Le 16 septembre, la Maison blanche a publié une déclaration conjointe de l’Australie, du Royaume-Uni et des États-Unis annonçant une alliance trilatérale de sécurité sous l’acronyme AUKUS (Australie/UK/USA). S’appuyant sur leur tradition de puissances maritimes, les trois pays reforment l’anglosphère dont certains analystes anticipaient le retour à l’issue du Brexit. Le communiqué vise une coopération renforcée dans quatre composantes du domaine de la défense et de la sécurité : la science, la technologie, une base de production industrielle et des chaînes d’approvisionnement.
Ces objectifs sont complétés par un développement commun dans la maîtrise du cyberespace, l’intelligence artificielle, les technologies quantiques et les capacités d’intervention sous les mers. Le volet maritime du traité aura été fatal au contrat français avec l’Australie. Le communiqué stipule clairement que l’Australie doit se doter de sous-marins à propulsion nucléaire, et bénéficier de l’expertise américaine et britannique en la matière. L’Australie qui avait commandé à la France des sous-marins à propulsion diesel/électrique se voit incitée par ses alliés naturels à prendre la voie du nucléaire. Dans la foulée, des voix prônent même le développement de l’énergie nucléaire dans le pays.
Dès lors que seront concernés des sujets stratégiques pour les États-Unis, l’Union européenne et les nations qui la composent devront se rallier à un camp, se soumettre ou se démettre, comme aurait dit Léon Gambetta
Au-delà du camouflet infligé à Paris, cette nouvelle pose le problème de la puissance chinoise et des tensions grandissantes dans la zone indo-pacifique. L’administration Obama n’était pas intervenue quand la Chine a militarisé des récifs en mer de Chine et construit sept bases militaires sur les îles artificielles de l’archipel des Spratleys. L’administration Trump a renversé la table et l’administration Biden poursuit dans la même voie d’un « containment » de la Chine. On peut douter, dans ce contexte, que le multipolarisme convienne à Washington. Un monde bipolaire correspond davantage à une vision américaine du monde axée sur un affrontement idéologique et une certaine forme de messianisme démocratique. Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous… Dès lors que seront concernés des sujets stratégiques pour les États-Unis, l’Union européenne et les nations qui la composent devront se rallier à un camp, se soumettre ou se démettre, comme aurait dit Léon Gambetta. [...]
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