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SOS Chrétiens d’Orient : « Le Liban est vampirisé par une classe politique corrompue »

Pourriez-vous dresser un bilan de la mission de SOS Chrétiens d’Orient au Liban ?

Elle a commencé par un enregistrement auprès des autorités, ce qui nous a pris quatre ans de travail. Notre association a ensuite grandi et a perfectionné ses projets, tout en maintenant son identité par deux piliers : la gestion de projets pour l’enracinement des chrétiens au Liban et la présence de volontaires sur tout le territoire. Nous étions d’abord présents à Beyrouth, puis nous sommes allés dans le sud, et enfin dans le nord. Nous avons aujourd’hui une équipe solide et préparée pour accomplir notre travail au quotidien. Nous avons aussi connu deux Liban : le Liban de 2022 ne ressemble malheureusement pas du tout à celui de 2014, avec la crise économique qui a commencé en 2019.

Quelles ont été les principales actions mises en place depuis 2014 ?

Il y a plusieurs volets. Tout d’abord, l’éducation. Depuis 2014, nous avons aidé énormément d’écoles, donné des cours de français en partenariat avec les municipalités locales, et fait du soutien scolaire quand cela était possible. Le Liban est encore relativement francophone, ce qui permet aux bénévoles d’enseigner avec plus de facilité. Les écoles ont été soutenues de plusieurs manières : nous avons financé les salaires des professeurs ou la scolarité des enfants, installé des panneaux solaire, etc. [...]

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Éditorial monde de décembre : Le retour de la vengeance de la fin de l’histoire

Il y a ceux qui, inlassablement, annoncent la fin des temps et ceux qui, désespérément, attendent la fin de l’histoire. Francis Fukuyama fait partie de la seconde catégorie. À l’été 89, l’estimé professeur de sciences politiques, empruntant le concept de « fin de l’histoire » à Hegel, et à l’un de ses grands interprètes, Alexandre Kojève, établissait qu’à travers différents stades de conscience et d’organisation sociale, l’histoire de l’humanité culminait « dans un moment absolu – un moment durant lequel une forme finale, rationnelle de société et d’État devient victorieuse ». La victoire de Napoléon en 1806 et la fin de la Guerre froide en 1989 marquent donc chacune une nouvelle fin de l’histoire et une nouvelle étape du processus de rationalisation politique et culturelle. Tous les événements compris entre ces deux marqueurs ne participent que d’un seul mouvement, pour amener à une conclusion inéluctable : « La fin de l’histoire en tant que telle, c’est-à-dire la fin de l’évolution idéologique de l’humanité et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain ».…

L’actrice Charlize Theron sous les feux des critiques de l’Afrikanerdom

C’est une polémique dont se serait bien passée Charlize Theron. Dans un podcast réalisé par SmartLess et mis en ligne mi-novembre, l’actrice sud-africaine de 47 ans a déclaré que sa langue maternelle, l’afrikaans, était « mourante et inutile », tout en ironisant sur le fait qu’elle n’était parlée que par « environ 44 personnes ». Bien qu’elle ait rappelé avoir grandi dans la ville de Benoni, située dans le Gauteng (anciennement Transvaal), non sans nostalgie, Charlize Theron a reconnu qu’elle ne maîtrisait l’anglais que depuis son arrivée aux États-Unis en 1994. Date à laquelle Nelson Mandela a été élu président de la République sud-africaine, peu de temps après les premières élections multiraciales organisées dans ce pays marqué par des décennies d’apartheid.

Lire aussi : [Idées] Hitler est en nous

Ces commentaires ne sont pas passés inaperçus en Afrique du Sud et ont provoqué une vaste polémique, à l’heure où cette langue est toujours considérée comme un héritage du régime de ségrégation raciale par une partie des Sud-africains noirs. Mélange de néerlandais (majoritaire), d’allemand, de français, d’idiomes ethniques locaux et même de malais, l’afrikaans a fait son apparition sur la partie australe du continent africain avec l’arrivée massive d’Européens au XVIIè siècle, avant de devenir une langue d’identité nationale et d’opposition au colonialisme britannique pour les Afrikaners. Pour les Africains, elle n’a été que synonyme d’oppression, imposée dès 1925 au mépris de leurs propres langues. En 1976, manifestant contre cet enseignement obligatoire, le massacre de Soweto a d’ailleurs soudainement mis un coup de projecteur sur cette langue, encore utilisée quotidiennement par plus de 15 millions de personnes, principalement dans les anciennes provinces historiques du Cap, de l’État d’Orange Libre ou du Transvaal. [...]

