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Parlons peu, parlons rap « français »

Après avoir eu l’immense joie de découvrir que Karim Benzema reprendrait le maillot français pour l’Euro, nous avons l’honneur d’avoir, en plus, la délicate voix du rappeur Youssoupha pour chanter l’hymne officiel des Bleus. La finalité semble être, cette année, de choisir les personnalités admiratrices de la France et les plus à même de la personnifier.

Youssoupha a donc écrit à cette occasion le titre Écris mon nom en bleu. Nul besoin de préciser que l’œuvre est d’une finesse rare.

« Défendre les lignes et les frères d’armes ». S’il voit dans les footballers des frères d’armes, rappelons tout de même qu’il ne qualifie pas de la même façon certains Français en contradiction avec sa ligne de « pensée ». Citons pour preuve ses mots doux à l’encontre de Marine Le Pen : « dans ce rêve où ma semence de nègre foute en cloque cette chienne de Marine Le Pen ».

« Ça vient des campagnes et des quartiers ». Il est vrai qu’on ne doute pas de l’admiration du grand orateur pour les agricultures, les charmants villages français de nos campagnes et les belles églises, dans lesquelles il doit mettre régulièrement un pied pour en apprécier l’architecture. [...]

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La mutation des chaussures de sécurité : prendre son pied au travail

Les chaussures de sécurité sont conçues pour protéger les pieds et les chevilles. Elles sont pourvues de coques contre les risques d’écrasement et de semelles contre la perforation. Les premières chaussures avec coques en acier de protection sont apparues il y a un siècle. Au XIXe siècle, la révolution industrielle provoque un exode des campagnes vers les villes, et les premiers ouvriers sont des paysans qui sont équipés de sabots. Ces derniers protègent les pieds des fermiers contre les risques d’écrasement par les vaches et les chevaux. Mais les sabots ne sont pas adaptés au monde industriel. Les accidents de travail se multiplient et révoltent les ouvriers. Face à ces drames, les dirigeants remplacent cette main-d’œuvre à bas prix au lieu d’investir pour la protéger. L’absence de considération nourrit la révolte. Les conflits sociaux éclatent, les ouvriers jettent leurs sabots sur les machines afin de stopper la production. Le « sabotage » est né.

Les chaussures de sécurité se répandent après la Seconde guerre mondiale. À l’origine conçues pour les travailleurs, elles sont détournées dans les années 70 et 80 par la culture alternative punk. Dans les années 90, l’entreprise de travaux publics Caterpillar devient la marque emblématique des rappeurs. Manufacturier de bulldozers et de pelles mécaniques, Caterpillar produit aussi des chaussures de travail. Ces « Walking Machines » aux allures de bulldozers (cuir épais, grosses coutures apparentes) séduisent une génération en quête d’authenticité.

Au début des années 90, l’attrait pour les vêtements de sécurité et de travail (Workwear) correspond au dégoût qu’inspirent les années 80. Les années fric, celles de la publicité et de la spéculation apparaissent superficielles et bavardes. La jeunesse se tourne alors vers de nouveaux héros : des hommes qui bravent les éléments équipés de vêtements de sécurité. Des hommes robustes et honnêtes.

Ces « Walking Machines » aux allures de bulldozers (cuir épais, grosses coutures apparentes) séduisent une génération en quête d’authenticité

Notre temps bavard et superficiel s’apparente à la décennie 80, où le manque de sens mine les esprits. Symptôme de cette crise, le rejet des « emplois à la con » (les « bullshit jobs »), ces métiers qui ne servent à rien, qui ne produisent rien. Des métiers dans le marketing ou le digital que l’on peine à définir en une phrase.

Les reconversions vers des métiers concrets se multiplient : un graphiste devient boulanger, un banquier se destine à la boucherie. Déçus par le monde du travail, des milliers de jeunes diplômés se tournent vers des métiers manuels.

Il existe donc une véritable opportunité pour l’industrie et l’artisanat. Pour ce faire, il faut parler de manière décalée. Le succès de la firme américaine Carterpillar réside ainsi dans une communication nouvelle : elle cesse de s’adresser à un public strictement professionnel, comme le conducteur d’engin ou le manutentionnaire. Mieux, elle considère que le conducteur d’engin n’est pas uniquement conducteur. Il est aussi un consommateur comme les autres. Les cloisons entre le monde personnel et le monde du travail explosent. L’émotion, la beauté, le confort, doivent être pris en compte par le monde du travail.

