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France – Allemagne : une relation contrastée ? Entretien avec Gabriel Melaïmi

L’actualité met sur le devant de la scène le « couple franco-allemand », avec la question de la livraison d’armes à l’Ukraine et du soixantième anniversaire de la réconciliation franco-allemande. Est-ce un couple uni ou dysfonctionnel ?

À la lumière de l’actualité, toute autre réponse que dysfonctionnel serait se bercer d’illusions. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui. Malgré les dénégations de part et d’autre, je pense que nos dirigeants sont assez lucides sur ce fait. Lorsqu’il y a quatre ans fut signé le traité d’Aix-la-Chapelle, le but était aussi de relancer une coopération franco-allemande à l’arrêt. Chacun tente de servir ses intérêts et, globalement, on constate que l’Allemagne y arrive bien mieux que la France. En définitive, cela fait longtemps que le « couple » franco-allemand n’en est plus un, pour autant qu’il ait déjà été un couple. D’ailleurs, le mot « couple » n’est pas employé outre-Rhin, où on lui préfère « partenariat », beaucoup plus neutre et beaucoup moins exclusif.…

Immigration : les dessous du succès danois

Début Janvier, le Think Tank libéral Fondation pour l’innovation politique a publié une étude intitulée “La politique danoise d'immigration : une fermeture consensuelle”. L’exemple du Danemark est souvent cité parmi les pays européen ayant réussi à mettre en place une politique d’immigration stricte et un programme d’intégration efficace. Cette politique est presque inchangée depuis 2000 malgré des gouvernements variés de droite, du centre et de gauche.

L’étude de la Fondapol décrypte avec précision comment s’orchestre la politique danoise en matière migratoire, et les conséquences de celle-ci. La première motivation pour lutter contre l’immigration est l’argument budgétaire. Dans la formation des coalitions gouvernementales, le budget est au cœur des négociations, et la maîtrise du budget est une question essentielle pour la droite comme la gauche. La dette du Danemark n’a pas évolué en points de PIB de 2019 à 2022 et reste stable à 32% du PIB. Pourtant le système danois est l’état providence. Pour concilier ces deux visions, la solidarité nationale est réservée à la communauté nationale danoise. 

Commettre des délits empêche d’être naturalisé pour une durée proportionnelle à la gravité des faits.

L’autre motivation est la conservation de l'homogénéité du peuple danois. La fondation pour l’innovation politique précise que cette dernière est à relativiser car le pays a connu plusieurs vagues d’immigrations. Cependant, ces arrivants provenaient jusqu’aux années 1960 des pays d’europe de l’ouest ou du nord. Depuis, le pays fait face à une immigration du proche et du moyen orient (Turquie, Syrie, Pakistan notamment). 

Ukraine : la droite nationale s’est-elle tiré une balle dans le pied ? Entretien avec Loup Viallet

Dans Après la paix, publié en 2021 chez VA Éditions, vous énumériez les défis géopolitiques auxquels est confrontée la France. Un an plus tard, comment a évolué cette situation selon vous ? Les défis sont-ils toujours les mêmes ?

Les principales menaces sécuritaires qui pèsent sur notre pays ont cessé d’être lointaines. Elles se situent désormais dans notre voisinage, à nos portes. J’avais écrit Après la paix pour expliquer comment les faiblesses africaines étaient (re)devenues des sources de déstabilisation majeures pour le continent européen et la France. Depuis sa parution, les foyers djihadistes se sont renforcés au Sahel, les mercenaires russes de Wagner ont définitivement pris position au Mali et s’apprêteraient à descendre au Burkina Faso, ce nouvel État failli de la bande sahélienne qui a subi deux coups d’État en huit mois. L’Algérie a resserré ses liens avec le régime russe et convié à s’entraîner des navires de guerre russes en face des côtes européennes ainsi que des forces spéciales russes à la frontière maroco-algérienne. Le royaume du Maroc a multiplié les coups de pression migratoires à la frontière espagnole pour imposer son agenda politique aux capitales européennes et les agents de désinformation anti-français se sont encore plus décomplexés.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Les conditions économiques et sociales se sont elles aussi dégradées pour les populations du sud de la Méditerranée avec l’inflation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires provoquée par les confinements chinois et par le blocus russe des ports ukrainiens. L’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés a estimé l’année dernière à 2,5 millions le nombre de Sahéliens ayant été contraints de fuir leur foyer à cause du morcellement de leur région. Notre politique de voisinage n’est toujours pas adaptée pour surmonter les défis sécuritaires, migratoires, informationnels, climatiques et économiques du nouveau désordre africain. Elle manque cruellement de clarté, d’ambition, d’unité et de coordination avec nos partenaires européens. Mais si notre porte sud vacille dangereusement, un péril bien plus urgent a éclaté sur la frontière orientale de l’Europe. [...]

