à tour académique ou naturaliste. Avec Les Harkis, il creuse le sillage d’un genre quasi-pédagogique, doté d’une « ligne claire » qui confine parfois à l’autisme mais installe tout de même une ambiance singulière et prenante. [...]
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Fanny l’ardente

Il y a eu Claude Sautet pour parler de Romy Schneider, il y a eu Hervé Guibert pour parler d’Isabelle Adjani, il y a eu Gérard Depardieu pour parler de Catherine Deneuve et il y aura eu, enfin, Pascal Louvrier pour parler de Fanny Ardant dans Une femme amoureuse.  

L’auteur précise que ce n’est point une biographie, mais un roman, car Fanny est un personnage romanesque. L’on dirait même que l’ouvrage est un long poème épique et que Fanny en est la muse, obsédante, féérique, à la croisée des chemins entre cette apparition qui hante le poète chez de Cool, la Belle dame sans merci de Keats et l’ange qui embrasse l’artiste chez Cézanne. En entamant un verre de rouge, accompagné de la chanson Amoureuse de Véronique Sanson, chantée en duo avec Fanny Ardant, l’auteur se livre à l’inspiration qui noircit les pages. On l’imagine écrire avec tant de facilité, cet auteur qui devine tout de Fanny, car elle se trouve près de lui. Par le biais de lettres ou à coups de rendez-vous, la découverte de cette femme se fait petit-à-petit, sur le temps long. D’abord parce qu’elle est férocement pudique (un ravissant paradoxe), ensuite parce qu’elle sait très bien garder le mystère, cet attribut un peu flou dont se réclament toutes les femmes et qui échouent presque toutes à s’en revêtir. C’est qu’il leur manque la discrétion, la vraie, celle qui fait rougir, et le rougissement ne se simule pas.

Lire aussi : La Vieille France s’en va

La Femme amoureuse, certes, mais on aurait pu l’appeler La Femme tout court, et Pascal Louvrier en fait l’éloge comme Guillaume de Lorris parle de sa rose. L’auteur brosse le portrait de Fanny comme un poète et l’ode commence par un blason. Des phrases qui s’enchaînent glorifient cette partie de Fanny qui touche à la fois son corps et parle de son esprit : sa voix. On entendrait presque Louvrier déclamer « la voix dans la nuit, c’était vous ! », et oui, c’était elle, sa voix fournaise : « le feu qui couve, la flamme qui jaillit, l’embrasement qui consume ». Lorsqu’elle parle, Fanny Ardant a tout d’une fiévreuse : « Elle détache les mots, puis retient une syllabe au fond de la gorge, accélère sur le suivant, bouscule l’autre, avec une pointe de raucité, un mot encore étiré, soupiré, puis absorbé par la fièvre de la passion ». Sainte Thérèse de Lisieux alitée se serait bien saisie de cette frénésie, mais il lui manquait la brûlure dans la chair et Fanny en a souffert, elle. [...]

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