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Pronom « iel » : la grande frousse du Petit Robert

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Le langage comme un trait qui rature l’expérience, qui lui donne son relief, son arraisonnement – pour reprendre un terme cher à Heidegger. Le langage comme façon pour l’homme de démultiplier sa sensation du réel à travers des couches de temps, de transformer le substrat phénoménal en paillettes de sens procédées par la raison. Depuis le Verbe vétéro-testamentaire, coup de tonnerre qui sonne comme l’arrivée conjointe de la gravité, au sens physique, et de la cognition, c’est-à-dire de la capacité de se voir, en passant par les tentatives platoniciennes de « désignation du sens » et de captation du réel par le rebours étymologique (le Cratyle), jusqu’aux élucubrations récentes d’un Saussure ou d’un Barthes, le langage est sans doute le concept le plus politique qui soit. Le plus politique car il désigne de facto notre capacité à connaître les choses et surtout à encoder la substance informe du monde pour la transformer en réel, en consensus idéologique.…

Métavers : un monde en plus

« Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci ». Cette belle citation, souvent et faussement attribuée à Paul Éluard, trouve dans son imprécise origine une parfaite illustration. On la retrouve dans les Œuvres complètes de Paul Éluard (p. 986, volume 1, édition de 1968) mais Éluard l’a en réalité empruntée à Ignaz-Vitalis Troxler, cité par Albert Béguin dans L’Âme romantique et le Rêve : « Il y a assurément un autre monde, mais il est dans celui-ci et, pour atteindre à sa pleine perfection, il faut qu’il soit bien reconnu et qu’on en fasse profession ». C’est ce que l’on peut appeler une « méta-citation », du préfixe grec ???? (meta) qui signifie « après », « au-delà de ». Il y a ainsi la métapolitique, la politique dans la politique, les métadonnées, qui sont les données dans les données ou encore, dernière création de notre postmodernité si délicieusement décadente, le « métavers », contraction de « méta-univers ». Selon le très savant Institute of Electrical and Electronics Engineers, un métavers est « un monde virtuel fictif, où des espaces virtuels et partagés sont accessibles via un univers en 3D ».

Après avoir été le fossoyeur des mondes virtuels, le géant Facebook lui offre peut-être l'occasion de ressusciter

L’invention n’est pas si neuve. Lancé en 1985, le jeu Habitat est sans doute le premier environnement multi-joueurs à vocation immersive, lancé par Lucas Arts sur Commodore 64. Les participants y étaient représentés par des avatars évoluant dans un monde virtuel. En 1993, Steve Jackson Games a lancé un MMO (massively multiplayer online) nommé The Metaverse. Il s’agit de la première utilisation commerciale du terme « métavers ». En 1997, Canal+ Multimedia et l’entreprise de jeux vidéo Cryo Interactive lançaient Le Deuxième Monde, qui permet aux joueurs d’évoluer, par le biais de leur avatar, dans une reconstitution de Paris en 3D, comportant même de vraies boutiques. Le Deuxième monde n’était en rien conçu comme un jeu vidéo mais bien comme un véritable univers virtuel, dont les habitants, qui se surnommaient entre eux les « bimondiens », pouvaient se retrouver pour vivre une véritable existence parallèle. Le Deuxième monde n’a pas connu une très longue carrière et l’expérience a pris fin en 2001 mais elle a fait des émules. Sorti en 2003, Second Life, produit par l’entreprise américaine Linden Lab, reprend trait pour trait les caractéristiques du Deuxième monde. Ce logiciel gratuit permet aux joueurs de faire évoluer leurs avatars dans un monde totalement virtuel et surtout, c’est la grande innovation de Second Life, de créer des objets ou des éléments architecturaux intégrés au jeu. Second Life existe aussi dans une version payante qui permet aux joueurs d’être crédités d’une certaine somme de monnaie virtuelle : le « dollar Linden », que l’on peut utiliser dans le jeu. […]

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Chant des saint-cyriens : la France vit toujours

Chaque année se tient l'émission La France a un incroyable talent, produite par Déborah Duetet et diffusée sur M6. Son but : un jury constitué de professionnels du spectacle essaye de débusquer les talents artistiques dont notre pays regorge.