Cette évolution des mentalités s’exprime déjà chez les fabricants de chaussures de sécurité. Le soulier à l’ancienne, lourd et rigide est rem- placé par une chaussure qui s’inspire des tennis (sneakers). Plus légère, la chaussure de sécurité intègre les codes de la mode. L’allure est plus contemporaine, les couleurs sont multiples. L’influence des femmes est notable dans ce changement. Dans le secteur industriel, elles représentent aujourd’hui 13 % contre 8 % en 1999.

Il existe donc un vrai dilemme entre les contraintes techniques et les désirs impérieux du consommateur. L’utilisateur de chaussures de sécurité souhaite soigner son image chez lui comme au travail

L’artisan, l’ouvrier ou le cadre veulent travailler dans un confort identique à celui qu’ils connaissent chez eux. Pour répondre à ce désir, les fabricants de chaussures de sécurité se sont tournés vers de nouveaux matériaux. Les embouts protecteurs, autrefois en acier, ont été remplacés par de la fibre de verre ou du carbone. « Il existe une vraie opposition entre le désir des consommateurs et l’évolution des normes de sécurité » explique Jérémie Bernard, responsable marketing de la société S.24. Cette maison familiale de trente salariés est située en Dordogne. « Les normes ont tendance en Europe à se durcir. Accroître la résistance d’une semelle à la perforation des clous s’oppose au désir de souplesse des consommateurs [...]».

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Cryptomonnaies : le féodalisme 2.0

Ça commence par des pizzas, ça finit par une Tesla. Fin 2008, alors qu’une crise financière secoue l’économie mondiale, le mystérieux Satoshi Nakamoto publie, sur la liste de diffusion metzdowd.com, le protocole de sa monnaie virtuelle, Bitcoin. Ce protocole a pour but de remplacer les banques par un registre comptable distribué et décentralisé en ligne, pour enregistrer, valider et horodater les transactions effectuées toutes les dix minutes sur le réseau Bitcoin. C’est ce registre que l’on nomme la « chaîne de bloc » (blockchain) puisque six fois par heure environ, un nouveau bloc contenant les informations des transactions effectuées dans les dix minutes qui ont précédé est ajouté à la chaîne. La validation d’un bloc de transaction permet de créer 6,25 bitcoins qui s’ajoutent aux 18 millions existant à l’heure actuelle et vient récompenser le « mineur » dont l’ordinateur a permis la validation d’un bloc de transactions. Chaque bitcoin créé dispose d’une signature numérique propre qui en fait un objet informatique impossible à reproduire. La récompense distribuée aux « mineurs » pour chaque bloc de transaction validé diminue de moitié tous les quatre ans et quand le chiffre de 21 millions sera atteint, il ne sera plus possible de créer le moindre bitcoin. On peut en attendant acquérir aujourd’hui un bitcoin en déboursant, au cours actuel, plus de 40 000 dollars, ou en le « minant », grâce à un équipement coûteux et en faisant exploser sa facture d’électricité. Le projet libertaire des débuts a laissé place à l’hystérie spéculative à tel point d’ailleurs que la flambée du prix du bitcoin a entraîné également la flambée du prix des cartes graphiques qui peuvent servir à miner du bitcoin, au grand désespoir des amateurs de jeux vidéo, maudissant le bitcoin, responsable d’une véritable pénurie de cartes graphiques.