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Covid, croissance, démographie : la Chine s’inquiète

Face à la route express G30, qui connecte Lianyungang à Khorgas, d’ouest en est de la Chine sur 4 240 kilomètres de long, les structures usées de dinosaures en métal rouillé et en plastique troué dressent leurs gueules hérissés de dents émoussées devant l’immense désert du Taklamakan, grand comme la moitié de la France. La construction du parc a débuté dans les années 1990. Il était censé tirer profit du (modeste) afflux de touristes arrivant à Dunhuang pour admirer les plus grandes dunes de sable du pays. Aucun touriste n’a jamais franchi l’arche gardée par un T-Rex poussiéreux et un diplodocus fatigué, dont le revêtement part en lambeaux, rongé par le vent du désert.

Dans ce far-west chinois, les « villages pionniers » poussent aussi vite qu’ils sont abandonnés, selon qu’un gisement de gaz naturel est découvert ou également abandonné. Le Xinjiang voisin, la province la plus à l’ouest de la Chine, qui abrite la majeure partie du désert du Taklamakan, est considérée comme un territoire hautement prioritaire. La province fournit un tiers de la production nationale en gaz naturel et c’est aussi la deuxième productrice de pétrole. Pékin a investi des centaines de milliards de yuans dans son développement et en conséquence, de larges pans du territoire et de l’économie de la province sont contrôlés directement par l’armée chinoise et ce que l’on nomme les bingtuans, les « brigades militaires », structures contrôlées par l’armée, créées en 1954.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Pékin rase les quartiers historiques des « villes sœurs », jumelées aux grandes métropoles des provinces orientales, et envoie des dizaines de milliers d’ouvriers s’installer ici, en échange de salaires très attractifs. En 1949, la région comptait quelque 200 000 Hans (l’ethnie majoritaire en Chine). Ils sont dix millions aujourd’hui. Dans les villages pionniers qui bordent les voies express, les employés en combinaison rouge ou bleue des entreprises d’État Sinopec ou PetroChina, attendent chaque matin devant leurs petits immeubles peints aux mêmes couleurs les armées de taxis qui vont les mener sur les sites d’extraction de gaz ou de pétrole où ils vont s’égayer, formant des dizaines de petites taches sur les vastes étendues de sable jaune. [...]

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Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Le cinéma est une arme aussi efficace qu’un porte-avions et la franchise de films MCU – pour Marvel Cinematic Universe – produite par les studios Marvel, propriété de Walt Disney, a une force de frappe qu’aucune flotte rivale ne saurait lui contester. En un peu plus de vingt ans et trente films, Marvel a gagné plus de trente milliards de dollars et rendu la planète accro aux super-humains bodybuildés en collants. Après avoir essoré Spiderman et Iron Man, Marvel doit désormais piocher parmi les seconds couteaux, tout en s’efforçant d’être dans l’air du temps. Or la mode est à la cancel culture et le fond de l’air est woke. La Panthère noire (« Black Panther » en version originale), super-héros créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby pour le 52e opus des aventures des Fantastic Four en juillet 1966, était donc le candidat parfait pour incarner le nouveau super-symbole conscientisé de l’ère Trump.…

SOS Chrétiens d’Orient : « Le Liban est vampirisé par une classe politique corrompue »

Pourriez-vous dresser un bilan de la mission de SOS Chrétiens d’Orient au Liban ?