L’émission, en symbiose avec son temps, met généralement en avant des groupes bien-pensants plutôt que talentueux, en témoignent la troupe Lemonade dansant pour le mouvement #BlackLivesMatter, une chorégraphie sur un « coming out » ou encore une chanson sur la transsexualité prématurée. Pourtant, alors que plus personne n’espérait voir dans cette émission des talents réels choisis pour leur talent plus que pour leurs opinions, l’année 2020 nous a fait une grande et belle surprise en consacrant une famille nombreuse, française et catholique de chanteurs, les Lefèvre.

Nouvelle surprise cette année : des militaires venant de l’école Saint-Cyr Coëtquidan à Guer (Morbihan) ont décidé de tenter leur chance. Les jeunes hommes, âgés de 20 à 24 ans, ont interprété « Larme d’Ivoire », un chant militaire en l’honneur des orphelins de militaires tombés pour la patrie. Le chant, composé par une promotion de l’École militaire en 2005, met en scène un enfant inquiet de ne pas voir son père revenir du combat : « Où est mon père quand il dort tous les soirs ». Des paroles émouvantes à même de toucher quiconque les entendrait. [...]

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Franc-Tireur, la raison partisane

Face aux spectres du populisme et du complotisme, du wokisme et du racialisme, le camp du Bien riposte en lançant son hebdomadaire, Franc-Tireur, modeste feuille de huit pages vendue 2€ l’unité. Financé par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà dirigeant de Czech Media Invest (Marianne, Elle, etc.), le journal sera piloté par un quatuor dont le journaliste Christophe Barbier a la direction, secondé par Éric Découty, ex-directeur délégué à Marianne et ex-directeur adjoint de Libération, l’essayiste Caroline Fourest et l’essayiste Raphaël Enthoven. À leurs côtés gravitent entre autres le journaliste Brice Couturier, l’économiste Olivier Babeau, la juriste Rachel Khan ou encore l’ancien leader de Force ouvrière Jean-Claude Mailly : en clair la fine fleur d’une vieille gauche mise en déroute par sa sœur plus radicale se regroupe pour un dernier branle-bas de combat.

Lancée depuis quelques semaines, la communication n’avait qu’un mot d’ordre : hostile à toute forme de pensées radicales, quoiqu’empruntant un vocabulaire volontiers belliciste, notre joyeuse troupe propose de brandir contre tous l’étendard de la raison et du débat éclairé, telle la Marianne dépoitraillée de Delacroix empoigne le drapeau pour conduire la foule. « La raison est un combat », sous-titre le papier, combat qu’ils entendent mener « passionnément » comme le précise l’édito de présentation du premier numéro, sorti ce mercredi.

Lire aussi : Éditorial de Jacques de Guillebon : À Éric Zemmour

La Une pourtant interpelle – « Les cathos intégristes de Zemmour » : pourquoi diable s’en prendre aux catholiques en 2021 alors que leur poids dans le corps social ne cesse de fondre ; que leur poids politique est à peu près nul, ou qu’à tout le moins ils essuient des échecs sur tous les sujets depuis 50 ans ; enfin, que si l’on aperçoit bien ses intuitions conservatrices, on peine à saisir la marque proprement catholique de la politique zemmourienne. [...]

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Woke : nom de code pour anti blancs, anti hétéros

Qu’est-ce que le wokisme ? Un monôme d’adolescents occidentaux hyper-sensibles voulant faire table rase du passé. Le wokisme est la rencontre du maoïsme et du Disney Club ; l’enfant bâtard et cruel du pire de la révolution culturelle égalitariste et de l’ultra-libéralisme façon « mon corps, mon choix ». Tout devient possible, jusqu’à nier la biologie la plus élémentaire. « Je suis une femme » parce que je l’ai décidé. « Je » peux même être un dauphin ou un chat. Tout est permis, surtout le plus débile, du moment que les parents sont mécontents. Par le terme « parents », il faut comprendre aussi autorité, norme, patrie et civilisation. Le but avoué de toutes ces tendances est bien de mettre à bas tout ce que nous sommes, tout ce que nous fûmes. Ils veulent rayer des cadres tout ce qui n’est pas une minorité visible, appliquant une censure préalable univoque et tyrannique ne reculant devant rien.