De l’utopie au cadenassage mondial

Bitcoin aurait pu rester une sorte d’utopie et un jeu d’informaticiens si un certain Lazlo Hanyecz n’avait pas eu l’idée bizarre de proposer en 2010 sur le forum Bitcointalk de payer 10 000 BTC à quiconque lui ferait livrer… deux pizzas. Un autre utilisateur a répondu à son appel et les bitcoiners du monde entier célèbrent, le 22 mai de chaque année, le « Lazlo Day », qui marque le premier achat documenté d’un objet physique en bitcoins. À l’époque, 10 000 BTC représentaient à peu près 41 $. Aujourd’hui, les « pizzas de Lazlo » en vaudraient 450 millions. Le jeu libertaire a pris fin à ce moment-là, quand le bitcoin est devenu un objet de spéculation folle, au point qu’Elon Musk a annoncé le 8 février l’achat par son entreprise d’1,5 milliard de bitcoins. La décision de Musk a tellement plu aux bitcoiners que coinmarketcap.com, qui référence le cours de 8 000 cryptomonnaies a décidé, dans un clin d’œil au fantasque entrepreneur américain, d’indiquer en tête de son index, juste au-dessus du cours du bitcoin, le prix unitaire d’une Tesla Model 3 : 37 990 $. Juste histoire de permettre aux détenteurs de bitcoins ou autre cryptos de savoir s’ils sont « Tesla éligibles ». Christine Lagarde, l’ancien ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy, condamnée en 2016 pour « négligence » dans sa gestion de l’Affaire Adidas, mais recasée sans problème à la tête du FMI, puis de la BCE, a, elle, annoncé que jamais la BCE n’achèterait le moindre bitcoin. Et pour cause : la BCE, comme les autres banques centrales dans le monde, voudrait bien créer sa propre monnaie virtuelle et disposer de sa propre « chaîne de blocs ». On comprend la BCE. Ce registre virtuel infalsifiable, dont il est possible de mettre à jour instantanément les multiples copies est un véritable rêve de banquier. Avec la blockchain, finis la corruption, les détournements de fonds mais aussi les petits arrangements avec son découvert autorisé et son banquier et bonjour la gestion automatisée de l’argent. Comme le souligne l’économiste Pippa Malmgren : « En bref, la monnaie virtuelle plus la blockchain représentent l’arrêt de mort du marché noir. Les gouvernements seront en mesure de taxer les transactions au moment exact où elles interviennent. Cela améliorerait les finances de n’importe quel gouvernement de manière positive et permanente ». Mais, comme le souligne également l’économiste, le prix à payer peut-être lourd : « Il y a une face sombre. Même les paiements en nature pourront être découverts. Il sera difficile d’expliquer pourquoi vous vous présentez chaque jour sur le chantier alors que vous n’apparaissez pas sur le tableau des paiements [...]  ».

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Georges-Marc Benamou : le dernier mitterrandien

Vingt-cinq ans ont passé depuis la publication de votre ouvrage Le dernier Mitterrand. Votre regard a-t-il changé depuis sur la vie et l’œuvre de ce président ?

Mon regard sur lui n’a pas changé. Le dernier Mitterrand a été mon premier livre et je l’assume totalement. Je n’ai rien à ajouter ni à retirer de ce que je raconte à propos de ce monarque au crépuscule. C’est un morceau d’histoire de France à la dimension symbolique. Mitterrand est « le dernier des grands présidents français ». Il le lui disait lui-même sans forfanterie. Sa mort marque le passage à une autre France. Après, on a l’apparition des petits présidents qui ont du mal à se faire élire et à rester en place. C’est ce qu’il disait et, en ce sens, il avait tout à fait raison. Après lui, l’intégration européenne change la donne.

Quelle place lui accorderiez-vous parmi les présidents de la Ve ?

Il est banal de dire que le grand président de la Ve est de Gaulle et que Mitterrand vient tout juste après. De son vivant et à travers nos conversations, Mitterrand contestait cette vision des choses. Le « match » qui l’oppose à de Gaulle dans l’écriture de l’histoire est quelque chose qui l’obsédait, surtout à la fin de sa vie. Il avait l’habitude de dire que de Gaulle n’avait gouverné que dix ans alors que lui était resté arrimé au pouvoir pendant 14 ans. C’est la grande gloire de ce conservateur qu’était Mitterrand que d’avoir su conserver le pays aussi longtemps sans jamais avoir été renversé par une révolution. Le roseau Mitterrand a tenu quatorze ans alors que le chêne de Gaulle a été arraché au bout de dix ans. Pour les vieux chefs gaulois, la paix civile est une donnée très importante que l’on oublie souvent.

Malgré l’affection sincère qui vous portait vers cet homme, ne vous a-t-il pas parfois déçu ?

Tout d’abord, je ne suis pas de la génération des hommes providentiels. Je n’ai pas été gauchiste. Ma génération a justement souffert de l’absolutisme des gauchistes. Si l’on relit l’appel à Mitterrand en 88, il y est bien écrit que l’on ne croyait pas à l’homme providentiel. Mitterrand correspondait vraiment à ce que je pensais en 1988. Chaque époque a son homme – et en l’occurrence son président. Imagine-t-on Chirac et Pasqua au pouvoir à ce moment-là ? Cela me paraissait naturel que ce soit lui qui soit élu.