Elle a commencé par un enregistrement auprès des autorités, ce qui nous a pris quatre ans de travail. Notre association a ensuite grandi et a perfectionné ses projets, tout en maintenant son identité par deux piliers : la gestion de projets pour l’enracinement des chrétiens au Liban et la présence de volontaires sur tout le territoire. Nous étions d’abord présents à Beyrouth, puis nous sommes allés dans le sud, et enfin dans le nord. Nous avons aujourd’hui une équipe solide et préparée pour accomplir notre travail au quotidien. Nous avons aussi connu deux Liban : le Liban de 2022 ne ressemble malheureusement pas du tout à celui de 2014, avec la crise économique qui a commencé en 2019.

Quelles ont été les principales actions mises en place depuis 2014 ?

Il y a plusieurs volets. Tout d’abord, l’éducation. Depuis 2014, nous avons aidé énormément d’écoles, donné des cours de français en partenariat avec les municipalités locales, et fait du soutien scolaire quand cela était possible. Le Liban est encore relativement francophone, ce qui permet aux bénévoles d’enseigner avec plus de facilité. Les écoles ont été soutenues de plusieurs manières : nous avons financé les salaires des professeurs ou la scolarité des enfants, installé des panneaux solaire, etc. [...]

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Éditorial monde de décembre : Le retour de la vengeance de la fin de l’histoire

Il y a ceux qui, inlassablement, annoncent la fin des temps et ceux qui, désespérément, attendent la fin de l’histoire. Francis Fukuyama fait partie de la seconde catégorie. À l’été 89, l’estimé professeur de sciences politiques, empruntant le concept de « fin de l’histoire » à Hegel, et à l’un de ses grands interprètes, Alexandre Kojève, établissait qu’à travers différents stades de conscience et d’organisation sociale, l’histoire de l’humanité culminait « dans un moment absolu – un moment durant lequel une forme finale, rationnelle de société et d’État devient victorieuse ». La victoire de Napoléon en 1806 et la fin de la Guerre froide en 1989 marquent donc chacune une nouvelle fin de l’histoire et une nouvelle étape du processus de rationalisation politique et culturelle. Tous les événements compris entre ces deux marqueurs ne participent que d’un seul mouvement, pour amener à une conclusion inéluctable : « La fin de l’histoire en tant que telle, c’est-à-dire la fin de l’évolution idéologique de l’humanité et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain ».…

L’actrice Charlize Theron sous les feux des critiques de l’Afrikanerdom

C’est une polémique dont se serait bien passée Charlize Theron. Dans un podcast réalisé par SmartLess et mis en ligne mi-novembre, l’actrice sud-africaine de 47 ans a déclaré que sa langue maternelle, l’afrikaans, était « mourante et inutile », tout en ironisant sur le fait qu’elle n’était parlée que par « environ 44 personnes ». Bien qu’elle ait rappelé avoir grandi dans la ville de Benoni, située dans le Gauteng (anciennement Transvaal), non sans nostalgie, Charlize Theron a reconnu qu’elle ne maîtrisait l’anglais que depuis son arrivée aux États-Unis en 1994. Date à laquelle Nelson Mandela a été élu président de la République sud-africaine, peu de temps après les premières élections multiraciales organisées dans ce pays marqué par des décennies d’apartheid.

Lire aussi : [Idées] Hitler est en nous

Ces commentaires ne sont pas passés inaperçus en Afrique du Sud et ont provoqué une vaste polémique, à l’heure où cette langue est toujours considérée comme un héritage du régime de ségrégation raciale par une partie des Sud-africains noirs. Mélange de néerlandais (majoritaire), d’allemand, de français, d’idiomes ethniques locaux et même de malais, l’afrikaans a fait son apparition sur la partie australe du continent africain avec l’arrivée massive d’Européens au XVIIè siècle, avant de devenir une langue d’identité nationale et d’opposition au colonialisme britannique pour les Afrikaners. Pour les Africains, elle n’a été que synonyme d’oppression, imposée dès 1925 au mépris de leurs propres langues. En 1976, manifestant contre cet enseignement obligatoire, le massacre de Soweto a d’ailleurs soudainement mis un coup de projecteur sur cette langue, encore utilisée quotidiennement par plus de 15 millions de personnes, principalement dans les anciennes provinces historiques du Cap, de l’État d’Orange Libre ou du Transvaal. [...]

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L’Incorrect numéro 80

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