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Érik Tegnér, Marion Maréchal : Aurélien Pradié s’explique

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Publié le

13 décembre 2019

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Aurélien Pradié est un membre parmi les plus remuants de la jeune garde LR. C’est lui qui était à la manoeuvre pour exclure Érik Tegnér. Devant la polémique qui secoue son parti, il s’explique dans L’Incorrect.

 

Quand avez-vous décidé de lancer la procédure d’exclusion contre Érik Tegnér et pour quels motifs ?

 

Concernant la procédure, la décision initiale vient de deux militants LR qui nous envoient un courrier. Ils s’y plaignent de voir Érik Tegnér se présenter sur les plateaux de télévision comme militant LR, y passer son temps à expliquer que LR n’avait aucun avenir, et que la seule issue devait être l’union des droites autour de Marion Maréchal. Ils signalent aussi le fait qu’il était l’organisateur de la « Convention de la droite » lors de laquelle il avait affirmé qu’il fallait mettre fin à l’existence des Républicains. Nous avons considéré qu’une personne qui organise une convention pour expliquer que LR ne devrait plus exister n’a plus grand chose à faire chez LR. C’est logique.

 

Lire aussi : Érik Tegnér exclu des LR : les coulisses de son éviction

 

C’est le comité stratégique de LR qui examine le cas d’Érik Tegnér et conclut qu’il faut lui redonner sa liberté. Tout le monde est d’accord, le seul qui manifeste son mécontentement est Guillaume Larrivé. Julien Aubert ne s’exprime pas ce jour-là. Conformément aux statuts de LR, Érik Tegnér est reçu à sa demande par le Secrétaire général, c’est-à-dire moi-même, de manière collégiale pendant une heure et demie.

 

Tout le monde est d’accord, le seul qui manifeste son mécontentement est Guillaume Larrivé. Julien Aubert ne s’exprime pas ce jour-là.

 

Contrairement à ce qu’il a pu dire, on n’en est pas venu aux mains [ C’est un verbatim ironique interprété au premier degré par Ivanne Trippenbach, dans un article de L’Opinion du 10 décembre, NDLR ] et la discussion s’est engagée de manière très sereine entre nous. À la fin, il m’a proposé un deal : il était prêt à se taire pendant des mois, à ne plus exprimer sa position publiquement, à ne plus aller sur les plateaux de télévision, à se faire selon ses termes « tout petit » pour rester chez LR. Il était d’ailleurs prêt à signer un engagement écrit à ce sujet. J’ai tout de suite décliné sa proposition en lui expliquant que je n’étais pas là pour l’empêcher de parler mais pour qu’il ne le fasse plus au nom de LR.

 


Qu’en est-il d’un élu comme Xavier Breton qui a participé à la « Convention de la droite », mais aussi de François-Xavier Bellamy qui l’a défendu ? Sont-ils concernés par ce changement de ligne rouge ?

 

François-Xavier Bellamy n’a jamais défendu monsieur Tegnér. Je vous mets au défi de trouver une de ses déclarations à ce sujet.

 

Il y a son intervention sur Public sénat.

 

Réécoutez-le. Monsieur Bellamy n’a aucune estime particulière pour monsieur Tegnér. Il a discuté de la question de la procédure d’exclusion, pas du tout d’un soutien à Érik Tegnér. Moi j’ai vu François-Xavier Bellamy, je peux vous assurer qu’il n’a rien en commun avec Érik Tegnér. Vous lui poserez la question mais je vous mets au défi de lui faire dire son soutien.

 

Voici la vidéo François-Xavier Bellamy sur public Sénat : il est question de E. Tegnér à partir de 50 minutes.