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SOS Chrétiens d’Orient en première ligne pour aider les populations éthiopiennes

Voilà deux ans que je n’étais pas retourné dans le nord de l’Éthiopie. Mon dernier passage date de 2019, nous avions coutume d’aller jusqu’à la frontière érythréenne, à Adigrat, en passant par Lalibela pour ensuite redescendre sur Aksoum, Gondar et Bahir Dar et finalement revenir sur Addis-Abeba, la capitale. En 2020, l’Éthiopie sombrait dans la guerre civile. La guerre du Tigré, opposant le gouvernement fédéral aux Tigréens, s’était étendue dans les régions de l’Amhara, l’Afar et l’Oromia. Le Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT) tentait d’atteindre la capitale.

De retour à Addis-Abeba ce jeudi 13 octobre 2022, notre objectif est définitivement le Nord. Mais jusqu’où pourrons-nous aller ? Les Tigréens avaient été refoulés jusque dans leur région d’origine et les régions précédemment conquises avaient été libérées par l’armée éthiopienne. Libérées mais à quel prix ?

Ces personnes aux visages fatiguées n’ont plus que la peau sur les os, certaines ont la lèpre. Elles nous rappellent combien il importe de ne pas les abandonner

Les mesures prises par le Gouvernement sont radicales, la région du Tigré est sous verrou. En amharique, le mot « compromis » n’existe pas ! Le verbe le plus proche est « se mettre d’accord ». In fine, les belligérants n’envisagent qu’une victoire ou une défaite totale…

Nous nous rendons à Kombolcha en avion. À notre arrivée, les pères blancs nous accueillent et nous amènent à leur compound. Pour y parvenir, nous devons traverser la ville qui porte encore les stigmates de l’invasion tigréenne. Les habitants reviennent peu à peu. Des camions renferment des grandes quantités de nourriture dépêchées par le World Food Program, aidant au retour des habitants. Des bâtiments dont les vitres sont brisées et les murs sont criblés de balles. Notre chauffeur nous raconte que l’intérieur de ces immeubles n’est guère plus présentable. « Tout est saccagé à l’intérieur. »

En passant devant la prison, on nous informe qu’elle avait été prise d’assaut par les Tigréens libérant ainsi plusieurs centaines de détenus. « Seuls ceux qui écopaient de lourdes peines ne se sont jamais rendus aux autorités éthiopiennes. Les autres, les prisonniers qui n’avaient plus qu’un an à tirer, avaient plutôt intérêt à se rendre s’ils ne voulaient pas en reprendre pour dix ans ! » précise en souriant notre hôte assis à côté du chauffeur.

Lire aussi : SOS Chrétiens d’Orient : « C’est ni plus ni moins la survie de l’Arménie qui est en jeu »

La plupart des établissements de la ville ont été brutalement pillés. Le compound des prêtres ne faisait pas exception, il avait été occupé par les rebelles. Une sensation de déjà vu ! En Syrie où j’ai passé quelques années durant la guerre, j’avais déjà été témoin des mêmes évènements. Les bâtiments du clergé sont souvent utilisés comme quartier général par les milices guerrières. SOS Chrétiens d’Orient avait répondu à l’appel des pères blancs qui avaient besoin de restaurer ce que le FLPT avait dégradé : le presbytère. En effet, les rebelles avaient utilisé leur centre de mission comme camp militaire, en particulier la résidence des pères. Ils ont tout emporté avec eux. Plus loin, un autre bâtiment du compound nous est ouvert. « Voici notre chapelle ! Les guerriers sont entrés ici et ont jeté les hosties au sol. Ils pensaient trouver un trésor dans le tabernacle. » [...]

