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Allons-nous mettre en danger notre vie privée pour enrayer la pandémie ?

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9 avril 2020

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La France s’apprête à imiter d’autres pays en recourant à une technologie numérique de traçage de nos déplacements et contacts pour lutter contre l’épidémie de coronavirus « sur la base du volontariat ». Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, était auditionné ce jour par la Commission des lois constitutionnelles de l’Assemblée nationale et s’est voulu rassurant devant une partie de la majorité s’inquiétant du danger de cet outil pour la protection de la vie privée.

 

« Le seul bénéfice est individuel », assure-t-il. « Vous saurez qui vous avez croisé dans les jours précédents et qui a depuis été testé positif au coronavirus. » Les données des utilisateurs seront “anonymisées” et inaccessibles pour qui que ce soit, “y compris pour le gouvernement“. L’application mobile de traçage baptisée « StopCovid » et pilotée par l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) devrait être prête d’ici « trois à six semaines ». Elle utilisera la technologie du Bluetooth, “qui ne permet pas de géolocaliser les personnes“, précise le secrétaire d’État. En effet, le Bluetooth permettrait à nos smartphones d’identifier des appareils à proximité (écouteurs, imprimantes…) mais ne recueillerait pas les données de géolocalisation. Cédric O explique que l’application « retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents ». Lorsque deux téléphones portables auront été à une distance rapprochée, chacun enregistrera les références de l’autre dans son historique, permettant d’être alerté si un cas positif se déclare.

 

Lire aussi : L’Union européenne, stop ou encore ?

 

Plusieurs questions se posent sur cette application supposée accompagner le déconfinement en vue d’éviter une nouvelle flambée de l’épidémie responsable de plus de 10 000 morts en France. Tout d’abord celle de son accessibilité. Si 80% des français sont équipés d’un smartphone, selon l’ancien secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi, seul 40% des personnes âgées en possèdent un. Ensuite, si comme l’assure Cédric O, l’application ne sera utilisée que sur la base du volontariat et pourra être « désinstallée à tout moment », l’efficacité de ce système reste à démontrer. En effet, d’après une étude de l’université britannique d’Oxford publiée dans la revue Science, une application de ce type peut aider à enrayer la propagation de l’infection à condition d’être utilisée par 60 % de la population. Au regard des nombreux débordements en banlieues depuis le début du confinement, la question de la coopération des individus de ces territoires, à la fois en termes d’utilisation de cette application et de respect de la mise en quarantaine si nécessaire, reste donc entière. Enfin, l’efficacité de ce système dépend de son couplage avec une campagne de dépistage massif. Même si le gouvernement annonce augmenter leur nombre dans les prochains mois, Édouard Philippe expliquait le jeudi 2 avril que la France effectuait actuellement 20 000 tests par jour. Pendant ce temps, l’Allemagne en est à 500 000 tests par semaine.

D’après une étude de l’université britannique d’Oxford publiée dans la revue Science, une application de ce type peut aider à enrayer la propagation de l’infection à condition d’être utilisée par 60 % de la population.

Les Français sont-ils d’accord avec cette politique de traçage ? Majoritairement oui, si l’on en croit une étude Harris Interactive pour la chaine LCI : 6 à 10 sont prêts à l’accepter pour sortir du confinement, à condition que les données restent protégées. En Allemagne, l’autorité de la santé publique a lancé ce mardi une application de « surveillance intelligente », qui permettra de détecter les potentiels cas de coronavirus à partir du pouls, de la température corporelle et des habitudes de sommeil de détenteurs volontaires de bracelets connectés.

 

Cependant, si l’utilisation de ces données numériques pourrait, en effet, se révéler une aide précieuse dans la lutte contre la pandémie, le déploiement progressif de cette surveillance généralisée reste lui aussi à surveiller, ce que rappelle le professeur d’histoire et auteur de Sapiens : une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari dans son interview au Financial Times : « La technologie de surveillance se développe à une vitesse fulgurante. Dans le cadre d’une réflexion, imaginez qu’un gouvernement fictif requiert chaque citoyen de porter un bracelet biométrique mesurant la température corporelle et le rythme cardiaque 24h/24. Ces données sont stockées puis analysées par les algorithmes du gouvernement. Ces algorithmes sauront que vous êtes malades avant même que vous ne le sachiez ; ils sauront également où vous êtes allé et avec qui vous avez été. La chaîne de transmission pourrait être ainsi drastiquement réduite voire même enrayée complètement. Un tel système pourrait probablement mettre un terme à l’épidémie en quelques jours. Cela parait merveilleux, n’est-ce pas ? » Et de s’interroger sur l’avènement d’un « système de surveillance terrifiant » qui, sous prétexte d’impératif sanitaire temporaire, sera installé en permanence.

 

En attendant l’arrivée de l’application de traçage en France, Sibeth Ndiaye, après avoir dit tout et son contraire, souhaite commencer par limiter la liberté d’expression sur internet en vue de mener la « lutte contre les fausses informations et les contenus haineux, en forte hausse » car « La bonne information et la protection de tous sont notre priorité ». Merci Sibeth !

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