C’était à Gizeh, le 24 décembre 2016, dans les faubourgs du Caire : le maréchal-président al-Sissi, assistant à l’inauguration d’une usine de produits chimiques expliquait que l’implication des forces armées égyptiennes dans l’économie nationale « variait entre 1,5 et 2 % ». Une affirmation rapide et impudente pour répondre aux nombreuses accusations contre le pouvoir économique de l’armée dans le pays, sujet récurrent. Naguib Sawiris, l’homme le plus riche d’Égypte, estime par exemple que l’ins - titution militaire contrôlerait 40 % de l’économie nationale, tandis que Transparency International et le Washington Post avancent le chiffre de 60 %. Les chiffres oscillent entre 5 et 40 % du PIB – ce qui n’a d’autre mérite que d’illustrer la grande opacité qui règne autour du rôle de l’armée égyptienne.
L’institution militaire est présente même là où on l’attend le moins, jusque dans les épiceries : les Égyptiens peuvent ainsi acheter des pâtes de la marque Queen, de l’huile d’olive de la marque Sina, de l’eau de la marque Safi, toutes aux mains de l’armée. Un pouvoir économique immense loin de s’arrêter aux fruits et légumes : ce sont aussi routes, hôpitaux, écoles, sociétés de nettoyage, hôtels de bord de mer qui sont passées aux mains des militaires dans les dernières décennies. Pourrait-il en être autrement alors qu’ils gouvernent le pays depuis 1952 ? [...]
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