 

Par ailleurs, au sujet de Xavier Breton, il y a une petite différence qui n’est pas des moindres : Xavier Breton a eu un jour les couilles d’être candidat à une élection. Ce n’est pas tout à fait le cas de monsieur Tegnér. Xavier Breton est député, pas twittos. Il n’a pas une légitimité twitter mais une légitimité électorale. Ce qui lui donne un poids différent de monsieur Tegnér, qui n’a pas eu le courage de se présenter à une élection et encore moins d’en gagner une. Quand à Xavier Breton, il n’a pas été l’animateur de la « Convention de la droite ». Il a simplement été présent, et j’ai écouté ses propos : rien ne dit qu’il faut faire disparaître les Républicains, là où monsieur Tegnér, et c’est son droit le plus strict de le penser, assume et théorise le fait qu’il faut faire disparaître les Républicains. Moi je pense que c’est une erreur stratégique fondamentale. Quoi qu’il en soit, il a le droit de le penser mais pas de le dire au nom des Républicains.

 

Concernant le fond, ce qui lui est reproché est de promouvoir des alliances avec le Rassemblement national. Or, des alliances se préparent avec La République en marche pour les municipales et ça n’a pas l’air de poser de problème. Alors, c’est la logique d’alliance que vous condamner ou que ces alliances se fassent à droite ?

 

J’aimerais que l’on soit clairs. Qu’on me parle de situation précise. Tout ceci commence à me gonfler légèrement : je veux bien qu’on me dise que les militants ne sont pas d’accord avec cette décision. Mais les militants ont été interrogés à deux reprises. Je parle des vrais militants, ceux du terrain, pas ceux qui me traitent d’enculé ou de fils de pute à longueur de journée depuis quelques jours. Les vrais militants, on les a eus en conseil national. Les membres du conseil national qu’on a réuni il y a quelques jours, ce ne sont pas de faux gens. Ce sont des délégués de circonscription, les conseillers nationaux, ce sont des vrais gens élus par de vrais gens : de vrais militants.

 

 

Lors de ce conseil national, une militante a posé la question de monsieur Tegnér. J’y ai répondu clairement : c’est la séquence qui a été la plus applaudie par tous. La plus applaudie par les cinq cent conseillers nationaux qui étaient présents. Quand on me dit que les militants ne sont pas d’accord, la preuve inverse a été faite lors du conseil national. De la même manière, à la fédération de Paris : on m’a expliqué que les militants présents dans la salle allaient tous être extrêmement hostiles à l’exclusion de monsieur Tegnér. Il y a eu trois votes contre. Tout le monde a voté pour. Et pas une seule question n’a été posée, pas un seul militant ne s’est levé pour dire « je ne suis pas d’accord ». Il y a ce qu’on dit et ce qui est.

Sur le fond, il y a une chose simple. Aujourd’hui il y a deux choix stratégiques. Le premier, que je ne partage pas mais que je respecte, est de dire que la droite républicaine n’a pas d’avenir. Son seul avenir est de se fondre dans un bloc des conservateurs. Cette stratégie-là, opposer progressistes et conservateurs, est un piège qui a été conceptualisé par Emmanuel Macron. Et donc je dis à tous ceux qui veulent ne devenir que des progressistes ou que des conservateurs, qu’il sont en train de faire le jeu d’Emmanuel Macron. L’union des droites rend service à Emmanuel Macron. Et on peut avoir une divergence de fond, mais moi je pense qu’il faut lutter contre la bipolarisation conservateurs-progressistes, parce que c’est la meilleure assurance pour Emmanuel Macron. C’est pourquoi je combats autant les pseudo-progressistes que les pseudo-conservateurs. : parce que ça ne veut rien dire.

 

Ç’a le mérite d’être clair, mais est-ce que dans ce paradigme, la direction dont vous faites partie va t-elle interdire les alliance avec En marche ? Parce que je vois difficilement comment une alliance avec En marche peut ne pas faire le jeu d’Emmanuel Macron.

 

Où avons-nous signé une alliance avec LREM ? Il ne s’agit que de rumeurs, et je me contrefiche des rumeurs.

 

Il n’y aura donc pas d’alliances municipales avec LREM ?

