On pourrait parler de « micro-terrorisme » pour désigner ces radicalisés qui prennent l’initiative d’un attentat ou d’un assassinat ciblé sans bénéficier d’aucun soutien préalable apparent. Et qui sont le plus souvent récupérés a posteriori par les groupes islamistes. Un micro-terrorisme auquel l’opinion semble s’être cruellement habituée : qui se souvient de ce chef d’entreprise décapité par un salarié radicalisé en 2016 à Saint-Quentin Fallavier (Isère) ? Qui commémore à leur juste mesure les attentats au couteau dans la basilique Notre-Dame de Nice (2020) ? Les pouvoirs publics semblent faire passer le message que nous devons désormais vivre avec cette anti-France, avec cette menace intérieure permanente.
Ce micro-terrorisme, dont les morts sont réels, est d’autant plus dur à identifier et à localiser qu’il peut jaillir n’importe où, y compris des chambres d’adolescents. Les réseaux sociaux jouant parfaitement leur rôle de ferments ultra-communautaires. Sur Tik Tok, l’algorithme peut vous faire passer en quelques heures d’une vidéo-conseil pour porter son voile en toute impunité au collège à des vidéos de propagande ultra-violentes publiées par l’État islamique.
Issus de classes moyennes ou pauvres, végétant entre petite délinquance et petits boulots humiliants, les futurs-radicalisés voient brusquement dans l’islam une voie de sortie
Si l’on présente certains terroristes comme des « loups solitaires autoradicalisés », comme ce fut le cas pour Mohammed Merah, la réalité est bien plus complexe : les radicalisés le sont rarement complètement de leur propre fait. Mohammed Merah, loin d’être venu au djihadisme par la petite porte, était en réalité lié à la pègre salafiste. Avant de se radicaliser en prison, Merah participait à des go-fast depuis l’Espagne dans le cadre d’un vaste trafic de cocaïne à travers l’Europe, dont les commanditaires étaient tous proches du mouvement salafiste. Un réseau qui aide alors Merah à franchir le pas au sortir de prison, pour l’exfiltrer tranquillement dans la région de Kaboul où il s’entraînera auprès des talibans. [...]