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Affaire Ablyazov : un sujet majeur pour la visite de Tokaïev en France

La rencontre entre le président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev, et Emmanuel Macron prévue cette semaine pourrait prendre une tournure moins formelle que l’on pourrait a priori le penser, si la question la situation de l’homme d’affaires et opposant politique Muktar Ablyazov était mise sur la table, en plus des sujets énergétiques ou encore de la question russe.

Lire aussi : Slava Ukraini : la crucifixion de l’Ukraine

Fondateur en 2003, et ancien président de la banque BTA Bank Joint-Stock Company – nationalisée en 2009 par l’ancien président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev –, il est poursuivi pour avoir blanchi aux alentours de 6,5 milliards de dollars via des comptes offshore et des entreprises, du temps où il était à la tête de la banque. Aujourd’hui, il mène une campagne très active sur les réseaux sociaux contre Tokayev, réélu haut-la-main le 20 novembre dernier lors d’élections présidentielles anticipées, avec 81,3% des voix. Sa page Twitter et sa chaîne YouTube (620 000 abonnés) sont ses relais privilégiés pour mener cette campagne depuis la France, ce qui provoque l’ire des autorités kazakhs.

Opposant politique ou fraudeur ?

Mais revenons quelques années en arrière pour bien cerner le personnage. Dans le Kazakhstan post-soviétique, Ablyazov est en effet bien plus qu’un simple businessman. Proche de l’ancien président et fondateur de la République du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, il reçoit le poste de ministre de l’Énergie, du Commerce et de l’Industrie en 1998, au sein du gouvernement. Peu satisfait des pratiques de gouvernement de son président, Ablyazov démissionne dès 1999 et fonde un parti d’opposition, le Choix démocratique du Kazakhstan, dont le message majeur est sans surprise la démocratisation des institutions. Il est poursuivi peu de temps après pour détournement de fonds et évasion fiscale, à cause du fameux trou de 6,5 milliards de dollars constatés lors de la nationalisation de la banque. Ablyazov plaide son innocence et dénonce un procès politique. Craignant son arrestation et un procès injuste, il fuit pour la Grande-Bretagne en 2009. [...]

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Marek Jurek : « Nous avons besoin de reconstruire l’identité chrétienne de l’Europe »

Vous êtes francophone et francophile : nos deux pays, alliés de toujours, et catholiques, semblent avoir rarement été aussi éloignés. Que se passe-t-il aujourd’hui entre la France et la Pologne ?

La réalité est que nous considérons que le président Macron a brutalement attaqué le gouvernement polonais. En réponse, le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, a de son côté vivement critiqué les vieilles illusions russes d’Emmanuel Macron. Les relations entre les deux exécutifs ne sont donc pas parfaites. En revanche, je crois qu’un rapprochement entre la Pologne et l’opposition politique française est une chose possible. Le parti Droit et Justice et la droite française, comme le Rassemblement National, pourraient peut-être travailler ensemble.

Loup Viallet : « Une rupture entre la France et le Maroc n’est ni souhaitable, ni probable »

L’Institut d’études de géopolitique appliquée (EGA) a récemment publié un rapport intitulé : « Le Maroc : quel statut vis-à-vis de la France et de l’Europe ? » que vous avez pu consulter. Il y décrit une situation tendue en développant les enjeux de la crise diplomatique. Que dire des relations franco-marocaines ?

Les relations franco-marocaines traversent effectivement une phase de turbulences, mais la défiance n’est pas généralisée et l’hypothèse d’une rupture entre les deux pays semble aussi peu souhaitable que peu probable. Les divergences sont localisées sur des problématiques de souveraineté bien précises : sécuritaires et migratoires du point de vue français, territoriales du point de vue marocain. L’intensité des frictions actuelles ne serait pas compréhensible sans tenir compte du degré très élevé de proximité entre le Maroc et la France. Les communautés française et marocaine représentent respectivement les communautés étrangères les plus importantes au Maroc et en France. Quant aux liens économiques, ils sont aussi très étroits : la France est le premier partenaire économique du Maroc et le royaume chérifien, le premier partenaire de la France sur le continent africain. Aucune tension ici : la balance commerciale est excédentaire pour le Maroc, notamment grâce à l’implantation de Renault et de Peugeot sur son territoire. Par ailleurs, le Maroc et la France coopèrent dans tous les domaines et à tous les niveaux. Les deux États ont tout intérêt à surmonter leurs divergences pour continuer à bâtir des pôles de stabilité et de prospérité sur un espace méditerranéen déjà mouvementé.