 

Évidemment que non. Je voudrais vous dire deux choses : le jour où on a exclu M. Tegnér, et ça personne ne le dit, nous avons aussi suspendu l’investiture d’une candidate à la mairie de Fréjus. Pourquoi ? Il y a plusieurs semaines, LR avait donné l’investiture à une candidate, et nous avons appris il y a quelques jours que cette candidate avait sur sa liste un député LREM. Je veux bien que M. Tegnér essaie de jouer à la victime ou au héros, mais on traite tout le monde de la même manière. Nulle part nous n’avons fait d’alliance de parti avec LREM, comme nulle part nous n’en ferons avec le RN. Pour nous, ces deux blocs sont des poisons. Il n’est donc pas question de rentrer dans ce jeu-là. Je veux bien qu’on trouve un seul endroit où on a signé un accord avec les uns ou avec les autres.

 

https://twitter.com/MagLincorrect/status/1205105372882755585

 

Je veux par ailleurs dire une chose. J’ai été élu il y a dix ans dans le Lot, dans une terre de gauche, à vingt-et-un ans. Pendant dix ans, j’ai été la cible des attaques très dures de la gauche locale. Le choix de la facilité aurait été de devenir centriste, radical de gauche ou socialiste. Le choix de la facilité pour être élu aux dernières législatives aurait été de prendre l’étiquette LREM. J’ai été élu face à un candidat En Marche. Jamais je n’ai caché mon étiquette politique, jamais.

Je reconnais que quand je reçois des leçons d’héroïsme politique d’individus qui sont passés de Calmels à Marion Maréchal, ça me fait doucement rire. Le jour où M. Tegnér aura été aussi fidèle à une famille politique dans une terre hostile comme le Lot, alors je voudrai bien recevoir des leçons.

 

– Il n’y aura donc pas d’alliances municipales avec LREM ?

– Évidemment que non.

 

Si j’ai transigé à un seul moment, qu’on me le dise. Depuis deux ans à l’Assemblée Nationale, je suis un des plus farouches opposants à LREM. Une dernière chose à dire : nous avons une différence importante avec M. Tegnér, moi je n’ai jamais appelé à voter pour Emmanuel Macron. Jamais. Ce qui n’est pas son cas. Donc les leçons de morale qui viennent de héros qui sont en fait des héros de pacotille, ça va bien deux minutes.

 

Pourquoi avez-vous posé à Érik Tegnér une question sur le financement de la « Convention de la droite » ? Était-ce très à propos ?

 

Ce n’était pas une question sur le financement de la « Convention de la droite ». Je lui ai demandé s’il avait des liens matériels quelconques avec le RN ou avec Marion Maréchal. Par contre, nous lui avons posé la question de la manière dont il avait financé le lancement de son micro-parti Racines d’Avenir. Il a d’ailleurs répondu de manière très vague en disant qu’il était financé par des associations. En tout cas mon propos ne portait pas du tout sur la « Convention de la droite ».

 

Quelle est la stratégie à plus long terme de votre parti ? Vous avez demandé à M. Tegnér s’il pourrait voter pour François Baroin en 2022 : est-il acté que ce dernier représentera LR pour ce scrutin ?

 

M. Tegnér a légèrement modifié ce que je lui ai dit, de bout en bout d’ailleurs. La première question que je lui ai posée est la suivante : dans le cas où vous auriez à choisir entre un candidat Les Républicains et Madame Marion Maréchal, qui choisirez-vous ? Il n’a pas voulu répondre à cette question. Il nous explique donc clairement que s’il avait à choisir entre un candidat LR et Madame Marion Maréchal ou Marine Le Pen, parce que j’ai parlé des deux, il ne savait pas choisir. C’est son droit le plus strict, mais simplement c’est quand même un peu compliqué de garder dans sa propre famille politique quelqu’un qui veut vous saboter.

