Vous avez écrit sur les tapisseries de la Dame à la Licorne, sur Le Caravage, et maintenant vous vous attaquez à Adrian Ghenie. Comment se fait-il que la peinture soit pour vous un tel moteur d’inspiration ?
Mon premier flash, pour moi qui suis Alsacien, ça a été le retable d’Issenheim que nous allions voir à Colmar, le dimanche, quand j’étais petit. Ça m’a obsédé et, adolescent, cela m’a mené vers Van Gogh et Bacon, qui ont peint des corps décomposés ressemblant à ceux de Grünewald, lequel a justement créé son retable pour un lieu où se trouvaient des pestiférés. Ce qui m’intéresse, c’est la peinture comme exorcisme. Quand j’écrivais sur Le Caravage, je prenais parfois un train le matin seulement pour aller à Milan passer quatre heures à écrire devant un tableau. C’était un grand plaisir de mobiliser du langage sur le chromatisme. Comment dire les couleurs ? C’est la chose la plus impartageable, puisque personne ne voit le même rouge ! Et puis pour moi, Le Caravage a peint les plus beaux bustes du Christ, si bien que même si on n’est pas croyant, face à ça, on est au bord de croire. Le Caravage, c’est à la fois Dionysos et le Christ. [...]
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