C’est la grande gloire de ce conservateur qu’était Mitterrand que d’avoir su conserver le pays aussi longtemps sans jamais avoir été renversé par une révolution

Je n’ai aucune déception politique si ce n’est peut-être un peu d’agacement par rapport à un certain conservatisme mitterrandien sous le deuxième septennat. J’aurais préféré plus d’audace ou d’inventivité économique. Malgré son autoritarisme, de Gaulle était peut-être plus volontariste. Si l’on reprend l’idée du match de Gaulle-Mitterrand, il y a une donnée que Mitterrand ne contrôlait pas : quoi qu’il fasse, de Gaulle était l’homme du 18 juin. Mitterrand partait donc battu.

Vous écrivez : « Monarque, il aurait été plutôt des rois paysans, malotrus à la piteuse réputation, de ces rois méconnus mérovingiens ou premiers Capétiens. » Que voulez-vous dire ?[...]

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Thaïs d’Escufon : « Notre association va révéler toutes les censures sur l’immigration et l’islamisation »

Vous avez récemment créé une association appelée l’Association de soutien aux lanceurs d’alerte (ASLA). Pouvez-vous nous en expliquer le principe ?

Le but de l’ASLA sera de relayer toutes les censures sur les thématiques d’immigration et d’islamisation notamment. Fort simplement, l’association nous a permis d’être le relais de la première audience devant le Conseil d’État pour la dissolution de Génération Identitaire. Cela a été également le cas quand d’anciens militants identitaires avaient fait une campagne d’affichage pour alerter sur l’élection du maire anciennement fiché S Abdelaziz Hamida à Goussainville. Ces militants avaient subi une menace de perquisition puis un procès. C’est typiquement le genre de chose que nous voulons défendre et qui nous permettent de continuer de nous exprimer sur la répression judiciaire et la censure qu’a subie Génération identitaire. De façon plus globale, l’association ne va pas se limiter à ce profil de lanceurs d’alerte, et aidera tous ceux qui auraient besoin d’une aide juridique sur ces thématiques.

De qui êtes-vous entourée pour lancer ce projet ?

Il y a des anciens militants de Génération identitaire mais pas seulement, nous sommes entourés de juristes et d’avocats.

Vous dites que cette association ne sera pas un « mouvement activiste ». Quels seront alors ses moyens d’action ?

Effectivement, c’est une association qui n’a pas de structure militante à proprement parler. Nous pouvons proposer une aide juridique avec des juristes prêts à nous aider. Il s’agit aussi de donner une aide morale puisqu’avoir une association derrière soi est un véritable soutien. Nous pouvons aussi proposer notre réseau en fonction des besoins des lanceurs d’alerte. Enfin, il peut s’agir d’une aide financière. Le but est également, à l’origine, de communiquer sur les procédures judiciaires de lanceurs d’alerte qui n’auraient pas assez d’écho médiatique. [...]

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Ma filiation, c’est mon droit ! La loi bioéthique revient à l’Assemblée

Cliquez ici pour accéder à la pétition. https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-444

Le mariage est plus qu’un simple contrat. C’est une institution définie par la loi incluant la perspective de la procréation. Aux députés qui désiraient, en 1792, que l’on précisât que le mariage, alors simple contrat, était l’union de deux personnes libres d’un sexe différent, Mathurin Sédillez répondit : « Rien n’est si inutile qu’une définition parce que tout le monde sait ce que c’est que le mariage ». La mention de l’altérité sexuelle ne fut donc mentionnée ni dans le préambule de 1946 ni dans les articles de la Constitution de 1958 tant elle allait de soi comme droit fondamental. C’est pourquoi madame Théry, lors du Grand débat à l’Elysée de 2019, adepte de « la filiation pour tous » avait prêché, auprès du président Macron, la reconnaissance de « la distinction de sexe pour les couples de même sexe », et que Têtu regrettait, le 4 mai 2021, après madame Taubira, que n’ait été incluse, dans la loi du mariage pour tous, la loi sur la filiation. L’ombre de Napoléon plane toujours sur notre droit.

Au début de juin, la loi bioéthique revient dans l’hémicycle. Si le droit n’est pas un dictionnaire, il doit préciser ce qui est sujet à caution. Si l’article 310 du Code civil stipule que « tous les enfants dont la filiation est légalement établie ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans leurs rapports avec leur père et mère », il ne comporte pas d’article consacré à la définition de la notion de « parents ». C’est pourquoi l’article 7 de la CIDE (Convention internationale des droits de l’enfant signée en 1990 par la France) stipulant que « tout enfant a le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux dans la mesure du possible » a été écarté, d’emblée, de tous les débats, au motif que la notion de « parents », non explicitée, n’excluait pas que deux femmes puissent être les deux parents. Ainsi était consacré l’effacement de la filiation paternelle de la vie d’un enfant à naître.