 

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Quand je lui ai posé cette question-là, il m’a répondu que Marion Maréchal n’était pas candidate, ce qui rendait cette question théorique. Je lui ai donc répondu : « puisqu’on est sur des sujets théoriques, je vous pose deux questions qui sont des cas d’école, qui sont théoriques : imaginez que François Baroin soit candidat. Étant donné qu’il n’est pas candidat aujourd’hui, c’est donc un cas théorique. Est ce que vous voteriez pour lui ? » Il m’a répondu non. J’ai posé la même question pour Valérie Pécresse et pour Xavier Bertrand, comme ça les choses étaient larges. Sa réponse a été non aussi. Je ne lui ai pas parlé que de François Baroin.

J’insiste sur une chose que je crois capitale. Je veux lutter contre l’inversion des valeurs. Aujourd’hui, la lâcheté, la fainéantise intellectuelle, c’est de vouloir être ou progressiste ou conservateur. Aujourd’hui la lâcheté c’est de se jeter dans les bras d’Emmanuel Macron ou de se jeter dans les bras de Marion Maréchal. Ça c’est de la lâcheté, c’est de la lâcheté parce que c’est refuser, de construire une autre voie. Qui est certainement plus compliquée à construire sûrement mais qui est indispensable. Le courage aujourd’hui, c’est de reconstruire Les Républicains, tout comme le courage aujourd’hui pour le Parti Socialiste, c’est de vouloir reconstruire la gauche et de refuser de se fondre dans le bloc progressiste.

 

Je reconnais que quand je reçois des leçons d’héroïsme politique d’individus qui sont passés de Calmels à Marion Maréchal, ça me fait doucement rire. Le jour où M. Tegnér aura été aussi fidèle à une famille politique dans une terre hostile comme le Lot, alors je voudrai bien recevoir des leçons.

 

Il y a une espèce d’inversion des valeurs dans notre pays, où on fait passer les gens qui basculent vers les progressistes ou les conservateurs pour des gens courageux alors que ce sont des lâches, tandis que que ceux qui veulent rebâtir une identité politique entre ces deux voies-là, mortifères, sont véritablement les gens qui ont un peu de courage. Peut être que je réussirai, ou pas, je n’en sais rien, peut-être pas, peut-être que je me trompe. Mais c’est pour ça que j’ai proposé à monsieur Tegnér ceci : se revoir dans un an. Dans un an, on verra qui a eu raison et on tirera les conséquences de tout ça.

 

Le créneau d’une offre politique hybride entre les progressistes et les conservateurs n’est-il pas déjà préempté par Emmanuel Macron ?

 

C’est un peu votre problème, il faut faire un petit effort intellectuel pour ne pas basculer ni chez Emmanuel Macron ni chez les conservateurs. Ça fait des décennies que notre pays vit la politique autrement qu’à choisir entre deux blocs. C’est quand même fou qu’on en soit réduits aujourd’hui à une démocratie qui devrait choisir entre « un machin progressiste » et un « machin conservateur ». Ça ne veut rien dire les progressistes et ça ne veut rien dire les conservateurs. Absolument rien. Donc je ne veux pas rentrer dans un des deux moules, je ne me suis pas engagé en politique pour ça, pour l’un de ces deux moules intellectuellement stérilisants. C’est une faiblesse d’employer les mots conservateurs et progressistes, ce sont des mots qui sont creux, qui sont vides de sens.

Là où il y a un chemin qui n’est ni utilisé par Marion Maréchal ni par Emmanuel Macron, c’est la voie d’une droite qui est capable d’être ferme, de faire preuve d’autorité et qui est capable d’être juste. Cette notion de justice c’est une notion qu’Emmanuel Macron n’utilise pas et que l’extrême droite n’utilise pas non plus. On a un chemin ! Il est sûrement plus difficile à construire, mais moi je préfère faire des choses difficiles que céder aux choses faciles.

 

Propos recueillis par Louis Lecomte

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