Lire aussi : Xavier Driencourt : « L’influence de la France en Algérie diminue régulièrement »

La question des visas doit être regardée au travers de deux prismes. Du côté marocain, la réduction des visas français a frappé des individus qui avaient l’habitude de voyager régulièrement en France (de façon non clandestine). Perçue comme injuste, cette mesure a nourri un ressentiment nouveau parmi des franges de la population marocaine plutôt aisées. D’autre part, le réchauffement des relations franco-algériennes n’a pu que froisser le Maroc, qui fait l’objet d’un regain d’hostilité de la part du régime algérien, lequel a décidé unilatéralement de fournir le Maroc en gaz via le gazoduc Gaz Maghreb Europe et organisé des exercices militaires communs avec des forces antiterroristes russes à la frontière marocaine.

Côté français, on constate qu’une large partie des mineurs étrangers présents illégalement sur le sol français sont originaires du Maroc (mais aussi de Tunisie et d’Algérie). En outre, malgré les multiples engagements du gouvernement marocain au sujet de la lutte contre l’immigration illégale, notamment des mineurs, il a été reproché au gouvernement marocain (comme aux gouvernements tunisien et algérien) une certaine lenteur dans la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires pour réaliser l’expulsion d’un délinquant étranger. Enfin, le franchissement régulier de la frontière maroco-espagnole dans les enclaves de la Ceuta et de Melilla par des migrants subsahariens pose un problème non seulement à l’Espagne mais à tous les pays européens vers lesquels ces derniers cherchent à se rendre, et à la France en premier lieu. [...]

Kramatorsk : Armageddon en devenir

Si de nombreux observateurs ont pu penser que Poutine ne s’arrêterait pas avant la conquête de l’intégralité du territoire ukrainien, du moins de Kiev et a minima d’Odessa, arrachant ainsi l’ensemble du littoral ukrainien, pour la Russie désormais, même les objectifs minimaux apparaissent bien incertains. Cependant, l’ampleur de la mobilisation qu’elle a décrétée (300 000 soldats supplémentaires rejoignant à terme les 200 000 combattants russes ou prorusses déjà engagés sur le front) paraît indiquer que la Russie n’a pas perdu espoir.

Alors que la Russie a entièrement abandonné Kherson, la conservation de l’intégralité du Donbass, composé des oblasts de Donetsk et Lougansk, constitue probablement en revanche un objectif auquel la Russie ne renoncera pas, justifiant ainsi les sacrifices consentis. L’armée russe avait réussi la conquête de l’oblast de Lougansk, à l’exception du village symbole de Bilohorivka, resté constamment le théâtre des combats les plus âpres. Mais la contre-offensive ukrainienne de Balaklia, qui a permis la reprise des villes clefs d’Izioum, Lyman et Koupiansk, continue à menacer le maintien des troupes russes au nord de Lougansk. Pour le moment les lignes russes continuent à tenir et à freiner la poussée ukrainienne. L’envoi en urgence de milliers de soldats russes mobilisés y est probablement pour beaucoup.

Sloviansk protège l’accès à Kramatorsk par le nord, Droujkivka et Kostiantynivka verrouillant l’accès par le sud. S’assurer de sa conquête est un objectif auquel Poutine ne pourra renoncer

Mais la conservation de l’oblast de Donetsk est plus incertaine. Si sa conquête littorale fut rapidement achevée après la reddition des défenseurs d’Azovstal, dernier carré de la ville martyre de Marioupol, le gros du travail reste à faire pour les Russes, qui doivent maintenant s’emparer de l’intérieur des terres. Ces plaines agricoles ont été transformées depuis 2014 par les Ukrainiens en véritables lignes Maginot. Les fronts les plus tendus, telles les localités de Marïnka et d’Avdiivka à la périphérie de la ville de Donestk, sont toujours le théâtre de combats acharnés. Lorsque les Russes parviennent à avancer, leurs conquêtes se comptent en dizaines de mètres seulement. [...]

L’Incorrect numéro 73

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