Lire aussi : Projet de loi bioéthique : échec de la Commission mixte paritaire

Une pétition vient d'être mise en ligne par le collectif « Marchons enfants » sur le site de l’Assemblée pour demander que soit ajouté à l’article 310 du Code civil une précision d’importance, définissant le mot « parents ». L’article serait complété ainsi : « La filiation est le lien qui rattache une personne à ses parents c’est-à-dire ses père et mère, l’homme et la femme dont elle est née ou ceux qui l’ont adoptée dans les conditions prévues par la loi ».

Avec Giraudoux, on sait que « le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination ». Depuis Caroline Mécary, qu’un donneur n’est pas un « papa ». Avec Jean-Louis Touraine, qu’il n’y a pas de droit à avoir un père. Mais qu’on peut avoir deux mères. Les tweets du 17 mai lors de la journée contre l’homophobie (maladie déclarée à l’OMS) sont des pépites. Ainsi, sous les doigts de Véran : « La lutte contre l’homophobie et la transphobie est un combat de chaque jour. À nous, politique ou citoyen, de le poursuivre. Améliorer les parcours de transition, supprimer les discriminations ou l’accès à la PMA, interdire les thérapies de conversion : avançons ». Avançons ! Ainsi disent les présentateurs à la télé. Le tweet d’Aurélien Taquet du 15 mai est une béatitude : « Les pères d’enfants nés à partir du 1er juillet pourront bénéficier de 28 jours de congé contre 14 précédemment. Heureux de la parution, cette semaine, du décret précisant les modalités, c’est une avancée importante dont nous pouvons être fiers ». Avançons ![...]

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« Ladies and gentlemen » trop discriminatoire : un naufrage civilisationnel

Tempête dans une tasse de thé : au Royaume-Uni, la compagnie ferroviaire de la London North Eastern a dû présenter ses plus plates excuses à un usager, heurté d'avoir entendu une annonce à bord d'un train commençant par « Good afternoon, ladies and gentlemen ». Sky, my husband, comme aurait dit l’ami Jean-Loup Chiflet.

La formule n’était pas assez inclusive, une séance d’auto-critique en bonne et due forme a donc été de mise sur les réseaux sociaux. « Je suis vraiment désolé de voir cela, notre personnel à bord ne devrait pas utiliser un langage comme celui-ci » a répondu le community manager de la compagnie, inondant son clavier de sanglots. Heureusement qu’Hitler n’avait pas la télévision, et que Staline ne connaissait pas Twitter.

Sous couvert d’inclusivité, c’est en fait la courtoisie et l’élégance des manières qui disparaît, au profit d’une brutalisation des rapports, simplifiés à l’extrême, débarrassés de toutes les représentations culturelles polies par les ans et transmises par l’ancienneté de notre civilisation

L’usager justifie ainsi sa plainte : « En tant que personne non binaire, cette annonce ne s'adresse pas à moi ». Nous pouvons faire confiance à la direction de la responsabilité sociale de la LNER pour réfléchir à une formule qui puisse correspondre aux standards de l’inclusivité. Nous lui suggérons d’adopter un sobre mais efficace « Hi ». [...]

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Paul-Marie Coûteaux : « Il n’y a rien de gaulliste dans la politique mitterrandienne »

S’il y a une chose qui rapproche François Mitterrand et Charles de Gaulle, c’est leur formation intellectuelle, non ?