Lire aussi : De Robespierre aux wokes : une histoire monstrueuse de l’utopie

Face à ces adulescents éduqués à coups de dessins animés et gavés de ritaline dans l’enfance, la raison est impuissante, le dialogue est inutile. Seule compte leur sensibilité personnelle, celle de leur « éveil » à la manière des enfants indigos du New Age. Leur génération formerait un tout cohérent avide de justice sociale, luttant avec détermination contre les pollueurs, la masculinité toxique ou le racisme. Pour parvenir à leurs fins, ils utilisent les armes des sociétés occidentales contemporaines, notamment les réseaux sociaux sur lesquels ils traquent les mauvais sujets du royaume des minorités, pratiquant la cancel culture, le harcèlement et autres joyeusetés. La dernière victime en date est l’humoriste Dave Chapelle qui a osé, crime de lèse-transsexualité, affirmer lors d’un stand-up que tous les spectateurs présents à son spectacle étaient nés d’un vagin ! Il n’en fallait pas plus pour que les employés « trans » de Netflix en appellent à une grève générale. […]

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Affaire Vérove : une victime présumée nous contacte

Nous avons interrogé la victime présumée par courriel pour en savoir davantage. Si nous n’avons aucune certitude sur la véracité du témoignage et que certains passages sont étonnants, il nous semble suffisamment digne d’intérêt pour être porté à la connaissance du public et des enquêteurs du fait de sa date – Vérove a tué Sophie Narme en décembre 1991 et avait utilisé de l’éther. Selon un administrateur d’un forum dédié à l’affaire du Grêlé, le 38 Special, qui est l’une des armes mentionnées dans ce témoignage, aurait été un modèle employé par François Vérove lors d’une autre agression – détail non porté à la connaissance du public. Autant d’éléments qui mériteraient donc l’attention des personnes en charge du dossier.

Voici le témoignage traduit en français ainsi que les réponses aux questions subsidiaires que nous lui avons posées.

Lire aussi : François Vérove dit Le Grêlé, ou la banalité du mal

« J’ai lu votre article sur François Vérove, je suis une victime.

Tu seras trans, mon fils : quand le sexe fait la loi

L’enfer est pavé de bonnes intentions, nous dit-on. C’est encore pire lorsqu’elles sont feintes. Le 5 octobre, une proposition de loi interdisant les « thérapies de conversion » a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale. Le texte prévoit de sanctionner d’une peine de deux ans d’emprisonnement assortis de 30 000 euros d’amende « les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ». Si la victime est mineure, la peine monte à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Cette loi empêchera de facto la prise en charge psychologique des enfants en questionnement sur leur identité sexuelle

Pendant les débats à l’Assemblée nationale, Laurence Vanceunebrock (LREM), rapporteur de la loi, a justifié la nécessité du texte par l’existence de pratiques telles que des « exorcismes, retraites, stages de guérison, séances d’humiliation, hypnose, traitements par électrochocs, prescriptions d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, injections d’hormones, ou encore mariages forcés, séquestrations, privations de nourriture, coups et violences, viols, et même excision ». Comment mettre sur le même plan une retraite et un mariage forcé, ou bien une prescription d’anxiolytiques et une séquestration ? Sans compter que la plupart des actes cités sont déjà réprimés par le Code pénal. Ensuite, l’intitulé du nouveau délit est tellement flou qu’il ne répond pas aux critères de la loi pénale, voulant qu’une peine précise soit infligée en réponse à un délit clairement défini. En réalité, sous couvert de lutte contre l’homophobie, le gouvernement institue la théorie du genre dans le droit français. Cela par un texte dangereux à double titre, dont les premières victimes seront les enfants. […]

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Le wokisme, stade suprême de l’altruisme
Si le mouvement woke est américain, ses idées sont françaises. Elles ne viennent pas de Deleuze et Derrida, mais de plus loin encore : du positivisme d’Auguste Comte. Ce graphomane, dont la statue trône indûment sur la place de la Sorbonne, a inventé « l’altruisme » et l’a donné pour le sommet de la posture éthique : « Vivre pour autrui, écrivait Comte dans Système de politique positive, devient enfin la loi du bonheur autant que celle du devoir, d’après l’essor que la vie sociale procure aux inclinations où tous les individus concourent spontanément ». Cet altruisme falsifie la vie morale française depuis cent cinquante ans, car valoriser autrui, uniquement parce qu’il est un autre, escamote la véritable question morale, celle de la valeur réelle d’autrui, qui dépend de ses actes et de son caractère. De plus, un altruiste fait ainsi l’économie de la réelle et douloureuse introspection de sa valeur personnelle, en fonction des qualités objectives de générosité, de patience, d’amour et de justice. Il lui suffit de se croire « ouvert aux autres » pour s’absoudre tout péché. [...]
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L’Incorrect numéro 73

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