Politiquement, ils étaient tous deux imprégnés par l’Action française. De Gaulle a lu l’AF jusqu’en 1938, même si c’était en cachette depuis sa condamnation par Rome, et, dans ses lettres à sa mère, il faisait souvent référence à Charles Maurras, que manifestement il estimait. Sa première sortie publique, dans l’entre-deux-guerres, avait consisté à donner une conférence devant le Cercle Fustel de Coulanges, qui dépendait de l’AF, et son dernier acte public, en 1970, fut d’aller voir Franco à Madrid, à qui il a dit : « Je vous félicite d’avoir fait en Espagne ce que je n’ai pas réussi à faire en France : restaurer la monarchie. » De Gaulle était un monarchiste – ou un Capétien – par toutes ses fibres. Et Mitterrand aussi ! En 1939, François Mitterrand, qui fréquente les cercles d’Action française en Charente comme à Paris, se rend à Bruxelles pour s’incliner devant celui qui fut jusqu’en 1999 le comte de Paris, le grand-père de l’actuel Jean. Quelques mois plus tard, fait prisonnier, il considère que les soldats français captifs sont « les héritiers de cent cinquante années d’erreurs », phrase qui figure dans un texte qu’il a publié en décembre 1942 dans France, revue de l’État nouveau. Après, les divergences entre les deux hommes ont été totales. La hargne de Mitterrand à l’égard de de Gaulle fut absolue et assez irrationnelle, tandis que de Gaulle ne manifesta que du mépris à l’égard de celui que les gaullistes appelaient « l’Arsouille », et cela parfois devant le général sans qu’il ne les reprenne.

Ils se connaissaient depuis quand ?

Ils s’étaient rencontrés en décembre 1943 à Alger. Mitterrand, que le général de Gaulle tenait pour un homme de Giraud, avait obtenu qu’il le reçoive. L’entretien avait tourné court. Mitterrand avait expliqué à de Gaulle qu’il lui fallait avoir plus de contacts avec la Résistance, car cela lui permettrait de mieux comprendre la France. Réplique cinglante de de Gaulle : « M. Mitterrand, pour voir dans quel état est la France, il me suffit de fermer les yeux. » De Gaulle l’avait jugé pour ce qu’il était déjà : un politicien. 

L’opposition est donc plus philosophique que politique ?

L’opposition est morale. La mort dit tout des êtres. Or celle de Mitterrand est à l’exact opposé de celle de de Gaulle. Pensez que de Gaulle est mort octogénaire en 1970 sans avoir vu un médecin depuis son opération en 1964. Ça, c’est le mort d’un chrétien qui ne connaît « ni le jour ni l’heure ». Alors que Mitterrand, qui avait déjà célébré sa victoire dans un cimetière – qu’est-ce que le Panthéon, sinon un cimetière – a consulté des batteries de médecins, et même une thanatologue, lorsque sa maladie l’a envahi.

C’est une erreur de croire que Mitterrand a voulu se rattacher à l’histoire de France. Il n’a pas de bilan, sauf un bilan moral, emblématique de l’égocentrisme moderne

Dans les dernières années de son règne, l’Élysée était devenu un véritable hôpital, et, quelques jours avant sa mort, il se traînait à Louxor, devant les tombeaux des rois et reines. Qu’est-ce que cela signifie ? Que François Mitterrand ne s’intéressait à rien d’autre qu’à lui-même, qu’à la seule chose qui l’avait toujours mû : ce qui pouvait amplifier son pouvoir et son emprise sur les êtres. Il ne raccrochait sa vie de mortel à rien qui soit métaphysique, pas même la France. C’est une erreur de croire que Mitterrand a voulu se rattacher à l’histoire de France. Il n’a pas de bilan, sauf un bilan moral, emblématique de l’égocentrisme moderne.

Placez-vous ses doubles obsèques dans cette quête égocentrique ?

Évidemment ! C’était dans ses gènes. Il a fallu qu’il tente le coup de la mise en scène des « deux corps du roi », de Kantorowicz : le mortel à Jarnac, l’immortel à Notre-Dame. Mais pour que cela réussisse, il aurait fallu quelque chose qui le dépassât. Or il n’y a pas eu, il y avait trop d’insincérité chez lui. Mitterrand est un réaliste, de Gaulle un idéaliste, ils ne peuvent pas se comprendre.

Expliquez-nous ça un peu plus…

Le réalisme est une qualité mais il peut conduire à l’à-plat-ventrisme devant les rapports de force. À cela, de Gaulle oppose un réflexe idéaliste au sens essentialiste de Platon : il ne tient pas la réalité telle qu’elle est pour l’alpha et l’oméga et il pense que ce qui doit dominer, ce sont les idées. De Gaulle est un platonicien : il se fait une idée de la France éternelle. Qu’est-ce que le 18 juin ? Impossible de le comprendre pour un réaliste à la Mitterrand. Le 18 juin 1940, la réalité, c’est la mort du pays. Mais de Gaulle dit : il y a une vérité supérieure à la réalité, et elle est immuable, c’est l’éternité de la France[...]

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